L’Ontario n’est pas suffisamment préparé aux urgences environnementales, selon la VG

Plus de 100 feux de forêt ont frappé le Nord-Ouest de l'Ontario en même temps en 2021. (Archives)
Photo : CBC/Jeff Walters
La vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, critique le manque de préparation de plusieurs ministères provinciaux par rapport aux urgences environnementales, tels les feux de forêt et les mines abandonnées, dans son nouveau rapport annuel, publié mercredi.
Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) de même que celui des Mines sont particulièrement pointés du doigt pour un manquement à leurs obligations.
Le manque de renseignement de base sur les dangers naturels à l’échelle de la province est étonnant et troublant
, conclut-elle dans un communiqué.
Mme Lysyk présente une trentaine de recommandations fondées sur de solides évaluations des risques et sur les leçons tirées d’événements passés
pour améliorer les programmes de gestion.
Temps de réponse trop lent pour les feux de forêt
Dans son rapport, Mme Lysyk constate notamment que pour les 3873 incendies de forêt de 2017 à 2021 qui ont nécessité une intervention, il a fallu plus de quatre heures au MRNF pour déployer les équipes d’incendie à 15 % des incendies, ce qui dépasse le délai d’intervention de quatre heures requis.
Au total, il y a eu 4500 incendies en Ontario de 2017 à 2021 qui ont touché 1,44 million d’hectares de terres. Plus de 90 % ont eu lieu dans le Nord-Ouest de l’Ontario.

La saison des feux de forêt est demeurée calme en 2022, mais ce ne sera pas le cas à l'avenir. (Archives)
Photo : @ONfeudeforet
Pour 2021, l’équipe de Dryden est celle à avoir pris le plus de temps en moyenne, soit 13,6 heures. Cette saison a été particulièrement désastreuse pour sa région.
Les équipes de garde-feu à Cochrane (11 heures), Fort Frances (10,4 heures), Sioux Lookout (8,2 heures) et Thunder Bay (6,4 heures) font aussi partie des cinq premières.
Le district de Cochrane est très très grand
, défend le chef pompier de Cochrane, Richard Vallée. Si on part de Cochrane pour se rendre à l’extrême Nord, à Attawapiskat ou Moosonee, ça prend des heures et on ne peut pas se rendre en véhicule. Ça prend un avion.
Ces retards importants poussent la vérificatrice générale à recommander de :
déterminer si les délais d’intervention requis sont respectés en fonction des niveaux d’alerte;
de documenter pleinement les raisons des délais lorsqu’il y en a;
et d’apporter des corrections pour éviter qu’ils se reproduisent.
Elle appelle également le MNRF à élargir la portée, la sensibilisation et l’adoption des initiatives Intelli-feu et des plans de protection contre les feux de forêt, qui selon elle ne sont pas utilisés à leur plein potentiel.
En date d’août 2022, seules 15 des 144 municipalités du Nord en ont un.
M. Vallée concède qu’il a été exigeant de subvenir aux besoins de tous en raison de l’ampleur des évacuations provoqués par les brasiers l'an dernier.
Quand t’as peut-être cinq ou six Premières Nations qui sortent de leur environnement pour être ailleurs, c’est beaucoup de pression sur tout le monde
, souligne-t-il.
Est-ce qu’on est préparé pour tout ça? Je pense que la province est préparée pour un certain nombre, mais pas pour la demande qu’il y a eu en 2021.
Mme Lysyk recommande aussi de définir les priorités en matière de financement en priorisant les collectivités ou territoires non organisés à risque élevé ou extrême d’être victime d’un feu de forêt.
Mines abandonnées dangereuses
La vérificatrice générale conclut aussi que peu de progrès ont été réalisés dans la réhabilitation des mines abandonnées dangereuses. La majorité d’entre elles n’ont pas été touchées depuis leur fermeture.
Il y a certaines d’entre elles où des substances pourraient s’imbiber dans le sol ou l’eau environnants. Si elles ne sont pas inspectées, cela pourrait se produire et tant qu’il n’y a rien de sérieux à signaler, personne ne sera au courant
, dit-elle.
En date d’avril 2022, seulement 111 des 3900 mines abandonnées présentant des dangers en Ontario avaient été partiellement réhabilitées, tandis que 2335 ne l’avaient pas du tout été. Le ministère des Mines ne connaissait pas l’état de réhabilitation des sites restants.
De plus, 72 % des mines abandonnées n’ont pas fait l’objet d’une inspection depuis plus de 10 ans (avant 2011) et 25 % n’ont aucune date d’inspection connue.
Il y a beaucoup de recherches récentes et historiques sur l’utilisation des plantes indigènes pour bien stabiliser les sites qui sont acides ou qui ont des niveaux de métaux élevés. Il y a des espèces de plantes qui vont prendre ces métaux-là et les enlever du sol
, explique Jenny Fortier, propriétaire de l’entreprise Northern Wildflowers, un fournisseur de semences pour des projets de réhabilitation minière.
La vérificatrice générale presse le ministère de rattraper promptement le temps perdu tout en établissant une liste de sites prioritaires. Ceci se ferait en élaborant une marche à suivre basée sur les risques et une nouvelle procédure de documentation.