Fillette happée à Montréal : « Ça fait des années qu’on dit que c’est dangereux »

Il faut réduire la vitesse permise dans les quartier résidentiels de Montréal, plaident des citoyens.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Plusieurs citoyens de l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal, sont en colère mercredi matin, au lendemain d’un accident qui a coûté la vie à une fillette de 7 ans qui se rendait à l’école à pied. Selon eux, cela fait des années qu’il y a des problèmes de circulation dans ce quartier, accrus ces dernières semaines en raison des travaux au pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.
On est en colère parce que ça fait des années qu’on en parle qu’il y a des problèmes au niveau de la circulation dans le quartier, qu’on dit que c’est dangereux pour les enfants d’aller à l’école
, a lancé en entrevue à l’émission Tout un matin Philippe H. Bouchard, qui habite juste devant le lieu de l’accident.
Mardi matin, une fillette de 7 ans, arrivée de l’Ukraine au Canada il y a quelques mois avec sa mère, son frère et sa sœur, est morte après avoir été happée par un automobiliste à l’intersection des rues Parthenais et de Rouen, en se rendant à pied à son école primaire.
Le conducteur, qui avait d’abord pris la fuite, s’est présenté à la police plus tard dans la journée. Il a comparu mercredi et a été accusé de délit de fuite ayant causé la mort.
On a mis beaucoup de choses en place, que ce soit des saillies de trottoir, que ce soit des dos d’âne, quand on refait la rue, on réaménage la rue pour s'assurer que la sécurité soit au cœur de nos aménagements
, a répondu Sophie Mauzerolle, responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif de la Ville de Montréal.
L’arrondissement de Ville-Marie est un quartier difficile, qui accueille des infrastructures métropolitaines, il y a le pont Jacques-Cartier, des grandes rues artérielles…
, a-t-elle ajouté.
On y travaille, on voudrait pouvoir tout faire rapidement, mais on continue à y travailler.

Entrevue avec la mairesse de Montréal, Valérie Plante, concernant la sécurité routière à la suite de la mort d'une fillette de sept ans dans les rues de la métropole.
Le trafic de transit
Pourtant, le problème semble empirer dans les dernières semaines sur la rue Parthenais et ailleurs dans l’arrondissement de Ville-Marie. C’est notamment en raison des travaux majeurs au pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine qui ont fait dévier le trafic dans les rues résidentielles de Montréal.
Et dans ces rues, plusieurs automobilistes semblent penser être sur une autoroute plutôt que dans une ville, selon Philippe H. Bouchard. Quand vous arrivez sur De Lorimier en débarquant du pont [Jacques-Cartier], il y a sept voies, six lumières.
« Ça ne ressemble pas à un quartier urbain, ça ressemble à une piste de course. »
Encore là, Sophie Mauzerolle assure que la Ville de Montréal fait son possible pour contraindre la circulation de transit sur les plus grandes artères
, en mettant par exemple des interdictions de virage à droite
.
Mais malgré tout, les avancées sont trop lentes
, croit M. Bouchard. On sait ce qu’on doit faire, mais ça n'avance pas assez rapidement pour prévenir des drames comme ce qui s’est passé hier.
La ville n'a pas été conçue pour un partage adéquat de la route
Plusieurs obstacles s’élèvent effectivement aux avancées en matière de sécurité routière, reconnaît Mme Mauzerolle.
Notamment, la ville n’a pas été conçue pour un partage adéquat de la route. Donc, c’est un immense chantier
. On en a tous des intersections qu’on trouve problématiques. C’est un travail de longue haleine. On le fait, on y va rue après rue.
Par ailleurs, les changements ne peuvent pas être mis en place aussi rapidement que souhaité, se défend l’élue. Il faut respecter certaines mesures lorsque des modifications sont apportées dans les rues, que ce soit pour ajouter des dos d’âne ou des saillies de trottoir. Il ne faut pas générer plus de problèmes qu’on en règle, des évaluations doivent être faites.
Qui plus est, malgré les mesures mises en place, comme les interdictions de tourner à droite et les lumières donnant plus de temps aux piétons pour traverser, le non-respect de la signalisation par les automobilistes demeure un problème important, souligne Sophie Mauzerolle, qui appelle à la vigilance et la prudence des automobilistes.
Notre journaliste Karine Bastien était d'ailleurs à l'intersection où a eu lieu l'accident, mercredi matin, qui est aussi un corridor scolaire où la limite est de 30 km/h. Elle y a vu de nombreux automobilistes rouler au-delà de la vitesse permise et ne pas effectuer leur arrêt.
Le premier ministre du Québec, François Legault, a réagi au drame en point de presse mercredi vers midi.
« S'il-vous-plaît, dans les zones scolaires soyez prudents. C’est tellement triste ce qui est arrivé. On a quelqu’un qui part d’une zone de guerre qui vient ici se faire frapper. »
Quelles solutions?
Marie-Soleil Cloutier, professeure-chercheuse au Centre Urbanisation Culture Société de l'INRS et directrice du Laboratoire Piétons et Espace urbain, estime que plusieurs solutions existent pour réduire le nombre d’accidents impliquant des piétons ou des cyclistes à Montréal.
Il faut notamment que les automobilistes aient davantage de conséquences en cas de non-respect des règlements de la route. S’il est impossible de mettre un policier à chaque intersection
, comme le dit Sophie Mauzerolle, des radars fournis de caméras pourraient permettre de filmer les contrevenants et leur envoyer des contraventions.
Les radars, quand ils sont actifs et quand on donne des contraventions, ça fonctionne.
Il faut également obliger les conducteurs à réduire leur vitesse dans les rues
avec des mesures qui, s’ils vont trop vite, risquent de briser leur voiture
, comme des dos d’âne.
Enfin, considérant le fait que les gens roulent toujours un peu au-dessus de la vitesse permise
, il est important de mettre des panneaux avec une vitesse très réduite
.
« Il n’y a aucune raison pour que les vitesses soient au-dessus de 30 km/h dans les quartiers résidentiels. »
En attendant, la famille de la fillette morte mardi matin n’est pas seule. La communauté est en train de se mobiliser
, a affirmé Michael Shwec, président de la section québécoise du Congrès des Ukrainiens canadiens . Le prêtre d’une de nos paroisses est en communication avec la famille. Le conseil, l’administration de cette paroisse, est en train d’organiser une page GoFundMe pour aider financièrement pour aider à préparer les funérailles de la petite.
On sait que c’est un cauchemar, la mère est sous le choc
, a-t-il toutefois reconnu.
Avec des informations de Karine Bastien