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Projet pilote unique en Beauce pour composter les ordures ménagères

40 % des résidus ménagers sont détournés des sites d’enfouissement grâce au procédé Triom.

Un homme avec une veste jaune fluorescente et un casque blanc tient du compost dans ses mains.

François Léveillée est vice-président des opérations pour Viridis environnement. Il tient une poignée du compost à la fin du procédé Triom.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Détourner le plus possible de résidus ménagers des sites d’enfouissement : voilà l’objectif du procédé Triom, de l’entreprise Viridis Environnement. Ce projet pilote unique au Québec est mis en œuvre sur le site de la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud (RICBS) à Saint-Côme-Linière.

À 9 h du matin, un premier camion d’ordures ménagères arrive dans un énorme entrepôt de la RICBS. Quelques minutes plus tard, il repart en laissant dans son sillage une montagne de déchets. Le procédé Triom s'enclenche alors.

Un homme se tient debout près des déchets qui tombent d'un camion lors du déchargement.

À l'heure actuelle, le site de la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud ne peut pas traiter la totalité des matières dans le cadre du projet Triom. « On en traite suffisamment pour faire l'ensemble des bilans afin de démontrer au ministère de l'Environnement que ce qui se passe ici a du sens », explique François Léveillée, de Viridis Environnement.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Habituellement, un camion de collecte va sur le front de déchets pour décharger son matériel, qui est enfoui, et [on passe ensuite] au camion suivant, explique François Léveillée, de Viridis. Maintenant, c’est le résidu ultime qui est enfoui.

Un aspirateur, un banc de scie, un micro-ondes, un ventilateur et une bicyclette dans un tas de déchets.

On trouve de tout dans les camions à ordures qui passent par la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud. Tous ces éléments seront détournés du site d'enfouissement pour être à nouveau triés à l'écocentre, question de les revaloriser.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

La pelle mécanique sort les plus gros morceaux des rebuts en premier. Micro-ondes, banc de scie, compresseur, vélo : les points d’interrogation sont visibles dans les yeux de François Léveillée. On ne doit pas les mettre sur le site d’enfouissement. Ces déchets seront triés à l’écocentre pour être revalorisés.

Une petite pelle mécanique déplace des déchets dans un entrepôt.

Un premier tri est fait avec une pelle mécanique. Par la suite, les ordures ménagères prennent le chemin du convoyeur pour être triées à nouveau.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Par la suite, les résidus ménagers continuent leur chemin. La matière est séparée en deux. D’un côté, les morceaux plus gros; de l’autre, les matières organiques et les plus petits rebuts qui s’en vont dans les bioréacteurs sur le site, où ils sont compostés et asséchés pendant deux semaines.

Un bioréacteur ouvert rempli de matière organique.

Les résidus organiques vont passer deux semaines dans les bioréacteurs, où ils seront compostés et asséchés.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Une fois nettoyé, le produit final devient un compost qui respecte les normes du guide sur le recyclage des matières résiduelles fertilisantes du Québec, assure François Léveillée. Éventuellement, il pourra être utilisé en agriculture et en foresterie, notamment.

« On réussit à détourner 40 % d’un camion d’ordures ménagères du site d’enfouissement, ce qui permet de prolonger la durée de vie d’un site et d'éviter les gaz à effet de serre causés par l’enfouissement de matière organique. »

— Une citation de  François Léveillée, vice-président des opérations, Viridis Environnement

Selon le site web du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), les matières organiques constituent environ 60 % des 5,8  millions de tonnes de matières résiduelles éliminées chaque année au Québec. Ces matières enfouies représentent une partie non négligeable des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec.

Un gros abri extérieur protège l'équipement qui sert à faire du compostage.

La Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud, qui englobe 17 municipalités, a investi environ un million de dollars dans le projet Triom.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

L’utilité du bac brun en région

Avec Triom, on enfouit l’ultime! Je suis directeur général de la RICBS : je vois ce que ça coûte d’enfouir, d’enfouir, d’enfouir, explique Éric Maheux.

Selon lui, chaque cellule d’enfouissement coûte environ un million de dollars et a une durée de vie d’environ trois ans. Plusieurs sites au Québec auront atteint leur pleine capacité dans quelques années, une croissance qui n’est freinée ni par l’arrivée des bacs bruns, ni par le tri à la source.

Un homme dans un centre de tri de déchets.

Selon Éric Maheux, les investissements dans le projet Triom vont être récupérés par la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud avec « l'impact sur le site ». Si le projet est approuvé par le gouvernement, l'ouverture de nouvelles cellules d'enfouissement pourrait se produire dans 20 ans, soit le double de ce qui est prévu présentement.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Ce qu’on voit dans les endroits où il y a des bacs bruns depuis 20 ans, c'est qu'on continue d'enfouir des matières putrescibles qu'on trouve dans leurs camions [...]. On n’est pas des anti-bacs bruns, c’est un moyen, mais nous, on vient rajouter un plus avec Triom : on fouille directement dans le camion de vidanges.

« Dans un milieu rural, le gain environnemental est questionnable. »

— Une citation de  Gervais Pellerin, maire d'Inverness

Du côté de la MRC de l'Érable, on se questionne aussi sur l’efficacité du bac brun en milieu rural. Le bac brun dans un milieu rural, c’est très problématique et c'est peu écologique aussi [...]. Un camion pour une troisième collecte peut faire plusieurs kilomètres pour aller ramasser une ou deux livres de matière organique dans un bac brun. C’est loin d’être écologique et c’est très couteux note Gervais Pellerin, maire d’Inverness, dans la MRC de l’Érable.

Des bacs bruns dans des entrées de résidences.

Des bacs bruns seront distribués dans les secteurs urbains des villes de Saint-Joseph, Beauceville, Saint-Victor et Saint-Odilon-de-Cranbourne dans la MRC de Beauce-Centre au printemps 2023.

Photo : Radio-Canada

Un groupe d’élus et de professionnels de la MRC de l’Érable s’est déplacé en Beauce en octobre dernier. Le projet Triom les emballe. Les seules contraintes actuellement sont administratives et issues du gouvernement, ajoute le maire d'Inverness, une municipalité du Centre-du-Québec.

Bien que le projet pilote soit financé en partie par Recyc-Québec et par le ministère de l'Économie et de l'Innovation, il n’est toujours pas reconnu par le gouvernement. Ce qui est détourné du site d’enfouissement par le procédé Triom n’est pas reconnu dans les redevances aux municipalités.

Une pelle mécanique décharge une pelletée de compost dans un bioréacteur.

Une pelle mécanique décharge une pelletée de résidus organiques dans un bioréacteur.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Oui, il y a une perte de redevances, mais si on regarde ce qu’on va économiser, on est encore gagnant, lance Éric Maheux en faisant référence non seulement au coût d'une nouvelle cellule d'enfouissement mais aussi à tout le diesel utilisé pour faire fonctionner le compacteur à déchets. Le directeur a toujours bon espoir que le projet Triom sera reconnu et que les redevances reviendront aux municipalités.

Le gouvernement n'a pas répondu à nos nombreuses questions à ce sujet.

Persuadé d’être reconnu, Viridis Environnement prépare un agrandissement du site pour la phase 2 du projet.

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