Immigration francophone hors Québec : nécessaire à la « cohésion sociale »
Le ministre fédéral de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Il est nécessaire de faire croître la proportion d'immigrants francophones hors du Québec afin de maintenir la « cohésion sociale », estime le ministre fédéral de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser.
C'est essentiel de continuer d'augmenter le nombre de nouveaux arrivants en général. C'est une bonne chose pour notre pays, mais ce n'est [pas] possible pour moi de maintenir la cohésion sociale si [on] n'augmente pas le nombre de nouveaux arrivants francophones aussi
, a-t-il déclaré mardi après-midi en mêlée de presse.
Appelé à clarifier sa pensée, le ministre a parlé du fait que le Canada est un pays bilingue et a vanté la diversité de sa population. Son bureau a plus tard indiqué à La Presse canadienne que le ministre veut conjuguer l'appui
à l'idée que l'immigration est nécessaire à l'économie et le fait que les francophones de l'extérieur du Québec sentent que leurs besoins sont comblés
.
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L'une de ses porte-parole a assuré qu'elle ne tente pas du tout
de réécrire les propos du ministre qu'elle a décrit comme un anglophone qui n'a probablement pas
choisi le bon mot. Elle a du même souffle évoqué d'elle-même qu'elle ne veut pas tomber dans le piège
de comparer ça avec le contexte au Québec
.
Le premier ministre du Québec, François Legault, avait effectivement lui-même suggéré lors de la campagne électorale qui l'a maintenu au pouvoir que l'immigration non francophone dans la province constituait une menace à la cohésion nationale
. Ses propos avaient amené le ministre du Patrimoine canadien et lieutenant du Québec, Pablo Rodriguez, à l'accuser de diviser les Québécois
.
Fraser confiant
à l'égard de la cible de 4,4 % d'immigration francophone
Le ministre Fraser faisait ces commentaires immédiatement après avoir témoigné presque entièrement en français devant le comité permanent des langues officielles où il s'est dit très confiant
que son ministère atteindra l'an prochain la cible actuelle de 4,4 % et qu'il vise à l'augmenter à l'avenir.
Cette cible a été fixée en 2003 et n'a jamais été atteinte depuis. Elle correspond à la proportion de francophones hors Québec -- qui est définie selon la langue maternelle et la première langue officielle parlée -- en 2001.
Quinze ans plus tard, en 2016, le poids démographique des francophones de ces régions avait diminué à 3,8 % et, au rythme actuel, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) prévoit qu'il se situera à 3,1 % en 2036.
Or, les communautés francophones et acadienne réclament désormais qu'Ottawa fasse des pas de géant et se dote d'une cible de réparation
de 12 % par année dès 2024, qui augmenterait progressivement à 20 % d'ici à 2036.
Questionné sur le sujet par la députée néo-démocrate Niki Ashton, M. Fraser a déclaré qu'il veut atteindre les buts avant de fixer de plus grands buts
.
Mais les cibles demandées par les communautés sont-elles réalistes, lui a ensuite demandé le député conservateur Bernard Généreux. Aujourd'hui, ce n'est pas possible parce que je n'ai pas les [demandes] dans l'inventaire [du ministère]
, a-t-il répondu.
Pallier la pénurie de main-d'œuvre
Afin d'augmenter substantiellement la proportion d'immigrants francophones, la FCFA
réclame notamment la création d'un programme d'immigration économique francophone distinct, de lever certaines barrières aux visas étudiants et d'augmenter la capacité de traitement des demandes d'immigration dans les pays francophones, notamment en Afrique.Il y a un mois, le gouvernement libéral fédéral avait dévoilé ses plans afin de hausser massivement le nombre de nouveaux arrivants pour le faire passer à 500 000 par an d'ici 2025, car Ottawa cherche à pallier une grave pénurie de main-d'œuvre dans tout le pays.
Le Québec avait alors accueilli la nouvelle comme une douche froide. Selon le gouvernement provincial, le seuil de 50 000 immigrants est nécessaire afin de respecter sa capacité d'accueil, de francisation et d'intégration
.
Le ministre de l'Immigration, Sean Fraser, avait été questionné pour savoir s'il considérait que hausser de la sorte le seuil pancanadien mettait de la pression sur Québec pour qu'il accepte d'accueillir plus d'immigrants s'il ne veut pas voir son poids démographique décliner. Il avait répondu que sa décision de cibles d'immigration se basait sur l'intérêt pancanadien.