Quand une école devient la batterie d’un quartier français
Dans la ville française de Dijon, un projet est en cours pour transformer la production et la consommation énergétiques d’un quartier.
Les panneaux solaires sur cette école de Dijon permettront d'alimenter en énergie plusieurs bâtiments du quartier.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
L’école primaire Buffon fait peau neuve avant le retour des élèves en janvier. Déjà, un coup d'œil sur le toit des deux édifices qui forment le complexe scolaire permet de réaliser que les rénovations des derniers mois ont permis une transformation de l'établissement.
Le toit a été transformé en véritable petit champ d’énergie solaire.
Avec ces dizaines de panneaux photovoltaïques installés au sommet de la structure, l’école a pour vocation non seulement de répondre à ses besoins énergétiques, mais aussi d’alimenter d’autres édifices du quartier.
Ce bâtiment va permettre d’alimenter quatorze bâtiments municipaux du quartier, dont la piscine, la bibliothèque, la mairie annexe et le théâtre
, précise Oanez Codet-Hache, directrice du service d’écologie urbaine de Dijon métropole.
La production d’électricité générée par l’école devrait ainsi pouvoir profiter aux 11 000 résidents du quartier populaire de la Fontaine d’Ouche, qui est en voie de subir d’autres transformations sur le plan énergétique et environnemental.
Le projet pilote a commencé en 2020, avant la crise énergétique qui secoue le continent européen, mais, selon les autorités dijonnaises, le contexte rend cette initiative encore plus pertinente.
« C’est vrai qu’avec le coût des augmentations de l’énergie, ce projet prend toute sa dimension. »
Outre Dijon, la ville finlandaise de Turku tente aussi l’expérience. Ces projets s’inscrivent dans le cadre du projet RESPONSE, une initiative de la Commission européenne visant à développer des quartiers à énergie positive
, des secteurs qui créent plus d’électricité qu’ils n’en consomment.
Clairement, l'autoconsommation collective est une voie d'avenir, pas la seule, mais est une voie d'avenir en matière d'énergie
, lance le vice-président de Dijon métropole, qui évoque les avantages pour les industries et les habitants.
Ainsi, d’autres édifices publics du quartier de la Fontaine d’Ouche seront par la suite dotés de leurs propres panneaux solaires, tout comme certains immeubles de logement.
Rénover des édifices pour améliorer leur consommation
En plus de l’installation d’infrastructures photovoltaïques, des travaux sont déjà en cours dans quelques tours d’habitation afin de réduire les pertes d’énergie.
Bâtis dans les années 1970, ces édifices sont souvent équipés de fenêtres qui ne sont plus tout à fait étanches et d’un système de chauffage qui n'est plus tout à fait efficace
, explique Grégoire Ensel, directeur des communications de Grand Dijon Habitat, un organisme responsable de plusieurs logements dans la région.
Dans environ 500 unités, les autorités sont donc en train de mieux isoler, en plus de changer les radiateurs, les fenêtres et le système de ventilation.
Tout ceci va faire 30 % d’économie
, explique Grégoire Ensel.
Pour sauver 20 % supplémentaires d’énergie, des thermostats intelligents sont installés dans ces quelques centaines d’appartements. S’adaptant aux habitudes de vie des locataires, ces appareils permettent de mieux contrôler le chauffage.
Annie Geoffroy, qui habite son appartement du quartier de la Fontaine d’Ouche depuis trois décennies, espère que ces changements auront un impact concret sur ses factures énergétiques.
On aura peut-être moins d’électricité et de chauffage à payer
, lance-t-elle.
Il n’y a pas que les résidents qui souhaitent faire des économies d’énergie avec ce projet, la Ville de Dijon aussi, et ce, malgré les coûts occasionnés par le projet.
La transformation du quartier de la Fontaine d’Ouche coûte 9 millions d’euros (12,8 millions de dollars canadiens), une somme en grande partie financée par la Commission européenne.
« On est sur une logique de baisse de nos coûts, donc baisse de nos charges nous-mêmes en tant que ville utilisatrice, puisqu'on a beaucoup de bâtiments publics dans ce secteur. »
Bien que le projet pilote ne doive prendre fin qu’en 2025, les autorités dijonnaises envisagent déjà de l’implanter dans d’autres secteurs de la ville.
Puis d'autres villes européennes comme Bruxelles, en Belgique, ou Saragosse, en Espagne, suivent de près l’expérience en cours à Dijon dans le but de mettre en place des mesures d’économie d’énergie semblables sur leur territoire.