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Pêche au homard des Autochtones : 7000 casiers saisis en deux ans

Un homard.

Des tensions persistent en Nouvelle-Écosse autour du droit de pêche des Autochtones malgré les progrès réalisés ces dernières années (archives).

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Radio-Canada

Des agents du ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO) ont saisi plus de 7000 casiers à homard en Nouvelle-Écosse en 2 ans, c’est-à-dire depuis qu’une communauté autochtone de la province a entrepris une pêche autogérée en vertu des traités et qui se déroulait hors de la saison réglementée.

Le ministre a confirmé ces derniers jours qu’il avait saisi près de 2000 casiers à homard en 2022 seulement, ce qui démontre que les tensions entre le fédéral et certains groupes de pêcheurs autochtones se poursuivent malgré les efforts du ministère pour les apaiser.

Des non-Autochtones coupent nos cordages et le MPO confisque nos casiers, déplore le directeur des pêches de la communauté autochtone de Membertou, Hubert Nicholas.

Les non-Autochtones nous ont permis de pêcher pour quelques jours [en 2020], mais chaque fois que quelqu’un a déposé un casier à la mer, la corde a été coupée. Nous avons entendu dire que quelqu’un a braqué une arme à feu sur une autre personne ici il y a à peine quelques mois, affirme M. Nicholas.

Le MPO a resserré sa surveillance dans la région pour veiller à faire respecter les règles, selon Tim Kerr, directeur de la conservation et de la protection au ministère dans les Maritimes. Il ajoute que les agents de pêche informent aussi les pêcheurs non autochtones des droits issus des traités.

Tensions autour d'une première pêche autogérée

Les tensions en Nouvelle-Écosse ont éclaté en septembre 2020 lorsque la communauté autochtone de Sipekne'katik a lancé sa propre pêche autogérée. Des pêcheurs non autochtones ont dénoncé le fait que cette activité se déroulait hors de la saison de pêche régulière.

Des pêcheurs groupés sur un quai.
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Des pêcheurs autochtones et non autochtones se font face sur le quai de Saulnierville, en Nouvelle-Écosse, le 18 septembre 2020 (archives).

Photo : Radio-Canada / Geneviève Normand

Il y a eu des tensions sur la mer, des manifestations et des émeutes devant deux viviers à homard, dont l’un qui a été incendié. Plusieurs personnes ont été accusées à la suite de ces événements. Mike Sack, ancien chef de Sipekne'katik, a lancé une poursuite contre la GRC et certains pêcheurs.

Un droit issu des traités

La Cour suprême du Canada a reconnu en 1999, dans la décision Marshall, que les communautés mi’kmaw, malécites et passamaquoddy de l’est du Canada ont un droit de chasse, de pêche et de cueillette à des fins de subsistance convenable.

La Cour suprême a établi deux mois plus tard que ce droit de pêche issu des traités est soumis à la réglementation fédérale. Cette précision est au coeur des arguments des pêcheurs non autochtones.

La ressource est suffisante pour tous si nous nous concentrons sur la conservation avant tout et non sur la politique, affirme le président de l’organisme Unified Fishery Conservation Alliance, Colin Sproul, lui-même un pêcheur de longue date. Nous appuyons une ressource, une pêche et un cadre de gestion.

Un bateau prend la mer devant des gens sur la terre ferme.
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Des pêcheurs de la communauté autochtone de Sipekne'katik quittent le quai de Saulnierville en Nouvelle-Écosse (archives).

Photo : La Presse canadienne / Andrew Vaughan

Depuis la décision Marshall, le gouvernement fédéral a dépensé plus de 630 millions $ pour intégrer des communautés autochtones aux pêches, notamment en achetant pour elles des bateaux et de l’équipement.

Nous soutenons les efforts de réconciliation avec les Premières Nations et nous restons aussi engagés envers des efforts pour préserver la ressource, déclare Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM). Ces efforts que consentent nos membres porteront fruit seulement si tous les pêcheurs, non-autochtones et autochtones, les respectent.

L’UPM tient aussi à rappeler au Gouvernement du Canada que la réconciliation avec les Premières Nations n’est pas la responsabilité unique du secteur de la pêche côtière.

La responsabilité doit être partagée entre davantage d’industries. Cela permettra une diversification de l’économie des communautés autochtones et évitera de mettre une pression trop grande sur un seul secteur , conclut Martin Mallet.

Des ententes pour une pêche de subsistance convenable

Le MPO a aussi conclu des ententes à long terme avec certaines communautés autochtones, souligne Mike Leonard, directeur en matière de gestion des pêches autochtones dans les Maritimes.

En mars 2021, Ottawa a présenté une option aux communautés autochtones qui veulent faire une pêche de subsistance convenable. Le MPO a commencé à approuver des plans préliminaires rédigés par chacune des communautés, mais il a toujours rappelé que cette pêche doit se dérouler durant les saisons réglementaires.

Tout est fait d’une façon qui répond aux plans et aux aspirations des communautés, affirme M. Leonard. Nous avons communiqué avec toutes les Premières Nations de la région pour leur donner l’occasion de discuter de plans de pêche de subsistance convenable et de conclure une entente.

Le ministère a accordé un permis de pêche de subsistance convenable à huit communautés autochtones, soit sept en Nouvelle-Écosse et une à l’Île-du-Prince-Édouard. Cependant, il n’a toujours pas d’entente avec celles de Sipekne'katik et de Membertou.

Des débris calcinés sur le sol.
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Les ruines du vivier à homard incendié le 17 octobre 2020 à Pubnico-Ouest-le-Centre, en Nouvelle-Écosse (archives).

Photo : Radio-Canada / Héloïse Rodriguez-Qizilbash

La cheffe de Pictou Landing, Andrea Paul, confirme que sa communauté a conclu une entente provisoire avec Ottawa et que la pêche se déroule paisiblement.

Les ententes provisoires sont un pas dans la bonne direction, estime Colin Sproul. Les pêcheurs non autochtones les appuient en grand nombre, selon lui. Un calme général est rétabli dans les pêches et je crois que c’est lié à la réduction de la pêche illégale à certains endroits, dit-il.

Malgré les progrès réalisés cette année, certains Autochtones ont reproché au MPO d’avoir pris trop de temps à mettre en oeuvre la décision Marshall, mais le ministère se défend. Le MPO, selon Mike Leonard, privilégie des solutions à long terme. Il dit croire que tous les intervenants partagent cet avis.

Avec les informations de La Presse canadienne

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