Toute fusion des réseaux de santé serait inacceptable aux yeux de la pdg de Vitalité
Dans une entrevue à Radio-Canada Acadie, la Dre France Desrosiers prend position sur la gouvernance en santé.

La PDG de Vitalité France Desrosiers défend la dualité dans le système de santé au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Gilles Boudreau
Au Nouveau-Brunswick, la présidente-directrice générale du Réseau de santé Vitalité estime qu'une fusion des réseaux de santé ou de leurs conseils d'administration serait inacceptable. Pour la Dre France Desrosiers, il s'agit de la ligne à ne pas franchir.
Je pense que nos francophones ont le droit de recevoir leurs soins en français et la meilleure façon d'y arriver, c'est d'avoir un réseau de santé francophone
, indique la Dre Desrosiers dans un entretien avec Radio-Canada Acadie.

La Dre France Desrosiers, pdg du Réseau de santé Vitalité, répond aux questions du journaliste Nicolas Steinbach.
Photo : Radio-Canada
Elle explique qu'on lui a laissé entendre que la province se donnait de l’espace pour réviser le modèle de gouvernance
des réseaux de santé. Le ministre de la Santé Bruce Fitch n’a pas fermé la porte à un conseil d’administration commun pour Vitalité et Horizon.
La Dre France Desrosiers s’en inquiète et tient à prendre la parole.
« C'est vraiment d'avoir une organisation distincte qui nous permet de respecter les particularités linguistiques, sociales et culturelles du peuple francophone. C'est ce qui est acceptable pour moi. En dehors de tout ça, ce n'est pas acceptable. »
En juillet dernier, en pleine crise des urgences, le premier ministre Blaine Higgs a révoqué les conseils d’administration des deux régies et les a remplacé par des fiduciaires, en plus de remplacer sa ministre de la Santé Dorothy Shephard par Bruce Fitch et de congédier le PDG d’Horizon, le Dr John Dornan.
La seule qui a survécu à ce grand ménage est la Dre Desrosiers. Selon elle, c’est en raison des bons résultats de Vitalité que le premier ministre Higgs a choisi de préserver l’équipe de gestion.
Je pense que M. Higgs est quand même quelqu'un d'assez cartésien qui base ses décisions sur des performances et des indicateurs. Le Réseau de santé Vitalité, en matière de performance, s'est quand même relativement bien démarqué
, pense-t-elle.
Des C.A. améliorés
Ceci dit, France Desrosiers croit qu’il y a quand même place à l’amélioration quand viendra le temps de reconstituer les deux conseils d’administration.
Avant sa dissolution, l’ancien membre du C.A., Louis-Marie Simard avait été suspendu en raison d’un conflit d’intérêts. Dans ce débat, la question de la représentation régionale et des intérêts des communautés avait été mise de l’avant.
Même si elle privilégie de bonnes relations avec les communautés, la PDG
de Vitalité aimerait voir un conseil d’administration davantage concentré sur les intérêts généraux du réseau.Ce n'est pas le rôle d'un membre d'un conseil d'administration de défendre une région par rapport à une autre. Son rôle, c'est de s'assurer de protéger sa corporation, s'assurer qu'elle est en bonne et due forme et qu'elle rend des comptes aux parties prenantes
, estime la Dre Desrosiers.
Cette dernière aimerait aussi voir des membres du conseil d’administration choisis ou élus en raison de leurs compétences, bien qu’elle admette que ce choix ne relève pas d’elle, mais plutôt du gouvernement provincial.
Limiter le privé en santé
Sans se prononcer directement à l’encontre du privé dans le système de santé, France Desrosiers émet des réserves.
Elle applaudit le projet hybride en ophtalmologie à Bathurst, où le réseau conserve un certain contrôle au niveau de la gestion.
Mais France Desrosiers ne souhaite pas voir une multiplication des acteurs en santé.
L'Extra-mural, les services ambulanciers [Medavie] sont à l'extérieur des deux régies de santé, ça rend la situation plus complexe
, observe-t-elle.
« Notre système est beaucoup trop morcelé. »
En ce qui concerne les infirmières itinérantes, auxquelles Vitalité a dû faire appel récemment, France Desrosiers rappelle que c’est une solution de dernier recours qu’elle souhaite éviter.
Ce n'est définitivement pas une solution à long terme, même pas à moyen terme.
Toutefois, il va falloir trouver des solutions à la crise des ressources humaines, qui n’ira pas en s’améliorant au cours des prochaines années.
On ne peut plus offrir les soins comme dans le passé, où on avait juste besoin d’ajouter des ressources. On n'en aura pas de ressources, on en aura de moins en moins. Ce n'est pas l'argent qui manque tout de suite, c'est les ressources humaines. On a besoin de repenser à comment on offre nos soins à nos aînés et comment on peut améliorer notre accès en médecine
, pense la dirigeante.
La Dre France Desrosiers se réjouit qu’une meilleure collaboration existe entre les réseaux et les autres acteurs en santé, dont les ministères de la Santé et du Développement social. Selon elle, c’est la clé pour trouver des solutions aux problèmes complexes du système, comme le vieillissement de la population et la pénurie de main-d'œuvre.
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Avec des informations de Nicolas Steinbach