Des jeunes du Centre jeunesse de Sept-Îles sont sous-scolarisés

Les jeunes aux besoins d'encadrement plus grands doivent être scolarisés directement au Centre jeunesse.
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
Le Centre de réadaptation pour les jeunes en difficulté d'adaptation de Sept-Îles (Centre jeunesse) n’arrive plus à scolariser suffisamment une partie de ses résidents, en raison d’un manque de personnel.
Le problème touche six jeunes qui ne peuvent pas fréquenter l’école publique, en raison de besoins d’apprentissage et d’encadrement élevés.
Ils n’ont droit qu’à trois demi-journées de cours par semaine au Centre jeunesse, au lieu d’un enseignement à temps complet.
Le Centre de services scolaire (CSS) du Fer, qui est responsable de leur scolarisation, n’arrive pas à trouver le personnel nécessaire.
On a une enseignante à la retraite qui a accepté de donner un coup de main à temps partiel [...] Depuis le début de l'année, on est en démarche pour recruter, tenter de trouver, et donner les services qu’on donne habituellement. Malheureusement, nos démarches ont été infructueuses
, explique le directeur général du CSS du Fer, Richard Poirier.
La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Côte-Nord a refusé nos demandes d'entrevue. La DPJ
dit toutefois avoir bon espoir que des enseignants seront trouvés bientôt.Un espoir que partage le CSS du Fer, qui rappelle toutefois que la pénurie de main-d'œuvre frappe de plein fouet le réseau de l’enseignement.
La réalité particulière des centres jeunesse et les besoins des jeunes qui y sont scolarisés influent aussi sur la rétention du personnel, selon le Centre de services scolaire.
Ça prend des gens qui sont à l’aise. C’est important d’aimer cette clientèle-là, il faut vouloir la faire évoluer. Maintenant, il faut être capable de leur donner le meilleur service, avec des enseignants qui vont comprendre leur réalité et vont les amener plus loin pour qu’ils se développent
, précise Richard Poirier.
Une injustice
La situation au Centre jeunesse de Sept-Îles est déplorée par l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Le syndicat représente les travailleurs de la DPJ
dans la région.Les jeunes en centre de réadaptation sont victimes d’une injustice complètement aberrante. Ils ont besoin de réadaptation, parce qu’ils sont en difficulté de fonctionnement social et souvent en trouble d’adaptation. On leur coupe des services fondamentaux à l’intégration d’un individu en société
, explique la représentante nationale de la Côte-Nord pour l’APTS , Maude Fréchette.
Cette dernière reconnaît que la responsabilité du personnel revient au Centre de services scolaire, mais souligne que la DPJ
devrait accentuer la pression pour qu’une solution soit trouvée rapidement.Rapport Laurent
La sous-scolarisation des jeunes de la DPJ
a été décriée dans le rapport de la commission Laurent en 2021.Selon le rapport, moins d’un quart des jeunes scolarisés en centre jeunesse obtiennent leur diplôme d’études secondaires une fois adultes, contre 77 % dans la population générale.
Le phénomène serait un facteur de risque important pouvant mettre en péril la capacité des jeunes à fonctionner pleinement dans la société une fois adulte.