La présidence de la COP15 est « très confiante » de parvenir à un accord
Le Canada a annoncé 227,5 millions de dollars pour la restauration et la conservation des océans.
Huang Runqiu, président de la COP15, et Steven Guilbeault, ministre canadien de l'Environnement et du Changement climatique, en conférence de presse samedi après-midi
Photo : La Presse canadienne / Peter McCabe
Les discussions vont bon train à la COP15, à Montréal. Délégués, représentants et élus se sont rapprochés un peu plus près d'un accord samedi après-midi alors qu'une nouvelle version du projet d'accord a été présentée. Les avancées sont telles que le président de ce sommet, le ministre chinois de l'Environnement, Huang Runqiu, s'est dit « très confiant ».
Certains progrès ont été réalisés en ce qui a trait à des cibles moins controversées telles que l'équité entre les sexes, mais les cibles phares sont encore couvertes par des peut-être
.
Cela inclut l'objectif 30 x 30
mis en avant par les pays développés pour protéger 30 % des territoires terrestres et marins d'ici 2030 ainsi que les demandes de financement des pays en développement pour les aider à atteindre leurs objectifs en matière de conservation.
Pour l'instant, 17 % des aires terrestres et 10 % des aires marines de la planète sont protégées.
Le Canada délie les cordons de sa bourse
Les pays développés ont tenté de faire preuve de bonne foi au cours des deux derniers jours en mettant de l'argent supplémentaire sur la table, dont 255 millions de dollars supplémentaires du Canada annoncés vendredi après-midi.
Samedi encore, le Canada est revenu à la charge avec une autre annonce, celle-ci de 227,5 millions de dollars, afin de financer la restauration et la conservation des océans.
De cette somme, répartie sur cinq ans, 75 millions seront notamment versés ans le Fonds pour la restauration des écosystèmes aquatiques. Une vaste partie de ce nouveau montant, soit 145 millions de dollars, servira à soutenir la collaboration avec des partenaires clés partout au pays, lit-on dans un communiqué transmis par Ottawa.
Par ailleurs, lors de la conférence de presse au sujet de l'annonce du nouvel engagement financier du Canada, la ministre fédérale des Pêches et Océans, Joyce Murray, a rappelé que dès mardi prochain, le 20 décembre, la fabrication et l'importation aux fins de vente au Canada de sacs d'emplettes, d'ustensiles, de récipients alimentaires, de bâtonnets à mélanger et de pailles à usage unique seront interdites.
Comme un parfum d'optimisme
Le ministre canadien de l'Environnement, Steven Guilbeault, a lui aussi fait preuve d'enthousiasme, à l'instar de son homologue chinois.
En entretien avec l'Associated Press samedi, le ministre Guilbeault a précisé que peu de gens parlent de lignes rouges
et que cela signifie que les gens sont prêts à discuter. Ils sont prêts à négocier
.
« J'ai constaté beaucoup d'ambition en provenance des quatre coins du globe. Nous voulons tous quitter Montréal avec un accord ambitieux en poche. »
Pour sa part, la secrétaire générale de la Convention des Nations unies pour la biodiversité, Elizabeth Maruma Mrema, a confié à la presse, samedi après-midi, qu'elle s'estimait encouragée par les progrès réalisés, notamment en ce qui concerne l'allocation des ressources, mais qu'un accord n'avait pas encore été conclu.
Les équipes de négociations ont encore du travail à faire. Elles doivent faire en sorte que des promesses deviennent des plans et que des ambitions deviennent des actions concrètes
, a-t-elle dit.
Pour atteindre les objectifs visés, les demandes sont toutefois énormes. On estime que près de 1000 milliards de dollars doivent être dépensés d'ici la fin de la décennie pour répondre aux besoins cruciaux de conservation qui permettront non seulement de restaurer la nature mais aussi de garantir l'accès à de l'air pur, à de l'eau et à des approvisionnements alimentaires sûrs.
Sur cette somme, 700 milliards devaient encore être trouvés. Dans le plus récent projet d'accord, ce montant est d'ailleurs encore entre crochets, ce qui signifie qu'il s'agit toujours d'un point qui fait l'objet de tractations.
Près d'un million d'espèces sont menacées d'extinction
Les Nations unies ont lancé il y a trois ans la mise en garde selon laquelle près d'un million d'espèces sont menacées d'extinction au cours de ce siècle et que les trois quarts des écosystèmes terrestres ainsi que les deux tiers des environnements marins ont été significativement
modifiés par les actions humaines, y compris l'agriculture et les expansions industrielles, les modes de consommation et la croissance démographique.
Les pourparlers de la COP15 visent à élaborer un accord sur la biodiversité qui mettra fin aux pratiques néfastes et à travailler à restaurer ce qui a déjà été perdu.
En plus des demandes financières, les pays développés et en développement sont dans une impasse quant à la manière dont l'argent sera acheminé.
Les pays du Sud – soit généralement la plupart des pays d'Amérique latine, d'Asie, d'Afrique et d'Océanie – veulent un nouveau fonds consacré à la nature, tandis que les pays riches, principalement de l'hémisphère nord, y compris le Canada, préfèrent utiliser les mécanismes financiers existants.
L'Europe a clairement indiqué qu'un nouveau fonds est une zone interdite pour elle, mais elle a promis d'aider à remanier le Fonds pour l'environnement mondial existant afin qu'il fonctionne mieux pour les pays qui en ont besoin.
Autres désaccords
Marco Lambertini, du World Wildlife Fund (WWF), a déclaré qu'il craignait que certains pays affaiblissent systématiquement l'ambition de l'accord.
Il a ajouté qu'en plus d'un manque d'accord sur 30 x 30
, il existe également des désaccords dans les paragraphes clés sur la manière dont les objectifs seront mis en œuvre.
Il a expliqué que les désaccords ne signifient pas que les comtés les plus ambitieux cesseront de tenir leurs promesses, mais les règles autour du consensus dans l'accord permettent à une ambition plus faible de prendre parfois en otage une ambition plus élevée
.
Il y a une obligation morale
à stopper la perte de la biodiversité, affirment plus de 3100 chercheurs de 128 pays dans une lettre ouverte samedi, inquiets de voir les négociations piétiner.
C'est réalisable si nous agissons maintenant et de manière décisive
et nous le devons à nous-mêmes et aux générations futures: nous ne pouvons plus attendre
, ont-ils lancé.
Je pense que nous allons obtenir un accord. La question est sa qualité : nous avons besoin d'ambition autant sur le financement que sur les cibles de conservation
, a renchré Li Shuo, conseiller chez Greenpeace.
Trouver un accord d'ici dimanche
Jennifer Morris, du groupe environnemental américain Nature Conservancy, a souligné que de bonnes solutions avaient été proposées ces dernières années pour combler le déficit de financement.
Elles comprennent une stratégie de conversion de la dette, souvent appelée dette pour la nature
, qui permet à certains pays créanciers d'annuler une partie de la dette d'un pays en échange du financement de la conservation.
Les pourparlers ont commencé le 6 décembre, mais au cours des trois derniers jours, plus de 100 ministres de l'Environnement se sont rendus à Montréal pour contribuer à ajouter de la pression politique et des prouesses aux négociations.
Le Canada accueille la conférence pour la Chine, qui a dû l'éloigner de la ville de Kunming en raison des restrictions en cours liées à la COVID-19.
Les pourparlers se terminent officiellement lundi, bien que beaucoup pensent qu'il faudra peut-être plus de temps pour mettre en œuvre la formulation finale.