Regard sur 2022 : COVID-19, climat et alzheimer dans la mire des scientifiques
Plusieurs avancées scientifiques ont marqué l'année dans la région de Québec.

La COVID-19, les changements climatiques et l'alzheimer : trois secteurs importants de la recherche à Québec.
Photo : Radio-Canada / Olivia Laperrière-Roy
Québec est une ville foisonnante dans le domaine scientifique avec l’Université Laval et plusieurs autres centres de recherche sur son territoire. En 2022, trois sujets d'étude – la COVID-19, les changements climatiques et l'alzheimer – se sont dégagés de la recherche faite dans la région.
COVID, vaccination et époque pandémique
Il est impossible en 2022 de ne pas revenir sur l’actualité scientifique sans aborder le sujet de la COVID-19. Au début de l’année, l’hésitation vaccinale a défrayé les manchettes avec les manifestations contre les mesures sanitaires et l’obligation de se faire vacciner pour les voyageurs.
Au cœur de l’hésitation et le refus de se faire vacciner, il y a tout un mouvement social. L’anthropologue de l’Université Laval, Ève Dubé est devenue une référence au pays pour analyser ces comportements et cette méfiance.
En octobre, elle s’est d’ailleurs fait attribuer la Chaire IRSC en santé publique appliquée sur l'anthropologie des enjeux de la vaccination INSPQ-ULaval.
Son objectif sera de mieux comprendre les facteurs individuels, sociaux, culturels ou structurels qui font en sorte qu’une personne hésite ou refuse de se faire vacciner. Pour se faire, Mme Dubé et son équipe bénéficieront d'une subvention de 1,1 million de dollars sur cinq ans des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
Au-delà des phénomènes sociaux, 2022 aura aussi servi à étendre les connaissances scientifiques sur la maladie elle-même. Et les chercheurs du Québec y auront aussi contribué.
Le professeur Jérôme Estaquier, de la Faculté de médecine de l'Université Laval, et son équipe ont montré que le virus SRAS-CoV-2 qui cause la COVID-19 entraîne la mort de cellules immunitaires qui luttent contre l’infection.
Le chercheur en immunologie au Centre de recherche du CHUapoptose
.
Selon l’étude publiée dans Cell Death & Differentiation (Nouvelle fenêtre), le déficit immunitaire au moment de l’hospitalisation des patients est lié à la sévérité de la maladie.
Certains mystères entourant la COVID longue ont aussi été quelque peu élucidés. Les caractéristiques du syndrome ne sont pas encore tout à fait définies, mais environ 15 % des adultes qui ont contracté la maladie en souffrent.
Le professeur à l'École de psychologie de l'Université Laval, Charles Morin, et son équipe ont planché sur une large étude (Nouvelle fenêtre) internationale liant la COVID longue aux problèmes de sommeil.
Ensemble, ils ont trouvé que 47 % des répondants de l’étude atteints de COVID longue ont des symptômes de l’insomnie. Après la fatigue et les faiblesses musculaires, les problèmes de sommeil arrivent au troisième rang des symptômes les plus fréquents de cette forme de la maladie.
Changements climatiques : s’adapter à ce qui s’en vient
Après la pandémie, les changements climatiques arrivent rapidement au sommet de la liste des enjeux importants des prochaines années.
À mesure que les événements météo extrêmes continueront à augmenter, la résilience et l’adaptation des infrastructures et de l'aménagement urbain sont projetées au centre des développements scientifiques. Dans la dernière année, Bruno Marchand et plusieurs autres premiers magistrats en ont fait un de leurs principaux chevaux de bataille.
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À Québec, plusieurs chercheurs du Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) travaillent aux enjeux concernant l'adaptation des villes aux changements climatiques, notamment en s'intéressant aux problématiques d'érosion des côtes et aux inondations. Parfois, ils ont recours à des outils impressionnants pour réaliser leurs recherches.
Les professeurs Jacob Stolle et Damien Pham Van Bang sont responsables d’un canal de 120 mètres de longueur en plein cœur de Québec qui permet entre autres de simuler de grandes vagues et leurs effets sur les côtes. Ils peuvent ainsi explorer différents moyens plus naturels et durables (Nouvelle fenêtre) de limiter les dégâts de l'érosion.
En travaillant avec la nature plutôt que contre elle, ils élaborent des méthodes mieux adaptées à l’évolution et à la transformation du climat.
Un autre aspect de la vie municipale qui est menacé par la crise climatique, c’est celui de l’eau potable. Les étés chauds et secs font baisser les niveaux des cours d’eau et, inversement, les inondations menacent de les contaminer.
La professeure de l’INRS Geneviève Bordeleau mène d’ailleurs un projet de recherche (Nouvelle fenêtre) pour augmenter la protection et la résilience de la gestion des prises d’eau potable en cas d’inondation. Les résultats pourront servir pour prendre des décisions sur tout le territoire québécois.
Alzheimer et vieillissement de la population
Le vieillissement de la population amène lui aussi son lot de défis avec une pression accrue sur le système hospitalier et une augmentation de certains troubles de santé. Par exemple, près de 564 000 Canadiens sont actuellement atteints d’alzheimer ou d’une maladie apparentée, et dans 15 ans, ils seront 937 000, selon les estimations de la Société Alzheimer du Canada.
Beaucoup de recherches sur la maladie se font à Québec, tant pour élucider ses causes que pour développer des traitements. Parmi les pistes thérapeutiques mises à l'essai, le professeur Jacques P. Tremblay et son équipe du Centre de recherche du CHU
de Québec-Université Laval s’intéressent à celles impliquant la génétique.Grâce au fameux ciseau moléculaire CRISPR, ils sont parvenus à modifier le génome de cellules in vitro pour introduire un gène de protection contre l’alzheimer.

L’animateur du Téléjournal Québec Bruno Savard en entrevue avec Jacques Tremblay, professeur au département de médecine moléculaire à la faculté de médecine de l’Université Laval.
Photo : Radio-Canada
Ce genre de recherche est vraiment à la fine pointe des développements scientifiques dans le domaine. De son côté, Frédéric Calon, un autre chercheur du Centre de recherche du CHU
, explore les traitements existants.Cet automne, son équipe et lui ont publié des résultats liant la résistance du cerveau à l'insuline, aux plaques amyloïdes, un des principaux signes de la maladie. Cette découverte ouvre la porte à tout l’arsenal thérapeutique du diabète et d’autres maladies métaboliques qui pourrait aider au traitement du trouble neurocognitif touchant 110 000 personnes au Québec.
La recherche sur la maladie a tout de même dû faire face à une certaine controverse dans la dernière année. La prestigieuse revue Science (Nouvelle fenêtre) a examiné des données à la base d’une étude phare sur la maladie d'Alzheimer publiée en 2006. Certaines images de l’article auraient été modifiées.
La communauté scientifique s’est tout de même montrée rassurante quant à la portée réelle de cette controverse sur la recherche des 15 dernières années et des prochaines.