L’abolition graduelle de l’immersion française est vivement dénoncée au N.-B.

L'abolition graduelle de l'immersion française pour les élèves anglophones ne passe pas au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
L'abolition graduelle du programme d'immersion française fait réagir. Plusieurs voient la décision de Fredericton comme un nivellement par le bas.
L’organisme Canadian Parents for French dénonce vivement le plan proposé par le ministère de l'Éducation.
« Ils abaissent sensiblement la barre. »
Selon l’organisme, le programme d’immersion rencontrait un succès de plus de 90 %. Avec le nouveau programme, il sera plus difficile pour les élèves, selon Chris Collins, directeur général de Canadian Parents for French au Nouveau-Brunswick, de devenir bilingues.
Le français conversationnel n'est pas considéré comme bilingue, c'est du français conversationnel
, souligne-t-il, en référence à l'objectif fixé par le ministre de l’Éducation, Bill Hogan, et le premier ministre, Blaine Higgs, qui souhaitent que la majorité des élèves anglophones puisse obtenir un niveau de français qui leur permettra de converser.
Il n'y aura pas de compétences en lecture et en écriture comme avec l'immersion française
, déplore Chris Collins.
« C’est un programme d’immersion non immersif. »
En ce moment, tous les élèves anglophones de la province n’ont pas accès au programme d’immersion en français, surtout dans les communautés rurales.
Plutôt que d’élargir l’accès aux programmes d’immersion, Fredericton a choisi, d’une part, de réduire le temps consacré au français dans les classes d’immersion, et d’autre part, d’augmenter le temps pour ceux qui n’avaient pas accès à l’immersion.
Certains élèves, donc, auront accès à davantage d’enseignement en français, mais d’autres n’auront pas accès à autant d’enseignement en français qu’ils auraient obtenu avec un programme d’immersion. Plusieurs estiment que Fredericton aurait dû améliorer l’enseignement pour tous.
On devrait être audacieux avec nos buts, particulièrement avec nos buts en éducation, pour que chaque enfant au Nouveau-Brunswick ait l’opportunité d’atteindre son plein potentiel
, soutient la cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Susan Holt.
Ce qu’on veut voir, c’est oui, améliorez tous les programmes, n’éliminez pas le programme d’immersion en français
, lance Megan Mitton, députée verte de Memramcook-Tantramar.
Le ministre Hogan fonde son nouveau programme sur un projet pilote, dont les résultats n’ont pas été rendus publics. On n’a pas de preuve que ça va fonctionner, on n'a pas les faits présentés sur ce qui est arrivé dans les projets pilotes
, déplore la députée Mitton.
Les besoins des parents ignorés
Selon les libéraux, Fredericton n’a pas écouté les parents, tant en ce qui a trait au programme d’immersion qu’aux ressources nécessaires pour soutenir l’apprentissage au quotidien.
« Je suis déçue que l’annonce ne réponde pas aux besoins des parents. »
L’apprentissage du français, comme de n’importe quelle autre matière, se heurte souvent à des difficultés, selon la cheffe libérale, dont le gouvernement doit tenir compte.
Qu’est-ce qui manque encore, ce sont des ressources pour les enfants qui ont des besoins exceptionnels, et on adresse jamais ça, il y a des besoins au niveau de la santé mentale, au niveau des enseignants ressources. On fait des changements qui n’adressent pas le problème qui est au sein du système.
Le défi du personnel enseignant
Le ministre Hogan prévoit que son nouveau programme nécessitera l’embauche de 60 nouveaux enseignants en 2023-2024. Et ce nombre augmentera à mesure que le programme sera étendu au-delà de la maternelle et de la première année, dès 2024-2025.
Lorsque le plein programme sera disponible jusqu’à la douzième année, calculez au juste au moins 300 à 400 enseignants de plus que les 60 initiaux dont on a besoin, juste pour enseigner deux niveaux
, estime Francine Landry, porte-parole libérale en matière d'Éducation.
Du côté des enseignants anglophones, on déplore ce nouveau changement imposé au système d’éducation, à moins d’un an de la prochaine année scolaire. Cela, selon la présidente de la New Brunswick teachers association, Connie Keating, pourrait en décourager plusieurs.
Il ne fait aucun doute que les enseignants qui possèdent les compétences linguistiques nécessaires pour enseigner dans un système plus stable envisagent peut-être maintenant leurs options
, écrit Connie Keating dans un commentaire envoyé par courriel.
L’association des enseignants déplore le manque d'informations fournies par le gouvernement. Des enseignants peuvent se demander comment ils répondront aux nouvelles attentes dans les délais serrés de cette mise en œuvre imposée.
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Avec les informations d'Alix Villeneuve et de Sarah Déry