L’ex-patron de FTX, Sam Bankman-Fried, arrêté aux Bahamas

Sam Bankman-Fried témoigne lors d'une audition devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants, au Rayburn House Office Building, au Capitole, le 8 décembre 2021 à Washington.
Photo : Getty Images / Alex Wong
Sam Bankman-Fried (SBF), vedette déchue des cryptomonnaies et ancien patron de la plateforme FTX, a été arrêté aux Bahamas lundi à la demande des autorités américaines, a annoncé Damian Williams, un procureur de New York.
Nous aurons plus d'informations à donner sur la mise en examen
mardi matin, a-t-il précisé dans son tweet.
SBF
enchaînait les apparitions médiatiques depuis un mois malgré le risque de procès pour fraude après la spectaculaire implosion de la société, valorisée à 32 milliards de dollars au début de l'année.
Les États-Unis ont porté plainte
contre le trentenaire et vont probablement demander son extradition
, a expliqué le procureur général des Bahamas, Ryan Pinder, dans un communiqué relayé sur Twitter.
Les deux pays ont intérêt à ce que les individus associés à FTX, qui ont peut-être trahi la confiance du public et enfreint la loi, rendent des comptes
, a indiqué Philip Davis, premier ministre du royaume, un archipel situé au nord-est de Cuba.
Les Bahamas vont mener leur propre enquête criminelle sur l'effondrement de FTX
, a-t-il ajouté, cité dans le communiqué.
Sam Bankman-Fried était censé s'exprimer mardi devant une commission parlementaire de la Chambre des représentants, tout comme John Ray, le nouveau patron de FTX.
Les ex-dirigeants de la plateforme en faillite ont fait preuve d'une défaillance complète
à tous les niveaux de contrôle, dépensant sans vraiment compter l'argent de leurs clients, a affirmé lundi John Ray dans un document publié à la veille de l'audition au Congrès.
À première vue, l'effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d'un très petit groupe d'individus grossièrement inexpérimentés et pas très calés, qui n'ont mis en œuvre aucun des systèmes ou des contrôles requis pour une société à laquelle sont confiés l'argent ou les actifs d'autres personnes
, a souligné le responsable.
Le dirigeant se défend
Considérée comme une des principales plateformes d'échange de cryptomonnaies au monde, FTX n'a soudainement plus été en mesure, début novembre, de reverser à ses clients l'argent qu'ils y avaient déposé.
Le groupe a annoncé son dépôt de bilan le 11 novembre.
Je n'ai jamais essayé d'escroquer qui que ce soit
, a assuré Sam Bankman-Fried fin novembre lors d'une conférence organisée par le New York Times.
« J'ai sans aucun doute fait beaucoup d'erreurs et je donnerais tout pour pouvoir refaire certaines choses. »
L'ancienne égérie des cryptos a choisi de multiplier les entrevues et les prises de parole sur Twitter malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui.
Diplômé du Massachusetts Institute of Technology, fils de professeurs de droit à l'Université de Stanford, il était parvenu à légitimer les cryptomonnaies auprès du grand public et de la classe politique.
Cependant, son air contrit et son ton hésitant lors de ses récentes interventions offrent un contraste saisissant avec l'image rassurante qu'il s'était forgée ces dernières années.
Utilisation des actifs
L'enquête a déjà démontré que les actifs déposés par les clients sur FTX étaient mélangés à ceux de la société de courtage et d'investissements dans les cryptos Alameda, également fondée par Sam Bankman-Fried.
Et Alameda a allègrement pioché dans les fonds des clients de FTX pour faire des paris risqués.
Une telle utilisation de ces fonds constituerait une fraude si elle bafouait les termes de l'accord entre FTX et ses clients, estiment de nombreux juristes.
FTX s'est aussi lancée dans une frénésie de dépenses
à partir de la fin de 2021 avec cinq milliards de dollars dans des entreprises et dans des investissements qui ne valent peut-être qu'une portion
de cela, d'après John Ray.
La plateforme a par ailleurs déboursé, en prêts ou en paiements, plus d'un milliard de dollars destinés à des personnes au sein de l'entreprise.
Pour le nouveau dirigeant, qui a supervisé plusieurs procédures de faillite, dont celle de l'ancien géant énergétique américain Enron, l'objectif consiste désormais à maximiser la valeur
des actifs encore détenus par FTX pour rembourser autant que possible les clients et les créanciers du groupe.