Pérou : la présidente refuse de démissionner, le pape appelle à la fin des violences
La présidente du Pérou, Dina Boluarte, exhorte le Congrès à devancer les élections dans un contexte de manifestations meurtrières.
Photo : Reuters / LUIS IPARRAGUIRRE/PERU PRESIDENC
La présidente Dina Boluarte reste à la tête du Pérou alors que les autorités ont assuré dimanche que les manifestations meurtrières depuis la destitution et l'arrestation de son prédécesseur, le 7 décembre, diminuent en intensité, le pape François ayant appelé à la fin des violences.
Les informations que nous avons confirment que les mesures que nous avons prises fonctionnent [...]. La violence des personnes qui ont manifesté dans les rues diminue
, a dit le premier ministre Pedro Angulo dimanche à la télévision.
Le ministre de l'Économie, Alex Contreras, avait déclaré plus tôt dimanche sur une radio péruvienne que le pays était en bonne voie
d'atténuer la crise déclenchée après la destitution du président Pedro Castillo.
Que résoudrait ma démission? Nous allons rester ici, fermes, jusqu'à ce que le Congrès se décide à devancer les élections [...]. Je demande qu'on réexamine le vote
de vendredi, quand le Parlement s'est prononcé contre le devancement des élections générales de 2026 à 2023, avait plaidé Mme Boluarte samedi.
Au moins 19 morts et 569 blessés
Dans un message télévisé, Mme Boluarte – vice-présidente du Pérou jusqu'à la destitution de Pedro Castillo – a déploré les manifestations qui ont fait au moins 19 morts et 569 blessés, y compris des mineurs.
Certains décès sont liés à des affrontements avec des militaires, autorisés à intervenir pour maintenir la sécurité intérieure dans le cadre de l'instauration de l'état d'urgence pour une durée de 30 jours.
Ce n'est que par le calme et par un dialogue sincère et ouvert que nous pourrons travailler [...]. Comment pouvons-nous nous battre entre Péruviens, gâcher nos institutions, bloquer les routes?
a lancé Mme Boluarte.
La présidente, issue du même parti radical de gauche que Pedro Castillo, a expliqué que si les forces armées descendaient dans la rue, c'était pour protéger
les citoyens, parce que la situation devenait incontrôlable
. Elle a dénoncé la présence de groupes violents
organisés.
Le pape François a prié dimanche lors de son angélus sur la place Saint-Pierre, au Vatican, pour que cesse la violence dans le pays et pour qu'on emprunte le chemin du dialogue afin de surmonter la crise politique et sociale qui frappe la population
.
Les manifestants exigent la libération de Pedro Castillo, la démission de Mme Boluarte, la dissolution du Parlement et des élections générales immédiates.
Le sud du Pérou, zone névralgique
Les protestations les plus intenses ont eu lieu dans la région andine du sud du Pérou, frappée par la pauvreté, où les revendications d'ordre social n'ont pas été satisfaites depuis longtemps.
Mme Boluarte, originaire d'Apurimac, une des zones de conflit, a prononcé une partie de son message en quechua, une langue parlée par une forte proportion de la population andine du pays.
Les manifestations ont éclaté après que M. Castillo a tenté de dissoudre le Parlement, le 7 décembre, et de gouverner par décrets.
Ancien enseignant de gauche issu d'un milieu rural et modeste, il a été arrêté alors qu'il tentait de rejoindre l'ambassade du Mexique pour demander l'asile.
Initialement incarcéré pour sept jours, la justice a décidé jeudi qu'il resterait en prison pendant 18 mois, jusqu'en juin 2024, afin d'être inculpé de rébellion.
Il encourt une peine de 10 ans de prison, selon le procureur Alcides Diaz, chargé du dossier.
Touristes évacués
Quelque 200 touristes bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu en raison des manifestations ont pu être évacués samedi, a constaté l'AFP.
À bord d'un train, ils sont parvenus près de la ville de Piscacucho, dans la région de Cuzco, où un énorme rocher bloquait le passage. De là, les touristes – dont des Nord-Américains et des Européens – ont marché environ deux kilomètres pour embarquer dans des bus en direction de la ville de Cuzco, qui a un aéroport international.
Le maire du village proche du Machu Picchu, Darwin Baca, avait déclaré à l'AFP que 5000 touristes
étaient bloqués à Cuzco. L'aéroport de la ville a rouvert vendredi après-midi.