Érosion à Rivière-Saint-Jean : la côte a perdu près de 4 m par endroits en 40 ans
L'érosion des berges fait des ravages dans le secteur de Rivière-Saint-Jean, sur la Côte-Nord. (Archives)
Photo : Radio-Canada / Félix Lebel
À Rivière-Saint-Jean, en Minganie, la côte a été grugée de quatre mètres par endroits depuis les années 1980. C'est ce que révèle le portrait-diagnostic du territoire réalisé par le Projet Résilience côtière.
Dans le secteur de la falaise qui fait face à la mer, l'équipe de chercheurs a observé un recul côtier de 3,9 mètres en près de 40 ans. Dans un autre secteur, situé à l'intérieur du village de Rivière-Saint-Jean, c'est un recul de 15 à 30 cm par année qui a été noté.
Chercheur de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Pascal Bernatchez a participé à ce projet de recherche financé par le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Il qualifie ces reculs de majeurs
et d'exceptionnels
.
Son équipe a recueilli les données à propos de l'érosion des berges sur le territoire de Rivière-Saint-Jean entre janvier 2017 et décembre 2021.
Elle constate que l'érosion côtière est moins prononcée aux endroits situés près de bancs de sable.
« Il y a de grandes bandes de sable qu'on appelle des flèches littorales, qui atténuent l'énergie des vagues et qui protègent les côtes derrière. »
Toutefois, un des bancs de sable qui se trouvent près de la pointe à Robin, à proximité de la municipalité, diminue d'année en année, ce qui expose de plus en plus le village à l'érosion.
Présentation des données aux citoyens
Les diverses données recueillies ont été présentées à la population de Rivière-Saint-Jean mardi soir.
Les citoyens le savent, ils sont conscients qu'il y a un problème d'érosion dans notre municipalité, donc hier soir, ils s'attendaient à ce qu'on leur apporte des pistes de solutions
, soutient la mairesse de Rivière-Saint-Jean, Josée Brunet.
La mairesse ajoute que des représentants de divers ministères étaient présents lors de la rencontre, tels que le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation, le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ainsi que le ministère de la Faune et des Parcs.
C'était le but de l'opération, dire à nos ministères que ça fait des années qu'on réclame de l'aide de votre part, et là, vous avez réellement le portrait de la situation de notre municipalité
, explique Mme Brunet.
Pistes de solutions
Il faut amorcer un processus d'adaptation
, propose Pascal Bernatchez. Selon lui, plusieurs solutions peuvent être envisagées, notamment protéger les bancs sableux en balisant les sentiers et en limitant la circulation des véhicules tout-terrain.
Le chercheur mentionne aussi l'option de la végétalisation de certains secteurs à risque.
Il ajoute que pour la majorité des endroits au Québec qui sont touchés par l'érosion des berges, l'enrochement ou le rechargement de plages ont été préconisés.
Il faut vraiment adapter les solutions en fonction des dynamiques du milieu et faire l'analyse de l'ensemble des solutions
, explique M. Bernatchez.
Josée Brunet espère que Québec financera les études qui permettront d'approfondir les pistes de solutions propres au territoire de Rivière-Saint-Jean.