Femmes assassinées : des manifestants bloquent l’accès à la décharge du chemin Brady

Des militants autochtones ont établi un barrage sur le chemin Brady pour exiger que les recherches se poursuivent afin de retrouver les corps de Morgan Harris et de Marcedes Myran, des victimes présumées de Jeremy Skibicki.
Photo : Radio-Canada / Cédrick Noufele
La famille de Morgan Harris, une des quatre victimes d’un tueur en série présumé à Winnipeg, et plusieurs dizaines de militants autochtones ont établi dimanche vers 13 h 30 un barrage routier pour bloquer l'accès à la décharge du chemin Brady, au sud du périmètre de Winnipeg. Ils appellent tous les ordres de gouvernement à rechercher les restes des personnes disparues dans des décharges de la capitale manitobaine.
D’autres groupes militants manifestent eux aussi près du dépotoir de Prairie Green, au nord de Winnipeg, sans pour autant en bloquer les accès.
Les manifestants souhaitent notamment la poursuite des fouilles à la décharge du chemin Brady ainsi qu’au dépotoir de Prairie Green afin de retrouver les corps de Morgan Harris et de Marcedes Myran, toutes deux des victimes présumées de Jeremy Skibicki.
Je demande au monde entier de ne pas laisser mourir cette histoire
, a lancé la première fille de Morgan Harris, Cambria Harris, qui souhaite que le fédéral prenne les recherches en charge.
Au début du mois, la police de Winnipeg avait annoncé que les restes de Morgan Harris et de Marcedes Myran se trouvaient possiblement à la décharge de Prairie Green mais qu’il ne serait pas possible de poursuivre les recherches.
Vendredi, le président du conseil de la police de Winnipeg, Markus Chambers, a déclaré que les autorités tentaient de trouver un moyen de continuer à rechercher les corps afin de permettre aux familles de tourner la page
.
Agir à plus grande échelle
Cette histoire rappelle celles de plusieurs autres femmes qui ont eu lieu au cours des dernières années au Manitoba. Dans cette optique, les manifestants demandent que justice soit faite, de même qu'une déclaration d’urgence nationale.
Le 6 décembre dernier, Cambria Harris s’est tournée vers le fédéral afin d'exprimer sa colère pour ce qui est arrivé à ma mère et pour toutes les femmes et filles autochtones
, fait-elle valoir. C’est mal. Il faut que ça cesse.
Pour la jeune orpheline de mère, il est question de racisme systémique. Il faut que le génocide envers les femmes et les filles autochtones cesse
, insiste-t-elle.
« Les corps de plusieurs femmes disparues pourraient se trouver ici. Combien de femmes ont-ils arrêté de chercher? Ce dépotoir pourrait être un site d'enterrement majeur. Il est temps de mettre fin au génocide. »
Les restes d’une autre victime, Rebecca Contois, avaient aussi été retrouvés dans la décharge du chemin Brady l’été dernier. Le présumé tueur Jeremy Skibicki avait été accusé de ce meurtre.
Cambria Harris souhaite que le barrage à Brady et les manifestations se poursuivent jusqu’à ce qu’elle se sente entendue. Elle se dit prête à continuer les recherches elle-même si elle devait le faire, même si c'est dangereux.
Mais pourquoi ne m'aidez-vous pas à trouver comment retrouver les restes ?
se demande-t-elle. C'est parce que vous savez que vous aviez affaire à quelque chose de bien plus grand que vous.
Dimanche, les gens ne pouvaient pas accéder à la décharge du chemin Brady. Certains disent comprendre la situation, alors que d’autres demandent que les manifestants visent les routes utilisées par les camions.
La Ville et le Service de police de Winnipeg disent être au courant de l'existence du barrage. Nous soutenons le droit de nos citoyens à manifester pacifiquement, légalement et en toute sécurité
, peut-on lire dans un courriel envoyé par la police.
Au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement fédéral n’avait pas répondu à la demande d’entretien de Radio-Canada.
Jeremy Skibicki est accusé des meurtres au premier degré de Rebecca Contois, Morgan Harris, Marcedes Myran et d'une femme non identifiée surnommée Buffalo Woman. Aucune des accusations n'a été prouvée au tribunal.
Avec les informations de Jenn Allen et Ian Froese