5 jours sans électricité à Saint-Raymond : le récit de sinistrés

Aimé Dupuis, un résident de Saint-Léonard-de-Portneuf.
Photo : Radio-Canada / Magalie Masson
Une bonne dizaine de personnes est rassemblée dans le centre multifonctionnel Rolland-Dion à Saint-Raymond. Depuis la tempête du 23 décembre, il a été transformé en refuge et en dortoir. Certains y dorment, d’autres y sont de passage.
Vendredi matin, la ville en entier a été plongée dans le noir et ils sont encore près de 1600 clients à ne pas avoir retrouvé le courant, en fin de journée mardi.

Le centre multifonctionnel Rolland-Dion à Saint-Raymond permet aux résidents sans électricité de recharger leurs appareils électroniques, de prendre une douche chaude et de manger un repas.
Photo : Radio-Canada / Magalie Masson
Ça fait cinq jours qu’on n’a pas d’électricité, donc on bourre les poêles à bois pour pas que la plomberie pète. Jamais en 35 ans qu’on habite ici, on n'a vu une panne d’électricité durer aussi longtemps
, relate une résidente du secteur de Rivière-à-Pierre, Élise Juneau.
Le maire de Saint-Raymond Claude Duplain a d’ailleurs beaucoup déploré le manque de communication d’Hydro-Québec, qui a mis une journée et demie avant de donner des informations sur la situation.

Depuis le 26 décembre, la Croix-Rouge porte assistance aux résidents privés d'électricité au centre multifonctionnel.
Photo : Radio-Canada / Magalie Masson
« J’ai eu la peur de ma vie »
Ce n’est pas tout le monde qui avait la chance de pouvoir se chauffer au bois. Un autre résident, Aimé Dupuis, dit y avoir presque laissé sa peau. Quand je suis arrivé hier, j’étais entre la vie et la mort. Il faisait -10 dans la maison, j’aurais pu mourir
, admet-il.
C’est finalement sa cousine qui a dû le convaincre de partir et de chercher de l’aide. J’avais comme idée de ne pas venir ici, j’étais comme perdu, j’étais en hypothermie
, avoue Aimé Dupuis.
Il y a beaucoup de personnes âgées dans le coin. Il faudrait qu’il y ait du monde qui se rende jusqu’à Rivière-à-Pierre pour aller voir si tout le monde est correct, parce que les chemins n’étaient pas toujours praticables.
Aimé Dupuis, lui, est bien conscient qu’il ne pourra pas rentrer chez lui avant que le courant ne soit rétabli. J’en ai vu, des tempêtes, mais je n’en ai jamais vu des comme ça
, ajoute l’homme de 72 ans.

Une partie du centre multifonctionnel Rolland-Dion a été transformée en dortoir.
Photo : Radio-Canada / Magalie Masson
Isabelle Prince habite avec sa mère paralysée des jambes. Elle n’a pas perdu de temps pour demander de l’aide quand la panne a frappé. Quand on a manqué d’électricité, j’ai demandé à être évacuée. La police est venue et a tout déneigé la rampe de ma mère jusqu'à l’entrée
, raconte-t-elle.
Toute la communauté s’est rapidement mobilisée pour les aider. Le directeur de la Ville, le maire et la police m'appelaient trois à quatre fois par jour pour savoir comment ça allait. Ils se sont organisés avec un hôtel pour nous héberger gratuitement et avec le CIUSSS pour que ma mère puisse au pire dormir à l'hôpital
, souligne Isabelle Prince.
Tout ce qu’ils ont fait pour nous, je n'ai jamais vu ça de ma vie.
Malheureusement, sa mère est incapable d’aller à l’hôtel, elles habitent donc dans l’auto depuis les derniers jours. C’est correct, on prend ça comme une aventure. On prend ça positivement, on n’a pas le choix, il faut en sourire et il faut en rire
, dit-elle avec philosophie.
Des leçons à tirer
Les résidents interrogés croient qu’ils devront attendre encore avant de retrouver l’électricité. Quand je téléphone au numéro des pannes d’Hydro-Québec, ils disent qu’on va retrouver l’électricité ce soir [mardi], mais j'en doute parce qu’il y a beaucoup de dommages
, remarque Isabelle Prince.

Les vents ont fait des ravages dans le secteur de Saint-Raymond à Portneuf. Plusieurs arbres ont endommagé les infrastructures électriques.
Photo : Radio-Canada / Magalie Masson
Même son de cloche du côté d’Élise Juneau : On ne sait pas combien de temps ça va durer, ils viennent de rallonger ça à 19 h ce soir
.
Depuis la tempête, elle fait le tour de trois maisons pour alimenter les poêles à bois : la sienne, celle de son conjoint et celle de sa mère.
Elle se promet d’acheter une génératrice pour être mieux préparée à l’avenir. J'ai été magasiner ce matin [mardi], mais ils sont en rupture de stock partout à Québec
, annonce Élise Juneau.
Au-delà de ce qu’elle peut faire personnellement pour être davantage prête, elle déplore aussi l’absence de réseau cellulaire dans le secteur de Rivière-à-Pierre. M. Legault a dit qu’il allait brancher tout le monde, mais on est en 2022 et ce n’est pas fait
, souligne-t-elle.
Élise Juneau espère que l’événement fera bouger le dossier.
D'après les informations de Magalie Masson