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Moins de traversiers entre Québec et Lévis, beaucoup de tracas pour les usagers

Un portrait de l’incidence de la diminution de service sur les usagers.

Valérie Ouellet, Guylaine Couture et Sonia Couture devant la gare fluviale de Québec.

Reportage de Marika Wheeler.

Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler

Baisse de salaire, stress élevé : les frustrations augmentent chez les usagers de la traverse Québec-Lévis. Les horaires réduits depuis plusieurs mois ont d'importantes répercussions sur la vie de celles et ceux qui l'empruntent quotidiennement.

Dès lundi, l'horaire d'hiver entrera en vigueur à la traverse. Un seul bateau offrira des départs toutes les heures, ce qui représente une diminution de service de près de 50 % pendant les heures de pointe, comparativement à la grille horaire hivernale habituelle.

Cet horaire sera en vigueur jusqu’au retour du NM Lomer-Gouin, qui se fera dans les prochains jours, selon la Société des traversiers du Québec (STQ).

Cette récente modification est la dernière d'une longue série de réductions de service depuis 2021.

Selon les chiffres de la STQ, le nombre de traversées effectuées en 2021-2022 représente 68 % des passages effectués au cours de l’année prépandémique (2019-2020).

La STQ explique cette baisse par l’indisponibilité du NM Radisson et du NM Joseph-Savard dans la flotte opérationnelle de la STQ. Des travaux majeurs sur un bateau et un bris mécanique sur l’autre avaient alors forcé la STQ à choisir entre la traverse de L'Isle-aux-Coudres et celle de Québec-Lévis.

Les derniers mois ont également été marqués par des modifications de service en lien avec le bris du NM Svanoy et des conflits de travail. Pendant un certain temps, la traverse a été réservée aux piétons seulement. Depuis le retrait de l’AML Levant le 5 décembre, la traverse fonctionne avec un seul bateau, soit le NM Alphonse-Desjardins.

Un burn-out à cause des traversiers

Valérie Ouellet dit que la diminution de service a eu un effet majeur sur sa vie. Le stress engendré par les modifications de service a provoqué chez elle un épuisement, lequel a entraîné un congé de maladie d’un mois.

« J’ai voulu quitter mon emploi. Ça fait 24 ans que je suis là. J’ai failli quitter ça. À cause du transport! »

— Une citation de  Valérie Ouellet, usagère de la traverse Québec-Lévis

Avec la diminution de service en 2021, elle s’est retrouvée à attendre le traversier cinq heures par semaine. Les autres options de transport qu’elle a considérées ne fonctionnaient pas pour elle.

La STQ planifie ses actions afin d’assurer le meilleur service possible à la clientèle avec les ressources dont elle dispose et selon le contexte opérationnel. Cela sera variable pendant une année financière complète et selon les années, explique Simon Laboissonnière, porte-parole de la STQ.

Une communauté sur le bateau

Le traversier occupe une grande place dans la vie de Valérie Ouellet. Elle le prend pour se rendre à son travail au Simons dans le Vieux-Québec depuis maintenant près d’un quart de siècle. C’est aussi un endroit où elle a fait des rencontres importantes. Son mari et elle sont tombés amoureux sur le traversier.

Parmi les invités à leur mariage, une amie qu’elle s’est faite sur le pont, Sonia Couture. J’ai tout vu ça aller!, ricane-t-elle en repensant aux deux tourtereaux.

L'extérieur de la gare fluviale de Lévis.

La gare fluviale de Lévis

Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler

Quand Mme Couture arrive au terminal fluvial de Lévis une demi-heure en avance pour le traversier de 9 h, les bancs qui font face au fleuve sont tous libres. Elle est la seule passagère piétonne dans le grand bâtiment fenestré qui surplombe le Saint-Laurent. Elle arriverait bien un peu plus tard, mais elle ne fait pas confiance à la ponctualité des autobus de la Société de transport de Lévis (STL).

Je perds, dans ma vie, 30 minutes par jour, en plus des attentes normales de transport en commun, s’exclame la femme qui a besoin de 1 h 30, matin et soir, pour se rendre au travail. L’été, quand elle prend son vélo et qu'il y a deux bateaux, le trajet dure moins d’une heure.

Une quinzaine de minutes après son arrivée, une autre passagère s’approche et Mme Couture la salue chaleureusement. C'est son amie du bateau Guylaine.

Le "un traversier", c'est ça qui nous fait le plus mal!, s’exclame cette dernière.

Les passagères se connaissent depuis près d’une décennie, mais c'est seulement quand la journaliste demande le nom complet de Guylaine que les deux femmes réalisent qu'elles partagent le même nom : Couture.

Le pont arrière du NM Alphonse-Désjardins avec le Château Frontenac au loin.

Le NM Alphonse-Desjardins assurera à lui seul la traverse Québec-Lévis jusqu’au retour du NM Lomer-Gouin « dans les prochains jours ».

Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler

Les rencontres et la communauté qui se forment sur le pont sont les attraits principaux du traversier, selon Guylaine Couture qui dit y faire son social. Depuis l’an dernier quand le service de traversier a été restreint, la mère de famille monoparentale a commencé à vivre un stress lié à la gestion de son horaire par rapport à celui du traversier, ce qui a gâché son plaisir à le prendre.

Panneau annonçant une modification de service.

L’AML Levant offrait un service aux piétons et ensuite aux cyclistes jusqu’au 5 décembre.

Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler

Perte de salaire

Sonia Couture s'estime chanceuse d’avoir un employeur compréhensif qui lui permet un horaire flexible, mais elle voit également son salaire amputé de l’équivalent de 2 h 30 par semaine en raison de l'horaire du traversier.

Malgré le long trajet et les frustrations, elle a le sentiment de ne pas avoir d'autre choix.

« On a pris la décision d’avoir un seul véhicule pour la famille. Le transport en commun, moi je suis pour ça et je veux montrer à mes enfants que c'est possible de le faire. C’est mon point, mais là je paye pour. »

— Une citation de  Sonia Couture, usagère de la traverse Québec-Lévis

Valérie Ouellet rejoint Guylaine et Sonia Couture à l'arrière du traversier. Les trois n’ont qu’un souhait : le retour à la normale du service.

Ce qui prime, c’est le temps. On vieillit, puis on a plus de temps. Je veux que ce soit comme avant. Je rembarque dessus, je rentre chez nous, j’ai du plaisir, se désole Mme Ouellet.

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