Mort de Shireen Abu Akleh : Al Jazeera soumet l’affaire au procureur de la CPI

Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne de la chaîne arabe Al Jazeera, a été tuée alors qu'elle couvrait un raid israélien dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 11 mai.
Photo : Associated Press
La chaîne de télévision qatarie Al Jazeera a annoncé mardi avoir soumis au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) un dossier accusant l'armée israélienne d'avoir délibérément tué la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh en mai.
La chaîne dit que les éléments transmis à la CPIde nouvelles preuves et des images vidéo montrant clairement que Shireen Abu Akleh et ses collègues se sont fait tirer directement dessus par les forces d'occupation israéliennes
le 11 mai.
Ce jour-là, la journaliste vedette d'Al Jazeera avait été tuée d'une balle à la tête lors d'un raid de l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Ma famille ne sait toujours pas qui a tiré la balle mortelle et qui était dans la chaîne de commandement qui a tué ma tante
, a déclaré lors d'une conférence de presse à La Haye Lina Abu Akleh, nièce de la journaliste.
Après avoir reçu des plaintes d'individus ou de groupes d'individus, le procureur décide de façon indépendante des affaires qu'il compte soumettre aux juges de la Cour.
C'est à ces juges qu'il revient alors de décider si le procureur doit ou non ouvrir une enquête préliminaire, laquelle peut être suivie d'une enquête en bonne et due forme et, le cas échéant, d'une ou de plusieurs inculpations.
Israël ne coopère pas avec la CPI
La CPI
, créée en 2002 pour juger les pires atrocités commises dans le monde, a ouvert en 2021 une enquête sur des crimes de guerre présumés dans les Territoires palestiniens. Mais Israël n'est pas membre de la CPI , et a déclaré qu'il ne coopérerait à aucune enquête externe sur la mort de la journaliste.Personne n'enquêtera sur les soldats de Tsahal [l'armée israélienne] et personne ne nous prêchera la morale dans la guerre, certainement pas Al Jazeera
, a déclaré le premier ministre israélien Yaïr Lapid dans un communiqué.
Le bureau du procureur de la CPIa reçu la communication
d'Al Jazeera, mais qu'il ne commente pas les soumissions individuelles.
Le jour de sa mort, à 51 ans, la journaliste couvrait des affrontements armés déclenchés par une opération militaire israélienne dans le camp de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes, où une unité spéciale tentait d'appréhender des suspects.
La journaliste, chrétienne, était équipée d'un gilet pare-balles avec la mention presse
et d'un casque, et l'Autorité palestinienne et Al Jazeera ont immédiatement accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.
Des preuves contre les soldats israéliens
Les preuves montrent également, selon la chaîne, qu'il n'y avait pas eu de tirs dans la zone, sauf ceux des soldats israéliens. Les journalistes étaient en pleine vue
et marchaient lentement le long d'une route déserte.
L'armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, a reconnu pour la première fois en septembre qu'il y avait une forte possibilité
pour que Shireen Abu Akleh ait été tuée par l'un de ses soldats, mais certainement pas de façon délibérée.
L'affirmation des autorités israéliennes selon laquelle Shireen a été tuée par erreur dans un échange de tirs est totalement infondée
, selon Al Jazeera, affirmant que les forces israéliennes ont directement tiré
sur les journalistes.
Rodney Dixon, l'avocat mandaté par Al Jazeera, a estimé qu'il y avait une tentative de dissimulation complète
des circonstances de la mort de la journaliste de la part d'Israël.
La mort de la journaliste relève d'une campagne systématique et à grande échelle
d'Israël contre Al Jazeera, a-t-il affirmé, faisant aussi référence à la destruction de l'immeuble qui abritait le bureau de la chaîne à Gaza lors d'un bombardement israélien en 2021.
Il y a clairement une tentative de fermer Al Jazeera et de la réduire au silence
, a-t-il ajouté.