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Vieillir seul, mais bien accompagné, une question d’indépendance

Une femme d'environ 70 ans aux cheveux blancs courts et portant un gilet de laine jaune est assise à une table et fait un grand sourire.

Au Nouveau-Brunswick, au moins 22 % de la population était âgée de 65 ans et plus en 2021.

Photo : Getty Images / kupicoo

Radio-Canada

Pour la chercheuse Catherine Bigonnesse, les personnes âgées qui souhaitent vivre seules tiennent absolument à leur indépendance. Elles doivent néanmoins réfléchir à la capacité d’être indépendantes à la maison. Comment garder cette indépendance tout en diminuant les risques liés au vieillissement?

Selon cette chercheuse de la chaire d’études sur le vieillissement en santé à l’Université du Nouveau-Brunswick, le choix de demeurer à la maison est un processus dans lequel l’individu doit s’adapter à son environnement.

Certaines aînées se préparent pendant des années, avant de déménager, relate Catherine Bigonnesse. Lorsque la décision est soudaine et qu’une préparation psychologiquement n’a pas été faite, dit-elle, cela devient un immense stress émotionnel et un deuil.

Les pires transitions que l’on peut faire quand on est un aîné ou une aînée, c’est d’être forcé de quitter notre domicile parce que l’on n’était pas prêt.

Une citation de Catherine Bigonnesse, chercheuse

Souvent, une personne va s’adapter au fil du temps à sa situation, jusqu’à ce qu’il y ait un événement qui devient la goutte qui fait déborder le vase. Elle sera alors confrontée à des choix difficiles.

C’est pourquoi la vigilance est de mise, pour éviter que ce soit un choc de quitter son logement, lorsque le moment arrivera.

On essaie du mieux que l’on peut de s’adapter et de rester indépendant. Chaque personne a sa propre décision à prendre, dit-elle.

C’est toujours plus difficile pour la famille, en général, ou les gens qui regardent cela de l’extérieur et se disent : bien voyons, me semble que ce serait plus simple qu’elle déménage, puis qu’elle aille dans un appartement avec des services. Mais cette décision-là, il faut que la personne soit prête, explique Catherine Bigonnesse.

Encore beaucoup à offrir à la société

Huberte Gautreau.

Huberte Gautreau a reçu l'ordre de Moncton en 2019. Cet automne, elle recevait le Prix Albert-M.-Sormany afin de souligner le dévouement et la contribution inestimable au développement de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.

Photo : Gracieuseté : Don Ricker

Toujours active tant physiquement qu’intellectuellement, Huberte Gautreau, âgée de 88 ans, est à l’âge de la retraite, mais on ne peut vraiment pas dire qu’elle soit à la maison à ne rien faire.

Habituée à vivre seule en plein cœur de Moncton, elle se sent très bien entourée dans un quartier qui, pour elle, est exceptionnel, puisqu’elle peut compter sur l’entraide entre voisins.

Ses derniers lui donnent d’ailleurs un coup de main pour pelleter son entrée, l’hiver, bien qu’elle aime aussi faire cette tâche. Elle allait aussi au gym jusqu’à l’arrivée de la COVID-19, alors qu’elle avait déjà ses 85 ans bien sonnés.

Huberte Gautreau reconnaît le privilège qu’elle a de vieillir en santé. Si un jour sa situation change et que sa santé se détériore, elle se dit prête à quitter son domicile et obtenir de l’aide.

Pour le moment, elle croit plutôt qu’être utile est l’une des clés à la santé et au bon vieillissement.

Je n’ai jamais [vraiment] pris de retraite parce que j’ai toujours été dans des projets, dit celle qui était infirmière. On veut se sentir utile jusqu’à la fin de nos jours. Ça, je pense que ça doit être la même chose pour toutes les personnes au monde.

Huberte Gautreau indique que les personnes plus âgées ont beaucoup à offrir à la société, et déplore qu’on ne leur fasse pas assez appel.

L’énergie perdue pour la société de toutes les personnes âgées qui ne font rien et qui feraient quelque chose s’ils pouvaient... On ne les embauche plus, on n'a plus besoin de leurs conseils, on n’a plus besoin de rien […] Regarde dans les foyers. Toutes ces personnes-là, il y en a qui pourraient faire quelque chose […] ils sont là, assis dans leur chambre… c’est ça qui les fait mourir, déclare-t-elle.

La majorité ne veut pas vivre en foyer

La chercheuse Catherine Bigonnesse a pour mission de mettre sur pied un observatoire sur le vieillissement dans la province.

Le projet permettrait de créer des profils communautaires en Atlantique, en se basant sur les données existantes, pour savoir quels sont les besoins concrets de la population vieillissante de la région.

Catherine Bigonnesse,

Catherine Bigonnesse,

Photo : Radio-Canada / André Maillet

Pour Catherine Bigonnesse, il est clair qu’il faut augmenter les soins essentiels, particulièrement en santé.

Elle ajoute qu’il devrait aussi exister, en 2022, des alternatives à la vie en foyer de soins.

La majorité des aînés ne veulent pas vieillir dans des résidences pour personnes âgées, dit-elle.

Ceci dit, il faut nuancer, avance-t-elle, car il existe une proportion de personnes en perte d’autonomie qui ont besoin des services offerts par ces foyers de soins.

Plusieurs personnes âgées sont, par contre, transférées prématurément à ces centres de soins — par exemple après un séjour à l’hôpital — parce qu’il n’existe aucune autre option viable.

C’est là qu’entrent en jeu des initiatives comme Bien vieillir chez soi Cocagne, au Nouveau-Brunswick, qui cherche à offrir des services aux personnes âgées qui souhaitent rester le plus longtemps possible à leur domicile. Catherine Bigonesse est bien impliquée dans ce projet.

Une enseigne de la municipalité de Cocagne, dans le comté de Kent-Sud, au Nouveau-Brunswick.

Cocagne est une communauté rurale du comté de Kent, à l'est du Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada

Ce projet pilote lancé en 2021 dans le sud-est du Nouveau-Brunswick offre des services aux aînés, sans recouper ceux qui existent déjà.

C’est clair que ça répond à un besoin. Ce sont les petites tâches, des fois, qui font les différences, explique-t-elle.

À titre d’exemple, ils ont créé un partenariat avec un foyer de soins qui prépare des repas, qui sont livrés par des bénévoles aux personnes de la région. L'aide peut aussi être de tirer un four pour faire le ménage derrière, une fois par an, ou changer une ampoule au plafond quand la personne ne peut pas monter sécuritairement sur un tabouret.

Il y a des bénévoles qui peuvent venir. Il y a des jeunes qui ont 16 ans qui ont assez de force pour faire ça. C’est juste une question d’organiser ce genre de services-là, qui peuvent faire toute la différence et qui permettent aux gens de rester chez eux plus longtemps, dit Catherine Bigonnesse.

Une société vieillissante

Au Nouveau-Brunswick en 2021, la population âgée de plus de 65 ans représentait 22,5 %.

Selon Catherine Bigonnesse, la société vit une transformation importante, et il est grand temps de réinventer nos façons de faire.

Avec une population de gens âgés de 65 ans et plus qui dépasse les 20 % partout en Atlantique, les gouvernements sont forcés de réfléchir à de nouveaux modèles.

Une autre idée avancée récemment au Canada est celle des foyers « sans murs », où l’on irait à la rencontre des personnes âgées à leur domicile, pour leur permettre de rester plus longtemps à la maison tout en ayant de l’aide.

À part le projet pilote de Cocagne, il n'y a pas beaucoup d'autres options peu coûteuses qui peuvent être une alternative aux foyers de soins dans la province.

Pour l’instant, les options intéressantes aux yeux de Catherine Bigonnesse sont souvent du côté privé, comme des lieux de retraites avec beaucoup de services.

Elles ne sont pourtant pas à la portée de tous. Seule une petite partie de la population peut se permettre de payer quelques milliers de dollars pour vivre dans ces endroits, remarque Catherine Bigonnesse. On le sait, le Nouveau-Brunswick, typiquement, est une province beaucoup plus pauvre que d’autres provinces.

Oui, on peut développer des alternatives, mais il y a un prix à payer et il faut se demander peut-être, comme société, qu’est-ce qu’on veut pour nos aînés, puis qu’est-ce que les aînés veulent aussi, dit-elle.

D'après le reportage de Jimena Vergara

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