Université Nipissing : une santé financière fragile, selon la vérificatrice générale
La vérificatrice générale de l’Ontario et son équipe ont examiné l’état financier et les pratiques de gestion de quatre universités de petite ou moyenne taille, dans la foulée du déclin financier de l’Université Laurentienne.
L'Université Nipissing, à North Bay, a besoin de diversifier ses sources de revenus, selon son recteur.
Photo : Radio-Canada / Yvon Thériault
L’Université Nipissing, à North Bay, a enregistré 4 déficits annuels en 5 ans, entre 2016 et 2021, pour une perte totale de près de 10 millions de dollars.
L’institution a notamment enregistré un déficit de 4,5 millions de dollars pour l’année 2020-2021, mais maintient un solde positif de son actif net.
C’est un des constats de la vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, dans son audit de l’optimisation des ressources sur la gestion financière des universités de l’Ontario, qui se penchait sur quatre établissements.
Mme Lysyk note aussi que la direction de l’Université Nipissing n’a pas présenté pendant cette période de stratégie pour éviter de futurs déficits.
Elle souligne que l’Université Nipissing a mis en place l’an dernier une politique de gestion de la dette, mais note qu’elle s’est endettée de façon significative lors des 5 années précédentes en raison de plusieurs projets de construction.
L’objectif de l’audit était de vérifier si les problèmes qui ont mené à la crise financière de l’Université Laurentienne étaient présents dans d'autres universités de taille semblable.
En plus de l'Université Nipissing, le rapport s'est intéressé à l'Université Algoma, à l'Université de Windsor et à l’Université technologique de l’Ontario.
Celles-ci ont été choisies, car elles ont eu un rendement inférieur à la moyenne provinciale en 2020-2021.
La vérificatrice générale estime que les quatre établissements examinés dans son rapport devraient améliorer leurs pratiques de gestion financière pour continuer d’être financièrement viables.
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Rien de surprenant
Sarah Winters, présidente de l’Association des professeurs et professeures de l’Université Nipissing, n’a pas été surprise par le contenu du rapport de Mme Lysyk.
« Nous savions depuis un certain temps que la situation financière était risquée […], mais nous ne sommes pas la Laurentienne. »
Elle croit que le principal enjeu est le manque de financement public. Nous ne sommes pas une institution financée par le public, mais une institution aidée par les fonds publics.
On peut voir dans le rapport que les universités dans le Nord de l’Ontario ont besoin de plus d’aide
, ajoute madame Winters.
C'est d'ailleurs une des recommandations de Mme Lysyk.
« Plusieurs intervenants ont commenté que le modèle de financement devrait être révisé, pour prendre en compte que certaines universités plus petites ou dans des régions éloignées ont des besoins différents, a-t-elle déclaré en entrevue. »
Pour sa part, le recteur de l’Université Nipissing, Kevin Wamsley, estime que son établissement se porte plutôt bien à l’heure actuelle, comparativement au portrait présenté dans le rapport publié le 30 novembre.
Il souligne que l’analyse de Bonnie Lysyk s’arrête au 31 mars 2021. Nous avons pris des mesures pour mettre en place les recommandations de ce rapport.
Il reconnaît que l’Université Nipissing doit retrouver l’équilibre budgétaire, et pour y arriver, il faut trouver de nouvelles sources de revenus. Nous devons travailler avec la province pour assurer notre pérennité financière.
Les étudiants étrangers, une source de revenus de plus en plus importante
Bonnie Lysyk a particulièrement mis l’accent sur la dépendance des universités ontariennes aux revenus provenant des étudiants étrangers, surtout depuis la réduction et le gel des frais de scolarité pour les étudiants canadiens.
Si l’Université de Nipissing accueille relativement peu d’étudiants étrangers, c’est une autre histoire pour l’Université Algoma, qui a connu une forte croissance à ce niveau dans les dernières années.
Cette université, dont le campus principal est situé à Sault-Sainte-Marie, a d’ailleurs engrangé des surplus lors des cinq dernières années.
La rectrice et vice-chancelière de l’Université Algoma, Asima Vezina, affirme que son établissement s'efforce de diversifier la provenance des étudiants.
« Il y a trois ans, lorsque nous avons commencé à augmenter notre présence à l’international, le marché de l'Inde était incontournable. À ce moment-là, on ne pouvait pas se concentrer sur 12 ou 13 pays en même temps, il fallait en choisir un et le faire bien. »
Elle ajoute que depuis, l’Université a étendu ses efforts de recrutement à plusieurs autres pays et s’est fixé comme objectif qu’en 2025-2026, aucun pays ne fournira plus de 50 % des étudiants internationaux.
La rectrice précise que le nombre d’étudiants canadiens fréquentant l’Université Algoma a augmenté dans les dernières années.
Mme Vezina attend avec impatience la mise en place d’un cadre pour les droits de scolarité pour les étudiants canadiens. Nous fonctionnons sans un tel plan depuis un bon moment.
Elle affirme que l’absence d’un tel cadre, qui permettrait de baliser les futures hausses des droits par exemple, crée beaucoup d’incertitudes pour les universités.
La vérificatrice générale critique par ailleurs le ministère des Collèges et Universités pour son manque de stratégie à long terme, et aussi pour ses lacunes dans la surveillance financière des universités.
Dans son rapport, Mme Lysyk a inclus une réponse provenant du ministère.
« Le ministère reconnaît les problèmes et les préoccupations soulevés dans le présent audit et s’engage à collaborer avec les universités subventionnées par l’État pour régler les problèmes soulevés dans le présent rapport. »
Le Ministère évaluera les recommandations et les mesures proposées et prendra les mesures qui s’imposent dans la mesure du possible
, peut-on aussi lire.