Un pêcheur affirme que son bateau est « prisonnier » au chantier naval de Bas-Caraquet

La cabine du bateau en construction pour le pêcheur Morgan Coombs, dans la bâtisse qui était occupée par l'entreprise Construction navale atlantique au chantier de Bas-Caraquet.
Photo : Morgan Coombs
Un jeune pêcheur de homard de 37 ans originaire de Pokeshaw, Morgan Coombs, faisait construire un bateau de 45 pieds chez Construction navale atlantique. Mais, les choses n'ont pas du tout tourné comme il le souhaitait.
Le bateau de ses rêves se trouve toujours dans la bâtisse qu'occupait cette entreprise au chantier de Bas-Caraquet et il tente de le récupérer.
Construction navale atlantique a déclaré faillite le 8 novembre dernier, laissant derrière elle des dettes de plus de 2 millions de dollars.
Au moment de la faillite, un différend opposait les dirigeants de Construction navale atlantique et ce pêcheur.
La situation n'est toujours pas réglée. Le pêcheur estime que la construction du bateau n'est complétée qu'à cinquante ou soixante pour cent, mais qu'elle est payée à près de quatre-vingts pour cent.
Un bateau « prisonnier »
Morgan Coombs considère que son bateau est en quelque sorte prisonnier
dans cette bâtisse, qui a été vendue en février dernier par le gouvernement provincial à une compagnie à numéro dont les administrateurs sont, pour la plupart, les mêmes que ceux de Construction navale atlantique.
Mon bateau est encore derrière la porte maintenant
, dit-il. Ça m'a coûté plusieurs dollars en frais d'avocats. Ça fait plusieurs mois qu'on essaie de faire sortir le bateau et on n'a pas encore eu de succès.
Les responsables de Construction navale atlantique et de la compagnie à numéro ont refusé de commenter cette affaire.
Le pêcheur voudrait apporter le bateau dans ses installations, à Pokeshaw, pour pouvoir en compléter la construction.
Puisque c'est sous le contrôle de Raymond Chabot, le syndic d'insolvabilité, on a envoyé les preuves à leur bureau pour démontrer que c'est notre bateau, notre moteur, notre grue, notre génératrice et tous nos morceaux qui sont déjà payés
, explique-t-il. Dès qu'ils nous donnent l'autorisation de sortir le bateau, on va le faire.
Le syndic autorisé en insolvabilité Stéphane Gauvin, de la firme Raymond Chabot, confirme qu’il a ce dossier en main.
Il y a un litige concernant un compte à recevoir sur ce bateau et nous analysons le tout avec notre procureur afin de déterminer les droits de chaque partie
, explique-t-il. Nous prendrons les décisions nécessaires avec les inspecteurs aux dossiers au cours des prochaines semaines.
Un beau bateau
Morgan Coombs raconte qu'il voulait un bateau du type Robitaille, fabriqué par Construction navale atlantique.
Le premier que j'avais vu, c'était le Jean Cristelle
, dit-il. Je le trouvais vraiment beau. Il était futuriste.
Le pêcheur relate que la planification des travaux de construction du bateau et la construction en tant que telle ont connu des ratés, des retards. Il aurait aimé voir son nouveau bateau au quai de Grande-Anse au printemps dernier pour entreprendre la saison de pêche au homard. Mais, au lieu de cela, il a dû acheter un bateau de 35 pieds construit en 1997 pour ne pas rater la dernière saison de pêche.
J'ai eu des problèmes avec mon hydraulique, beaucoup de problèmes qui sont associés à un vieux moteur et à un vieux bateau
, dit-il.
Ils [les dirigeants de Construction navale atlantique] ont tout simplement dit qu'ils n'allaient pas me donner mon bateau si je ne leur donnais pas plus d'argent
, affirme-t-il. Ils ont dit qu'ils gardaient mon bateau jusqu'à ce que je paie et qu'ils n'allaient pas sortir de leur shop.
Mais Morgan Coombs considère qu'il a suffisamment payé.
Le pêcheur montré du doigt dans la faillite
La situation de ce pêcheur [Morgan Coombs] qui avait un bateau en construction, mais qui ne voulait plus avancer d'argent, est une des raisons qui ont été invoquées pour expliquer la déconfiture de Construction navale atlantique par ses dirigeants.
Cela ne lui a visiblement pas plu.
J'ai de la misère à croire qu'un bateau, qui est payé à quatre-vingts pour cent, pourrait justifier des dettes de 2 millions de dollars
, lance-t-il.
Le pêcheur souligne que la Péninsule acadienne est une petite communauté.
Quand tu entends du monde discuter de même, ça m'affecte personnellement et ça nuit aussi à mes entreprises. J'ai plusieurs amis dans la région avec qui je fais affaire. Ça me donne une réputation qui n'est pas acceptable.