Langues : Kris Austin reste campé sur ses positions mais ne lance pas d’ultimatum
« Je n’aime pas lancer des ultimatums », affirme le ministre.

Kris Austin veut faire progresser ses idées à propos de la révision de la Loi sur les langues officielles mais n'a pas l'intention de tracer une ligne dans le sable (archives).
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Le ministre Kris Austin maintient ses positions dans les dossiers linguistiques au Nouveau-Brunswick, mais il ne va pas jusqu'à menacer de ne pas appuyer la réforme de la Loi sur les langues officielles s'il n'obtient pas ce qu'il souhaite. Il dit qu’il veut surtout trouver un terrain d’entente dans ce dossier.
Kris Austin est sous les projecteurs depuis qu’il a été nommé au comité de députés progressistes-conservateurs qui se penchent sur la révision de la Loi sur les langues officielles.
Cette nomination a été vertement dénoncée par de nombreux leaders et organismes acadiens en raison du fait qu’il défend depuis des années des positions hostiles à certains droits et acquis linguistiques des francophones.
À plus d’une reprise au cours des dernières semaines, Blaine Higgs s’est porté à la défense de son ministre. Et Kris Austin lui est reconnaissant de ces sorties publiques.
Ce que j’ai à offrir, c’est l’occasion d’avoir un débat public. Je suis heureux que le premier ministre m’ait défendu et m’ait nommé au comité. Vous le savez, il a subi de fortes pressions à ce sujet
, a-t-il dit lors d’une entrevue récente avec CBC.
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Kris Austin réitère qu’il est en faveur du bilinguisme officiel mais qu’il veut s’assurer que sa mise en œuvre ne se fasse pas au détriment des gens unilingues.
Selon lui, il faut que les Néo-Brunswickois puissent être servis dans la langue officielle de leur choix tout en s’assurant qu’aucune personne unilingue ne se fasse refuser un emploi dans la fonction publique provinciale parce qu’elle n’est pas bilingue.
« Le bilinguisme est là depuis longtemps. Nous appuyons le bilinguisme, mais nous devons nous assurer que c’est fait d’une façon qui fonctionne pour tout le monde et que les valeurs constitutionnelles qui l’entourent subsistent. »
Il s’agit d’ailleurs d’une façon de présenter ses positions qui est régulièrement critiquée par des leaders acadiens.
La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick avait dénoncé cette approche dans un communiqué publié après la nomination de Kris Austin au conseil des ministres, à la mi-octobre.
Bien qu’il se dise ouvert au bilinguisme officiel, ses multiples prises de position anti-dualité linguistique depuis son apparition sur la scène politique provinciale témoignent plutôt de son ignorance et de son mépris à l’égard de nos droits linguistiques si chèrement acquis
, pouvait-on lire dans la déclaration de la SANB .
J’ai été aussi clair que possible au cours des dernières années
Kris Austin assure que tous les membres du comité et du caucus savent depuis longtemps quelles sont ses positions dans le dossier de la révision de la Loi sur les langues officielles.
J’ai eu de nombreuses discussions avec le premier ministre. J’ai eu de nombreuses discussions avec mes collègues. Ils savent quelles sont mes positions dans ce dossier. Je ne pense pas qu’il y ait de surprises. J’ai été aussi clair que possible au cours des dernières années
, explique-t-il.
Il est aussi conscient du fait que tous ses collègues ne sont pas d’accord avec lui. Le ministre Daniel Allain a notamment fait une sortie publique remarquée à ce sujet le 24 novembre. Dans une lettre au premier ministre et en entrevue avec Radio-Canada Acadie, il a bien indiqué ses limites.
Daniel Allain a dit que certains droits et acquis des francophones sont non négociables, notamment l’existence de deux régies de la santé, le système actuel de transport scolaire et l’existence du Commissariat aux langues officielles.
Il ne s’est pas opposé à la présence de Kris Austin au sein du comité de députés. Mais Daniel Allain a dit qu’il va défendre ses positions et éventuellement voter contre des propositions avec lesquelles il est en désaccord.
Kris Austin va-t-il lui aussi tracer une ligne dans le sable pour faire comprendre qu’il tient vraiment à certains changements? Pourrait-il menacer de démissionner ou de voter contre le projet de révision s’il n’est pas content de ce qui s’y trouve?
Eh bien… non. Je n’aime pas lancer des ultimatums. Pour moi, ça consiste à trouver un terrain d’entente, à voir comment je peux m’assurer qu’au moins certaines de mes idées sur les politiques publiques – quelles qu’elles soient – soient amenées à la table et qu’elles fassent partie du changement.
Il est d’ailleurs convaincu que sa décision de se joindre au Parti progressiste-conservateur – avec sa collègue allianciste Michelle Conroy –, en mars 2022, fait en sorte qu’il a plus d’emprise sur les politiques publiques.
Je ne vais pas gagner toutes les batailles. Mais je sais que je suis plus efficace aujourd’hui qu’à l'endroit où je me serais retrouvé si je n’avais pas fait le saut
, dit Kris Austin.
Avec des informations de Jacques Poitras, CBC