Abahebera : des plateaux du Burundi aux plaines de la Saskatchewan

Le groupe Abahebera de Regina le 10 septembre 2022
Photo : Radio-Canada / Frédérique Cyr Michaud
Les tambours du groupe Abahebera résonnent tous les samedis à Regina lors de ses répétitions. Le groupe est l’un des deux seuls au Canada à battre du tambour burundais, instrument inscrit depuis 2014 à la liste du patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
Du temps de la monarchie au Burundi, les tambours jouaient plusieurs rôles. Ils étaient utilisés pour annoncer de grands événements de la cour, comme les funérailles des souverains, explique Renord Nsekera, fondateur du groupe.
Aujourd’hui, les tambours burundais, dont l'exploitation commerciale est interdite, sont utilisés à plusieurs occasions par des musiciens qui créent leurs propres rythmes, tout en conservant le caractère sacré de l’instrument et son identité culturelle.
« Le tambour symbolise le pouvoir. On dit "ingoma" [en kirundi] pour parler du tambour. On pouvait [aussi] dire "ingoma de tel", ce qui veut dire "le pouvoir de tel". »
Battre le tambour de tout son coeur
Battre les tambours, c’est pour bien plus que la musique que l’on crée, soulignent les membres du groupe Abahebera. Le fondateur et chef du groupe, Renord Nsekera, explique que c’est une façon pour le groupe de garder plusieurs aspects de sa culture d’origine vivante.
Renord Nsekera est fier de montrer à ses confrères ainsi qu'à la communauté fransaskoise les bases de l'art d'être tambourinaire, ainsi que d'aider à trouver la relève du groupe.
À écouter :
Une fierté bien au-delà de la culture
La plus grande fierté pour le trésorier de la Communauté burundaise de Regina (BCR Inc.) et tambourinaire Valéry Mucowintore est d'avoir pu initier son fils à cette partie importante de sa culture.
Bien qu'il n'ait appris à battre le tambour qu'une fois les instruments arrivés à Regina, Valéry les a entendus souvent lorsqu'il habitait toujours au Burundi.
Le tambourinaire Andy Mucowintore, qui jusqu'à tout récemment était le plus jeune tambourinaire du groupe, est bien heureux de pouvoir battre le tambour avec son père. Depuis la fin des restrictions liées à la pandémie, il incarne un nouveau rôle au sein du groupe : celui de trouver des nouveaux membres afin de transmettre la culture du tambour burundais chez les plus jeunes.
Depuis sa fondation, le groupe Abahebera a un objectif bien précis, celui de partager sa musique avec tous. C'est en fait grâce à un partenariat entre le Conseil des écoles fransaskoises et BCR Inc.
que les tambours ont pu se rendre jusqu'à Regina en 2019.À lire aussi :
Apprendre à battre le tambour à tout âge
Jean De Dieu Ndayahundwa trouve qu'il est important de pérenniser la culture du tambour burundais, surtout auprès de la plus jeune génération née au Canada.
Le tambourinaire et responsable du groupe a appris à battre du tambour burundais à presque 50 ans. Il rappelle que c'est un art qui prend beaucoup de dextérité et de force.
« On joue le tambour sur la tête à un moment donné. Un tambour pèse en moyenne 23 à 30 kilos. [...] On fait aussi trois choses à la fois : on danse, on joue du tambour et puis on chante »
C'est cette agilité qui pour Jean De Dieu Ndayahundwa a été le plus grand défi dans son apprentissage.
Le groupe Abahebera composé de 16 tambourinaires vivant à Regina, mais originaires du Burundi, un petit pays d'Afrique centrale, commence à se faire connaître dans la communauté artistique de l’Ouest.
En ouvrant les bras à la communauté fransaskoise en général et en trouvant de nouveaux membres, Abahebera espère réussir son objectif de transmettre l’apprentissage du tambour et de continuer à faire vibrer sa communauté.