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Des PME estomaquées par la hausse des tarifs d’Hydro-Québec

Les PME et les commerçants sont déçus d’avoir été retirés du projet de loi du gouvernement du Québec visant à limiter la hausse des tarifs d’électricité à 3 % l’an prochain.

Un homme pose avec des taralli.

Nicolangelo D'Amore, propriétaire de la boulangerie Taralli D'Amore, se désole de la hausse des tarifs d'électricité pour les PME prévue l'an prochain.

Photo : Radio-Canada / Olivier Bourque

Si les clients résidentiels auront une hausse de tarifs d’électricité de 3 % l’an prochain, ce n’est pas le cas de nombreux commerçants et PME. Pour eux, l’augmentation va suivre l’inflation, une situation incompréhensible pour les propriétaires rencontrés.

Vendredi après-midi. Sous la première neige de décembre, le temps semble suspendu sur la rue Monselet, à Montréal-Nord. Mais à l’intérieur de la boulangerie Taralli D’Amore, qui confectionne les délicieux bretzels italiens, on se presse depuis très tôt ce matin.

Je fais sûrement 60 heures par semaine, c’est un travail exigeant, mais on aime ce qu’on fait, assure Nicolangelo d'Amore, propriétaire de l’établissement.

Ce dernier a lancé son petit commerce il y a sept ans. Mais avec l’inflation et la hausse du coût des aliments, les derniers mois ont été pénibles. Et il comprend souvent bien mal les décisions du gouvernement.

Tout me coûte plus cher. Tout ce que je touche ici a augmenté. L’augmentation des tarifs d’Hydro[-Québec] va avoir surtout un impact sur les plus petits commerçants. Franchement, des fois, on se dit : pourquoi continuer? se demande M. D'Amore.

Avec le projet de loi 2 déposé par le gouvernement, Québec va limiter la hausse des tarifs domestiques à un maximum de 3 %. Toutefois, les PME ont été retirées de la législation et elles verront plutôt leur facture augmenter de 6,4 % à partir du 1er avril 2023. Les grandes entreprises devront, quant à elles, payer le tarif L, qui va croître de 4,2 %.

« On utilise beaucoup d’électricité, ça représente environ 40 % de nos dépenses. Donc, ça va nous faire encore plus mal. À cela, il faut ajouter tout le reste. En sept ans, le 16 litres d’huile est passé de 19 $ à 52 $. La farine a presque doublé, l’emballage a aussi augmenté. »

— Une citation de  Nicolangelo D'Amore, propriétaire de la boulangerie Taralli D'Amore

Selon lui, ce type de décision du gouvernement risque de décourager les propriétaires de petits commerces. On ne peut pas tout refiler au consommateur, sinon on va les perdre. Donc, on gruge sur notre marge bénéficiaire. C'est pas compliqué, les plus petits vont tomber au profit des plus grands, affirme M. D’Amore.

Des marges bénéficiaires sous pression

À la Charcuterie Noël, une institution de Montréal-Nord, on se désole également de la décision du gouvernement caquiste.

C’est sûr que notre gros poste de dépenses, c’est la main-d’oeuvre, mais on a de la machinerie et on consomme pas mal d’électricité, assure Roberto Natale, propriétaire de l’établissement fondé par son père il y a plus de 40 ans.

Un homme pose dans une épicerie.

Roberto Natale, propriétaire de la Charcuterie Noël, constate que la hausse des prix des aliments a fait mal à son commerce.

Photo : Radio-Canada / Olivier Bourque

Selon lui, le contexte actuel, hautement inédit en raison de tous les postes de dépenses qui augmentent, notamment les salaires, laisse le secteur sans grande prévisibilité.

Quand les clients viennent, on entend dire : les tablettes sont belles, il y a du service. Mais tout cela, ça me coûte, on gruge sur les marges. Ça nous fait plaisir de rendre nos clients heureux et il faut dire que tout est payé, on est clear de dette. Mais je pense au pauvre gars qui commence : il ne commencera tout simplement pas son entreprise, croit M. Natale.

Une hausse de 250 millions $

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) s’est d’ailleurs dite abasourdie de constater que le gouvernement a retiré les PME du projet de loi visant à contrôler les tarifs d’électricité. Cette hausse représentera une augmentation des coûts de près de 250 millions de dollars pour les PME, selon ses calculs.

Le gouvernement protège les citoyens avec le bouclier anti-inflation, mais pas les commerçants ni les PME, notamment ceux dans le secteur alimentaire, qui sont aussi frappés par la hausse des prix des aliments, croit François Vincent, vice-président à la FCEI.

Selon un sondage de l’organisation, la majorité des entreprises n’auront d’autre choix que d’augmenter les prix (73 %), ce qui aura un effet sur l’inflation. D’autres devront diminuer leurs marges bénéficiaires (38 %) ou réduire les investissements et revoir à la baisse leurs prévisions de croissance (29 %).

La FCEI aimerait que le gouvernement réajuste le tir pour les PME et les commerces et croit que les hausses de tarifs devraient être déterminées à la Régie de l’énergie, comme c’était le cas avant.

Ces hausses s’ajoutent au fait que les PME du Québec sont les plus taxées au Canada. Il faut aussi prendre en considération qu’elles devront s’adapter à une hausse du salaire minimum et au Régime de rentes du Québec qui va aussi augmenter, assure M. Vincent.

Joint par Radio-Canada, le gouvernement caquiste affirme que le bouclier anti-inflation est une mesure uniquement pour les particuliers et que le prix de l’électricité au Québec demeure abordable.

L'énergie a connu des hausses de tarifs importantes partout au Canada et aux États-Unis. La hausse de 6,4 % et le niveau de tarification demeurent dans les plus faibles en Amérique du Nord. Nous mettrons en place d’autres mesures pour les entreprises au besoin, a souligné Mathieu St-Amand, l’attaché de presse du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon.

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