Cri du cœur des maires de Roberval, de Saint-Félicien et de Dolbeau-Mistassini

Les maires André Guy, Luc Gibbons et Serge Bergeron étaient les invités du Cercle de presse du Saguenay à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Photo : Radio-Canada / Catherine Fillion
Dans un contexte inflationniste et en pleine pénurie de main-d'œuvre, les élus du Lac-Saint-Jean se mobilisent et lancent un cri du cœur.
Les maires de Dolbeau-Mistassini, de Saint-Félicien et de Roberval veulent que le gouvernement du Québec revoie le pacte fiscal qui les lie aux municipalités et qu'il redéfinisse les critères qui encadrent certains programmes d'aide pour leur permettre de mieux développer leurs villes.
De passage au Cercle de presse du Saguenay mercredi, André Guy (Dolbeau-Mistassini), Luc Gibbons (Saint-Félicien) et Serge Bergeron (Roberval) ont parlé d’une même voix et ont plaidé en faveur de la mobilisation pour obtenir davantage de soutien de la part de Québec.
André Guy a même révélé qu’une nouvelle table socioéconomique verra le jour au Lac-Saint-Jean. Elle regroupera non seulement des élus mais aussi des représentants du domaine des affaires et de l’industrie. L’objectif est simple : faire pression sur Québec pour obtenir plus d’investissements.
Selon André Guy, la Table régionale des élus (TRÉ) et la Table des préfets font du bon travail, mais il faut penser plus grand et définir des mesures concrètes pour obtenir davantage d’argent en provenance des coffres de Québec. Les revenus de taxation représentent environ 70 % du budget des municipalités et les citoyens ne peuvent pas en faire plus, ont souligné les maires. Il est donc impératif d’attirer des investisseurs, mais tout cela ne peut pas se faire sans l’implantation d’infrastructures ou la refonte d’infrastructures existantes, non sans coûts.
Ce qu’il faut avoir, c'est un rassemblement de différents intervenants socioéconomiques, des donneurs d’emplois, des industriels, des gestionnaires publics et des élus, tous regroupés à la même table de différents secteurs pour qu’on soit véritablement tous ensemble à exiger – et je dis bien "à exiger" – et à orienter nos politiques dans le futur. Lorsqu’on fera une demande, si c’est appuyé par la table socioéconomique du Lac-Saint-Jean, je pense qu’on aura un bon moyen de pression sur le gouvernement
, a martelé André Guy.
Le nouveau regroupement devrait se réunir prochainement. La question de la bonification des redevances versées aux régions pour l’exploitation des ressources naturelles fera l’objet de discussions. Au terme d’une étude réalisée par un consultant, les élus ont constaté que le Saguenay–Lac-Saint-Jean pourrait toucher 75 millions de dollars en dividendes.
À l’aide!
Le maire de Roberval, Serge Bergeron, croit que les programmes d’aide au développement des infrastructures compris dans le pacte fiscal sont obsolètes et ne représentent plus la réalité économique d’aujourd’hui, alors que le coût des chantiers et les soumissions explosent.
Il a profité de la tribune qui s’offrait à lui pour plaider en faveur d’une révision des programmes et de la hausse des montants accordés aux villes, lesquelles font des pieds et des mains pour diversifier leur économie.
Cela ne se fait pas sans coûts puisque des infrastructures d’égout et d’aqueduc doivent être construites pour accueillir des investisseurs. Serge Bergeron a lui aussi fait valoir qu’en contexte d’inflation, les citoyens ne peuvent pas en faire davantage.
Quand on parle d’être entendus par le gouvernement, c’est de regarder le pacte fiscal que vous avez avec vos municipalités, parce que ce n’est pas que le dossier de Roberval ou Saint-Félicien, c’est le dossier de l’ensemble du Québec
, a-t-il martelé.
De longs délais administratifs
Le maire de Saint-Félicien est pour sa part exaspéré par les délais qui mènent à l'obtention de certificats d'autorisation environnementale (CA) pour la réalisation de certains projets. Il demande carrément à la ministre régionale Andrée Laforest d'intervenir.
Il a expliqué que plusieurs infrastructures sont vieillissantes et doivent être remplacées. Or, les critères environnementaux sont serrés et les délais sont interminables.
Luc Gibbons estime que les retards occasionnent des coûts supplémentaires et peuvent même dissuader des promoteurs de s’établir dans sa ville.
On veut respecter les normes, mais c’est rendu compliqué. On est rendus à 200 000 $ en temps et en investissements depuis deux ans [pour un projet]. Parce que notre plan de débordement n’est pas accepté, tous les projets résidentiels et industriels sont bloqués [...]. Je demande à notre ministre régionale de nous accompagner. On ne connaît pas ça et on veut être accompagnés par la ministre. On aimerait partir en appel d’offres au printemps, on ne peut pas
, plaide Luc Gibbons.
Serge Bergeron a lui aussi maille à partir avec le ministère et croit que de plus en plus de responsabilités sont pelletées dans la cour des municipalités.
C’est assez particulier de voir à quel point ça débarque dans notre cour. Nos infrastructures ont vieilli, mais on n’a pas plus d’aide que ça
, souligne-t-il.
Dans sa municipalité, par exemple, il aura fallu quatre ans au ministère de l'Environnement pour autoriser un projet de camping de luxe, dont les promoteurs sont toujours à la recherche de financement.
Même chose pour le ministère des Transports du Québec, notamment en ce qui a trait aux améliorations qui doivent être apportées à la côte du Cran, dans le secteur de Saint-Prime, pour améliorer la sécurité des automobilistes. La démarche est longue et fastidieuse, croit le magistrat robervalois.
Les villes de Dolbeau-Mistassini, de Saint-Félicien et de Roberval déposeront chacune leur budget 2023 au cours des prochains jours. Sans surprise, il y aura une hausse du compte de taxes. Les trois maires n’ont cependant pas voulu s’avancer au sujet de l’ampleur de cette hausse.