La présidente du Pérou a nommé son gouvernement
La nouvelle présidente du Pérou, Dina Boluarte, a dévoilé samedi la composition de son gouvernement.
Photo : Reuters / Sebastian Castaneda
La nouvelle présidente du Pérou, Dina Boluarte, a nommé samedi son gouvernement, qui compte 19 ministres, dont huit femmes, après la destitution de son prédécesseur, Pedro Castillo, par le Parlement.
L'ancien procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption, Pedro Angulo, également avocat, a été nommé premier ministre. Le portefeuille des Affaires étrangères est revenu à l'ambassadrice Ana Cecilia Gervasi, et celui de l'Économie à Alex Contreras.
L'avocat Luis Alberto Otárola, ministre de la Défense pendant le mandat du président Ollanta Humala (2011-2016), a de nouveau été désigné à ce poste.
Le nouveau gouvernement compte huit femmes. Les titulaires des portefeuilles du Travail, des Transports et des Communications n'ont pas encore été nommés.
Période trouble
Un peu plus tôt en journée, le président du Congrès, la plus haute autorité du pouvoir législatif péruvien, José Williams, avait appelé la nouvelle présidente à prendre rapidement des mesures, dont la nomination du gouvernement, pour générer de la confiance et de la tranquillité
.
De nombreuses manifestations et des blocages de route ont lieu depuis jeudi à Lima et dans plusieurs villes du pays, notamment dans les régions andines où Pedro Castillo, un ancien instituteur en milieu rural, bénéficie du plus grand soutien.
Des étudiants, des travailleurs et des partis politiques de gauche ont appelé à une manifestation à Lima samedi à partir de 16 h, heure locale, après la fin des matchs de quart de finale de la Coupe du monde de soccer au Qatar.
Mme Boluarte, vice-présidente jusqu'à son investiture mercredi après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement, n'a pas exclu l'organisation d'élections anticipées.
Je lance un appel aux sœurs et aux frères qui sortent manifester pour leur demander de se calmer
, a-t-elle déclaré à la presse.
Si la société et la situation le méritent, nous proposerons des élections dans le cadre de discussions avec les forces démocratiques du Congrès
, a déclaré Mme Boluarte en disant chercher une solution pacifique à la crise politique.
Des centaines de personnes ont marché vendredi dans les rues de la capitale péruvienne pour exiger la libération de Pedro Castillo. Aux cris de putschiste
, les protestataires ont brûlé des banderoles à l'effigie de Dina Boluarte.
La police avait fait usage jeudi de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se dirigeaient déjà vers le parlement en arborant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire Liberté pour Castillo
, Boluarte ne me représente pas
ou Dissolution du Parlement
.
Le Bureau du médiateur a appelé sur Twitter tous les citoyens à être calmes et responsables
, rappelant que l'utilisation de moyens violents pendant les manifestations est interdite
.
L'ex-président a-t-il été drogué?
Après sa tentative ratée mercredi de dissolution du Parlement et d'instauration d'un état d'urgence, une manœuvre qualifiée de coup d'État
, Pedro Castillo a été placé en détention provisoire jeudi pour sept jours sur réclamation du parquet, qui le poursuit pour rébellion
et conspiration
.
Il est détenu dans une caserne de la police, la même où un autre ex-président, Alberto Fujimori (1990-2000), purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité et corruption.
Son ancien chef de cabinet Guidio Bellido ainsi que Me Guillermo Olivera, un de ses avocats, ont laissé entendre vendredi que Pedro Castillo avait peut-être été incité
à dissoudre le Parlement sous l'effet de psychotropes.
Alors que le Parlement devait débattre d'une troisième procédure de destitution à l'encontre du président Castillo pour incapacité morale
depuis son accession au pouvoir, en juillet 2021, celui qui était encore à la tête du pays a fait une déclaration solennelle à la télévision, ceint de l'écharpe présidentielle, annonçant la dissolution du Parlement et l'instauration de l'état d'urgence dans le pays.
Il ne se souvient pas
de son annonce télévisée, a affirmé M. Bellido, réclamant la réalisation d'un test toxicologique de toute urgence
sur l'ancien instituteur.
Tout le monde a vu qu'il lisait d'une manière tremblante et j'émets l'hypothèse qu'il était sous l'emprise d'un sédatif
, a renchéri Me Olivera, affirmant qu'un verre de supposée eau
avait été servi à son client avant qu'il ne lise ce message écrit par d'autres personnes quelques minutes auparavant
.