Essipit et Pessamit réclament des actions de Québec pour protéger le caribou à la COP15

Au Québec, la population de caribous forestiers, en déclin depuis plusieurs années, est estimée à 5252 individus (archives).
Photo : Getty Images / LeFion
Les communautés innues d’Essipit et de Pessamit accusent Québec de manquer d'audace pour protéger le caribou forestier lors de la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), à Montréal. Si rien n'est annoncé par Québec, Pessamit songe à mettre en place des moyens de pression supplémentaires.
Les deux communautés autochtones estiment que l’événement aurait été propice à une annonce concrète pour la protection du caribou dans la région du réservoir Pipmuacan, situé au nord-est de Saguenay.
Si le gouvernement du Québec avait une réelle intention d’appuyer le leadership autochtone en matière de conservation, pourquoi ne pas annoncer la protection du projet Pipmuacan?
demande par écrit le vice-chef du conseil des Innus de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge.
Les deux communautés saluent toutefois les engagements de Québec à soutenir le leadership autochtone et la création d’aires protégées d’initiative autochtone
.
Les Innus rappellent qu’un projet d’aire protégée au Pipmuacan est d’ailleurs recommandé par la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards du Québec.
Retarder inutilement des actions concrètes de protection et de restauration de l’habitat de l’espèce ne fait que nous éloigner davantage de l’objectif [de préserver le caribou du Pipmuacan]
, déclare de son côté le directeur, développement et territoire, au conseil de la Première Nation des Innus d'Essipit, Michaël Ross.
Des moyens de pression à venir
Le conseil des Innus de Pessamit avait déjà envoyé des mises en demeure à Ottawa et à Québec au mois d'août. Il réclamait des mesures immédiates pour favoriser la protection des caribous forestiers.
Maintenant de retour dans sa communauté après son passage à la COP15, à Montréal, Jérôme Bacon St-Onge lance que Pessamit demeure ouverte à d’autres moyens de pression.
« Il y a même des gens qui nous parlent de blocus, mais le conseil de Pessamit analyse évidemment tout. L’heure est à l’action et non plus aux paroles. »
Dans nos gens de Pessamit, il y en a qui sont plus radicaux que d’autres. Mais on essaye de les contenir pour utiliser la diplomatie afin de sensibiliser et faire agir les gouvernements pour une meilleure protection territoriale
, ajoute-t-il.
Pas d'annonce avant juin
Le gouvernement provincial doit rendre publique sa stratégie finale sur le caribou forestier et montagnard d'ici la fin du mois de juin 2023.
D'ici là, le gouvernement du Québec étudie différents scénarios dans le cadre de sa stratégie caribou
, indique le cabinet du ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) par déclaration écrite.
Le ministre reconnait que le territoire du Pipmuacan fait partie intégrante
de plusieurs de ces scénarios.
Les communautés autochtones seront sollicitées au cours des prochains mois afin de bonifier le scénario de rétablissement du caribou. Nous gardons le cap sur juin
, ajoute par écrit le MELCCFP .
Les deux communautés innues auraient pourtant aimé que Québec propose des mesures pour favoriser la protection des caribous à l'échelle de la province d’ici la fin de la COP15, à Montréal, le 19 décembre.
Si au minimum on nous avait dit qu’il va y avoir l’implantation de mesures administratives de protection déjà connues pour protéger les secteurs les plus propices, surtout celles pour établir des moratoires pour protéger les grands massifs de forêts matures d’ici l’annonce de juin 2023, ça aurait été un petit pas
, se désole le vice-chef de Pessamit.
Au Québec, la population de caribous forestiers, en déclin depuis plusieurs années, est estimée à 5252 individus.