Cinq municipalités réclament l’interdiction du chauffage au gaz naturel

Le chauffage au mazout est interdit dans les nouvelles constructions au Québec, mais pas le chauffage au gaz naturel.
Photo : iStock / ultramarinfoto
Cinq municipalités s'allient pour réclamer au gouvernement du Québec l'interdiction du chauffage au gaz naturel dans toutes les nouvelles constructions, à défaut de quoi elles comptent agir sur leurs propres territoires.
Dans une lettre ouverte publiée mardi dans les pages du quotidien Le Devoir, les maires et la mairesse des municipalités de Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Petit-Saguenay, Prévost et Saint-Cuthbert réclament une réglementation provinciale plus stricte pour réduire les émissions de GES des bâtiments du Québec. Le cœur de la demande est une interdiction du gaz naturel dans les nouveaux bâtiments.
Pour atteindre nos objectifs climatiques, il faut abandonner rapidement les énergies fossiles dans le cadre bâti québécois. En Amérique du Nord, de nombreuses municipalités réglementent afin de retirer les combustibles fossiles, et notamment le gaz naturel, des bâtiments. Nous comptons nous joindre au mouvement afin d’accélérer la transition énergétique.
Ces élus proposent une résolution type (Nouvelle fenêtre) à faire adopter par les municipalités et par les MRC de la province. Cette résolution comprend une demande explicite au gouvernement du Québec pour bannir le gaz naturel et une invitation à agir de la sorte sur le territoire des municipalités concernées.
Pour le maire de Prévost, Paul Germain, il serait préférable que le leadership vienne de Québec
. Cet élu se dit toutefois prêt à agir seul dès le mois de mars si le gouvernement se traîne les pieds.
M. Germain souligne que les systèmes de chauffage au gaz naturel installés récemment seront utilisés pendant de nombreuses années et que les gaz à effet de serre qu'ils produisent resteront encore longtemps dans l'atmosphère par la suite.
On agit pour l'avenir. Ce sont les 40 prochaines années qui sont en jeu.
Le maire de Petit-Saguenay a tenu des propos semblables plus tôt dans la journée.
Le mazout interdit, mais pas le gaz naturel
L'an dernier, le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a institué un règlement qui interdit l'installation de systèmes de chauffage au mazout dans les nouveaux bâtiments (Nouvelle fenêtre). Cette mesure est en vigueur depuis le 31 décembre 2021. À la même date en 2023, le remplacement du mazout par un autre combustible fossile – y compris le gaz naturel – sera également interdit.
Par contre, le gaz naturel demeure une option pour les nouveaux bâtiments. Paul Germain s'explique mal cette situation.
Le mazout est une catastrophe pour l'environnement
, souligne-t-il. Le gaz naturel, lui, a meilleure réputation. Il n'y a pas longtemps, c'était encore considéré comme une solution [aux changements climatiques]. Mais maintenant, il faut faire le saut. Le mazout, c'était incontournable; maintenant, c'est au tour du gaz naturel.
M. Germain avance que l'interdiction du gaz naturel pourrait avoir un impact sur les perspectives financières de l'entreprise Énergir, qui détient un quasi-monopole sur la distribution de ce combustible au Québec.
Énergir étant détenue en majorité par la Caisse de dépôt et placement du Québec, interdire le gaz naturel aurait donc un impact sur le « bas de laine » des Québécois, ce qui pourrait rendre le gouvernement plus frileux.
Énergir souligne toutefois qu'elle offre aussi du gaz naturel renouvelable pour les clients qui voudraient se départir des énergies fossiles. Si une réglementation devait être mise en place, nous croyons qu’elle devrait exiger l’utilisation d’énergie renouvelable dans les nouveaux bâtiments, plutôt que d’interdire un type d’équipement qui peut aussi fournir une énergie décarbonée complémentaire à l’électricité comme le gaz naturel renouvelable
, affirme l'entreprise dans un courriel acheminé à Radio-Canada.
Si [M. Germain] s’inquiète du futur de notre organisation, nous le rassurons, poursuit l'entreprise.
Pour sa part, le cabinet du ministre Charette indique que l’impact d’une interdiction à la grandeur du Québec de l’utilisation du gaz naturel dans le résidentiel neuf doit être évalué, notamment pour déterminer les besoins électriques que cela représenterait
.