La famille Rodriguez-Flores est libre... pour le moment

La famille Rodriguez-Flores sur les marches de l'église où elle s'est réfugiée pendant 13 mois, entourée d'amis et de citoyens.
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
Treize mois après avoir trouvé refuge à l'église Plymouth-Trinity de Sherbrooke, Manolo Rodriguez-Flores, Georgina Flores et Manuel Rodriguez peuvent marcher librement dans les rues de la ville depuis mercredi. Ottawa a accepté de suspendre l'avis d'arrestation des membres de la famille, menacés d'expulsion vers le Mexique depuis le rejet de leur demande de réfugié. Cependant, ils ne sont pas au bout de leurs peines, car ils risquent toujours de devoir quitter le Canada.
La famille s'est rendue à 10 h à l'Agence des services frontaliers du Canada en compagnie de leur avocat Stewart Istvanffy pour demander la levée du mandat.
Ils ont été arrêtés ce matin et libérés avec un cautionnement. Maintenant, ils peuvent aller librement dans la ville et on espère que le ministre de l'Immigration va intervenir pour leur permettre de rester au pays
, explique l'avocat.

La famille Rodriguez-Flores a vécu 13 mois dans l'église.
Photo : Radio-Canada / Éric Carbonneau
Adriana Herrera, une amie et membre du comité de soutien à la famille, se dit émue par la journée.
La famille était prise par toutes sortes d’émotion. Beaucoup de peur. Parfois, la famille était bloquée. Ils ne savaient pas quoi dire, et ils avaient de la difficulté à comprendre certaines questions que les agents frontaliers leur posaient. C’est pour ça que je dis que la famille est encore en choc. Après, c’était la joie. Quand je suis entrée dans l’église et que j’ai embrassé Manuel, il n’arrêtait pas de pleurer. C’est incroyable. C’est un mélange d’émotions qu’on a de la difficulté à expliquer
, souligne-t-elle.
On reste dans l’espoir. On croit aux valeurs de la société, et que le ministre de l’Immigration et que toutes les personnes qui, jusqu’aujourd’hui, ont soutenu la famille, vont continuer à la soutenir et à faire les démarches nécessaires pour que la famille puisse rester ici, au Canada
, ajoute-t-elle.
Entourée d'amis et de citoyens qui les ont soutenus tout au long de la dernière année, la famille a par ailleurs tenu une conférence de presse sur les marches de l'église de la rue Dufferin mercredi après-midi.
Je me sens très content parce que je peux voir mes amis, sortir avec eux, et c'est tout. Il n'y a pas de mots pour expliquer cela.
Je suis très très heureux, s'est exclamé pour sa part Manuel Rodriguez, visiblement ému. C'est la première fois que je suis dehors [depuis un an].
Merci au bureau des Services frontaliers de nous avoir donné la liberté aujourd'hui, a ajouté Georgina Flores. Nous sommes très reconnaissants du soutien.
La lutte continue. Merci beaucoup à tous [ceux qui nous ont aidés].

«Je fais la même chose tous les jours, ce qui me manque le plus c’est voir mes amis», confiait Manolo Rodriguez-Flores en novembre dernier.
Photo : Radio-Canada
Encore beaucoup d'incertitudes
Les trois membres de la famille doivent cependant respecter certaines conditions, dont celle de se présenter chaque semaine à l'Agence des services frontaliers. De plus, comme l'avis d'expulsion est toujours en vigueur, le risque qu'ils doivent retourner dans leur pays demeure une épée de Damoclès au-dessus de leur tête.

Plusieurs initiatives citoyennes ont été mises sur pied au cours des derniers mois pour appuyer la famille.
Photo : Radio-Canada / André Vuillemin
Les Rodriguez-Flores espèrent toujours une intervention du fédéral qui leur permettra de rester au pays, comme un permis de séjour temporaire ou l'obtention de la résidence permanente pour motif humanitaire.
Au mois de janvier, ils recevront une nouvelle date pour être expulsés. La machine continue de tourner
, admet Me Stewart Istvanffy.
Tout est possible. Mais avec tous les appuis qu'ils ont, il y a de grandes raisons d'avoir espoir. Mais jusqu'à ce qu'on ait une décision positive entre nos mains, on continue de faire campagne pour eux.
Nous avons la foi et l'espoir que tout va bien se passer
, ajoute Georgina Flores.
Les Rodriguez-Flores avaient annoncé en novembre qu'ils songeaient à risquer le tout pour le tout et sortir de l'église, au risque d'être arrêtés. Cependant, la peur de l'expulsion les a longtemps freinés, soutient leur avocat.
Avec les informations de Marion Bérubé