Cinq ans plus tard : la remarquable résilience de Sabryna Mongeon

Sabryna Mongeon en compagnie de son fils Loïc et de son ex-conjoint Jonathan
Photo : Radio-Canada / David Bates
La Gatinoise Sabryna Mongeon fait preuve d’une détermination à toute épreuve. Amputée des quatre membres à la suite d’un accident de la route survenu en 2017, elle est maintenant maman d’un garçon de trois ans. Et pour la première fois depuis son accident, elle s’est de nouveau assise derrière un volant.
Loïc, le petit garçon de Sabryna, ne se fait pas discret dans un coin de la maison pendant que sa maman accorde une entrevue à Radio-Canada. Il chante, il crie et il fait du bruit. C’est un enfant en pleine santé qui fait la fierté de sa mère.
Sabryna a le regard pétillant lorsqu'il est question de son enfant. Il symbolise à ses yeux le courage et la résilience dont elle a fait preuve ces dernières années.
La grossesse a été un peu difficile, car il y a eu beaucoup d'appréhension de la part de l’entourage [quant à] ma capacité [à avoir un enfant]
, explique-t-elle. Tout le monde trouvait ça un peu absurde que j’aie un enfant. C’était l’inconnu pour eux, mais moi, je n’avais pas peur.
Cette discrimination s’est aussi fait sentir à l’hôpital au cours des jours qui ont suivi son accouchement. Pendant trois semaines, le personnel soignant a évalué les habiletés de la jeune maman à prendre soin de son nourrisson.
L’équipe médicale a même menacé de porter plainte auprès de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) si la Gatinoise de 23 ans ne satisfaisait pas aux critères d’évaluation.
« Il y a beaucoup de discrimination qui entoure la naissance d’un enfant quand tu as un handicap. »
[Pourtant], pendant neuf mois, nous [avions eu] un ergothérapeute pour nous préparer [à la naissance]. Je me suis pratiquée sur des bébés-poupées. On avait adapté une bassinette avec des portes coulissantes pour que je puisse prendre Loïc sur moi. [J’ai appris] comment me déplacer avec Loïc sur ma chaise de façon sécuritaire
, explique Sabryna.
On s’était vraiment bien préparés. Tout était beau, mais malheureusement, on est tombés dans un milieu qui ne connaît pas ou qui n’est peut-être pas habitué à voir une personne quadruple amputée ou ayant un handicap s’occuper d’un enfant.
Aujourd’hui, Sabryna se considère comme une excellente mère, peut-être même plus compétente que certaines autres mamans qui ont leurs deux bras et leurs deux jambes.

L’histoire de Sabryna Mongeon, une jeune femme qui poursuit ses rêves après un accident d’automobile survenu à Noel 2017, est une histoire de détermination et de résilience. Ce n’est pas l’amputation de ses jambes et ses bras qui a empêché la Gatinoise d’avoir un enfant et de conduire à nouveau.
Plus forte que jamais
Sabryna avait 18 ans, le 24 décembre 2017, lorsque son véhicule a percuté un poteau électrique. Ses blessures ont forcé les urgentologues à lui amputer les bras et les jambes.
La jeune femme avait plusieurs raisons de se décourager, mais cinq ans plus tard, elle semble plus forte que jamais.
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Maman dévouée, propriétaire de quatre immeubles de logements et femme d’affaires… Sabryna Mongeau a une vie bien occupée et ne manque pas d’ambition.
Mon but est vraiment d'avoir un gros parc immobilier pour pouvoir léguer ça à Loïc, un jour
, explique-t-elle. Mon handicap, c'est un frein, mais il ne m’empêche pas de réaliser mon rêve.
La Gatinoise de 23 ans s’est même remise derrière le volant d’une voiture adaptée à ses besoins.
C'est juste merveilleux! Je peux me promener partout. Je suis allée chercher Loïc et il était émerveillé
, raconte la jeune femme, qui dit avoir retrouvé une certaine forme d’indépendance. Maintenant, je suis comme une personne normale : j'arrive à l'heure, je pars quand je veux, c'est merveilleux!
Même si sa vie semble avoir pris un tournant pour le mieux, Sabryna admet qu’elle a vécu des moments très difficiles pendant lesquels elle a fait plusieurs crises d’anxiété.
Mais je suis allée chercher de l’aide tout de suite
, précise-t-elle. Je n’ai pas attendu que ça se dégrade.
C’est probablement le conseil qu’elle prodiguerait à une autre personne qui se retrouverait dans la même situation. [Il ne faut] pas abandonner. C'est un long processus de retrouver ton autonomie et ton indépendance. C’est d'y aller un pas à la fois.
« C’est ma réalité et je vis avec ma réalité. »
Tous les jours, mes mains me manquent, mes jambes me manquent. Ma vie serait tellement plus simple si…
, lance-t-elle. Mais je ne suis pas quelqu'un qui reste dans le négatif, je n'ai jamais juste vu le côté noir des choses. J'ai une boule d'espoir qui est tout le temps là et je me dis que demain, ça va aller mieux.
Avec les informations de Camille Kasisi-Monet et d'Alexandra Angers