Recours à l’aide médicale à mourir : le Québec au premier rang dans le monde

D'après le rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, 3663 personnes ont obtenu l'aide médicale à mourir entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022.
Photo : iStock
Le Québec répond désormais à plus de demandes d’aide médicale à mourir (AMM) que la Belgique et les Pays-Bas. Entre avril 2021 et mars 2022, 5,1 % des décès dans la province ont découlé de la procédure légalisée en 2015. Une tendance à la hausse qui se poursuit toujours.
Le nombre de personnes ayant eu recours à l’aide médicale à mourir explose depuis le début de la pandémie : il est passé de 1774 en 2019-2020 à 3663 en 2021-2022.
Le président de la Commission des soins de fin de vie, le Dr Michel Bureau, explique que ces données placent le Québec au premier rang dans le monde à ce chapitre.
Au Québec, c'est 5,1 % des décès qui [résultent de] l'aide médicale à mourir. Aux Pays-Bas, c'est 4,8 % des décès, et en Belgique, c'est 2,3 %.
Le Dr Bureau se dit étonné par l’augmentation rapide du nombre de demandes d’AMM au Québec. Selon lui, cette croissance pourrait s’expliquer par le fait que l'aide médicale à mourir est présentée aux patients comme un soin, et non comme une euthanasie.
Cette hausse pourrait-elle témoigner de dérapages dans l’application des normes établies?
Pas du tout. Les Québécois qui reçoivent l'aide médicale à mourir sont en fin de vie. Ils ont des souffrances qui ne peuvent être apaisées et répondent à tous les critères
, répond le Dr Bureau. La Commission des soins de fin de vie analyse toutes les demandes d’aide médicale à mourir pour s'assurer qu'elles soient conformes à la loi.
Et les médecins sont aussi de plus en plus nombreux à l’administrer. La RAMQ a vu bondir de 28 % le nombre de médecins qui lui ont facturé au moins un acte en lien avec une demande d'aide médicale à mourir en 2021-2022. La majorité d'entre eux ont administré l'AMM plus d'une fois au cours de cette période.
Des disparités régionales importantes
La proportion de décès suivant une demande d'aide médicale à mourir varie grandement d’une région à l’autre au Québec. Dans Lanaudière et dans le Bas-Saint-Laurent, près de 9 % des personnes décédées en 2021-2022 ont reçu l'AMM. À Montréal, c’est moins de 4 %.
Le taux d'acceptation des demandes d’aide médicale à mourir varie aussi énormément d’une région à l’autre. Par exemple, dans Chaudière-Appalaches, 98 % des patients qui formulent une demande d'AMM y accèdent. À Québec, cette proportion baisse à 75 % et, à Montréal, elle glisse à 54 %.
Une différence qui n’a pas de lien avec la langue maternelle des patients ou des médecins, puisque les données sont sensiblement les mêmes d’est en ouest dans la métropole.
Est-ce que le fait qu'il y ait plus de spécialistes sur l’île de Montréal fait en sorte qu'on poursuit les traitements plus longtemps? Je n'en sais rien
, dit le Dr Michel Bureau.
Avant la pandémie, le Collège des médecins craignait que le manque de soins palliatifs amène des patients à opter pour l’aide médicale à mourir.
Mais la Commission des soins de fin de vie estime que cette crainte n’est pas fondée. Selon son président, la proportion de décès découlant de l’aide médicale à mourir continuera possiblement à augmenter.
Il faut se préparer à ce que la croissance de l'aide médicale à mourir se poursuive
, affirme le Dr Bureau. Parce que l'année [2022-2023] est déjà très engagée, et la tendance se maintient.
Une évolution surprenante pour bien des médecins. En 2016, l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette ne pensait pas qu’on se dirigeait vers une croissance effrénée
.