Rénovictions : « situation alarmante », signalent des associations de locataires

Le Regroupement des comités logement et des associations de locataires du Québec demande un moratoire sur les reprises de logements et sur les évictions de locataires en fonction du taux d'inoccupation.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Des associations de locataires signalent que le phénomène des « rénovictions » s'est propagé hors des grands centres au Québec et demandent par conséquent que le Tribunal administratif du logement contrôle les reprises de logements et les évictions de locataires pour fins de travaux majeurs.
Ce « contrôle obligatoire » serait effectué par le Tribunal administratif du logement, qui devrait aussi veiller à faire un suivi des dossiers pour s'assurer que les projets sont effectivement réalisés, plaide le Regroupement des comités logement et des associations de locataires du Québec (RCLALQ).
Au cours d'une conférence de presse mardi, le RCLALQ a affirmé que les comités logement avaient enregistré à eux seuls 1525 cas d'éviction en 2022, une forte hausse par rapport aux 874 cas de 2021.
Disant avoir aussi constaté une hausse du nombre de cas de reprises de logements qui se retrouvent devant le Tribunal administratif du logement et du nombre de cas dont les médias ont parlé, le Regroupement évoque une « situation alarmante ».
« Les chiffres sont historiquement les plus élevés qu'on a vus au Québec. Il n'y a jamais eu autant de reprises. »
Le RCLALQLorsque le taux d'inoccupation est bas, il ne faut pas permettre ces procédures-là
, plaide-t-il.
Le principal problème qu'on constate, c'est que les évictions vont cibler des locataires qui sont à faible revenu et qui paient un loyer sous la moyenne. Pourquoi? Parce que ce sont des opérations spéculatives. Le principal but de ces reprises de logements et de ces évictions de locataires, c'est de faire ce qu'on appelle des flips immobiliers, donc d'acheter à bas prix et de relouer ou de revendre à un prix beaucoup plus élevé pour réaliser de grands profits
, a affirmé M. Blanchard.
Exagéré, disent les propriétaires
L'Association des propriétaires du Québec reproche au Regroupement d'utiliser un petit nombre de cas et de généraliser à l'ensemble des propriétaires de logements.
Le RCLALQ utilise un petit nombre de locataires qui sont venus demander des informations afin de généraliser une situation qui n'existe que peu au Québec, car la majorité des propriétaires de logements sont de petits propriétaires honnêtes qui prennent à cœur leur rôle de fournir un toit à plus de 1 300 000 locataires
, a-t-elle fait valoir.
Il est normal pour un propriétaire d'immeuble locatif de vouloir profiter du bien qu'il a acquis, plaide l'Association des propriétaires.
« Chaque année, les associations de locataires parlent de reprises de logements comme d'un acte répréhensible, comme s'il était honteux de vouloir user de son bien pour s'y loger. »
L'Association soutient que les locataires ont des protections trop élevées, notamment relativement aux demandes de reprises de logement : la loi empiète sur la propriété de l'immeuble
.
Le Regroupement des comités logement souhaite aussi rencontrer la nouvelle ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, pour discuter de ce dossier.