La nouvelle loi sur le logement en Ontario encore critiquée après son entrée en vigueur

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant l'hôtel de ville d'Ottawa, mercredi, pour protester contre la nouvelle loi sur le logement de l'Ontario, anciennement appelée projet de loi 23.
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
Les critiques à l'égard de la nouvelle loi sur le logement de l'Ontario continuent de s'accumuler à Ottawa même si la législation, connue auparavant sous le nom de projet de loi 23, est devenue loi à la fin du mois de novembre.
Une foule d'un peu plus de 100 personnes s'est rassemblée près de l'hôtel de ville d'Ottawa, mercredi, pour demander au premier ministre Doug Ford d'abroger la loi intitulée Loi de 2022 visant à accélérer la construction de plus de logements.
Selon les manifestants, cette loi va entraîner une hausse des impôts fonciers, la perte de terres humides et de terres agricoles précieuses et ne fera rien pour rendre les logements plus abordables pour ceux qui en ont le plus besoin.
Une fois que les terres agricoles sont transformées en lotissements, nous ne pouvons pas les récupérer. Une fois que les zones humides sont drainées, nous ne pouvons pas les récupérer
, a scandé une manifestante, Andrea Sissons. La valeur de les laisser intactes l'emporte sur toute valeur associée à leur développement.
M. Ford a déclaré que la nouvelle loi sur le logement permettra à l'Ontario de construire 1,5 million de logements en 10 ans, principalement en libérant des terrains qui étaient auparavant jugés non aménageables.
Mme Sissons et d'autres manifestants qui ont pris la parole mercredi sont d’avis que le gouvernement s'y prend de la mauvaise façon en contribuant à un plus grand étalement urbain et en ouvrant des terres écosensibles au développement.
Nous devons être plus intelligents dans la façon dont nous construisons les logements
, plaide Mme Sissons. Comment allons-nous nous nourrir si nous continuons sur cette voie?
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Des architectes opposés
Des architectes et des concepteurs urbains d'une quinzaine de cabinets en Ontario ont publié une lettre ouverte adressée à M. Ford et au ministre des Affaires municipales et du Logement, Steve Clark, leur demandant de renvoyer le texte législatif à la planche à dessin.
Nous croyons fermement que ce projet de loi n'atteindra pas son objectif déclaré
, ont écrit les architectes dans la lettre publiée le 25 novembre dernier.
Au contraire, elle entravera la construction de logements abordables dans notre province, démantèlera les considérations de planification régionale et de conception urbaine, sapera la protection du patrimoine, la protection de l'environnement et l'atténuation des changements climatiques, et limitera la participation du public à la façon dont nous construisons nos communautés
, peut-on y lire.
Un directeur de CSV Architects, à Ottawa, Anthony Leaning, n'a pas participé à la rédaction de la lettre ouverte, mais il déclare qu'il soutient pleinement ses collègues architectes dans leur critique du gouvernement.
Nous travaillons dans le domaine du logement abordable depuis des décennies, alors nous avons une assez bonne idée de ce qui constitue un logement abordable
, explique-t-il. L'une des choses qui ne rendent pas le logement abordable [possible] est l'expansion des banlieues.
En encourageant l'étalement au lieu d'une plus grande intensification, M. Leaning est d’avis que l'accessibilité au logement devient ainsi un problème non seulement pour les acheteurs de maison, mais aussi pour les municipalités, puisque des études ont démontré que le développement suburbain est un plus grand fardeau sur les impôts fonciers que le remplissage urbain.
Le maire nouvellement élu d'Ottawa, Mark Sutcliffe, a déclaré que la Loi pourrait avoir un impact dramatique
sur les finances de la Ville, car Ottawa risque de perdre 130 millions de dollars en redevances d'aménagement sur cinq ans.
Même si le projet de loi 23 a été adopté, M. Leaning prévoit réunir les voix d'autres architectes et urbanistes pour faire changer d'avis le gouvernement Ford.
S'ils commençaient à écouter les gens, je pense qu'ils se rendraient compte que la législation présente de graves problèmes et des failles
, fait-il remarquer. Avec de la chance, ils verront qu'ils doivent reconsidérer au moins certaines parties de la Loi.
Avec les informations de Giacomo Panico, CBC News