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L’Université d’Ottawa est accusée de faire entrave à la liberté de la presse

Affiche sur laquelle il est écrit "uOttawa".

L’Université d’Ottawa est accusée de faire entrave à la liberté de la presse. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Marc-André Hamelin

L’Université d’Ottawa a mis les bâtons dans les roues des médias qui tentaient d’avoir des images de l’ambassadeur de la Chine au Canada, Cong Peiwu, lundi en fin de journée. Selon Justin Trudeau, l'Université a commis « une erreur » en interdisant les caméras.

Pendant que des milliers de Chinois descendent dans les rues de Pékin, Shanghai, Wuhan et plusieurs autres villes chinoises depuis plusieurs jours afin de protester contre la politique zéro COVID, l’ambassadeur de la Chine au Canada a tenu une conférence à l’Université d’Ottawa sur la thématique : La Chine et le monde : développement, commerce et gouvernance au XXIe siècle.

Photo prise dans le centre-ville de  Montréal, Québec, Canada.

L'ambassadeur de la Chine, Cong Peiwu, a demandé à l'Université d'Ottawa d'expulser les caméras de la salle de conférences. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Des journalistes de différents médias étaient sur place, quand tout d’un coup l’Université a accepté de se plier aux demandes de l’ambassadeur qui étaient d’interdire la présence de caméras dans la salle. Le caméraman de Radio-Canada s’est notamment fait montrer la porte.

De plus, l’Université a entrepris de baisser les stores afin de cacher la manifestation en soutien aux Ouïghours, qui se tenait au même moment à l’extérieur du bâtiment.

Une décision dénoncée

Une décision qui ne passe pas auprès du premier ministre du Canada.

« Pour moi, ils ont fait une erreur, bannir les caméras. Au Canada, on ouvre surtout aux gens qui ont des profils publics. Les médias doivent avoir accès. »

— Une citation de  Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Plusieurs politiciens et des experts sont également montés au créneau pour dénoncer la décision de l'Université.

Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a déclaré que la liberté de la presse aurait dû avoir préséance sur les désirs de l'ambassadeur. Je trouve ça extrêmement dommage. Notre pays a été bâti sur le principe de la liberté. Souvent, on est content de vous voir [les journalistes], parfois moins. Mais vous avez toujours votre affaire d'être là. Et au Canada, la liberté de la presse ne se négocie pas, a-t-il dit.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s'est dit inquiet du message que l'Université d'Ottawa renvoie à la jeunesse.

Il faut rappeler à l’Université d’Ottawa que le mot diplomate ne s’applique pas aussi facilement à quelqu’un qui représente le Parti communiste chinois. On parle plus d’intimidateur. Que l’Université d’Ottawa se soit prêtée à ça me semble indigne d’une institution qui est censée jouer un rôle fort auprès d’une jeunesse. Si un de mes enfants me disait que ça lui tente d’aller à l’Université d’Ottawa, je lui dirai : as-tu un plan B s’il te plaît, a-t-il fait valoir.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a quant à lui insisté sur l’importance des valeurs démocratiques du Canada.

On doit avoir la transparence, on doit appuyer la liberté des médias. C’est fondamental pour une société démocratique. Je ne connais pas les détails de cette décision, mais je peux dire que mes valeurs comme premier ministre vont continuer d'être la transparence, a-t-il commenté.

Capture d'écran d'une entrevue par vidéoconférence. L'homme regarde à la caméra.

Marc-François Bernier, professeur de journalisme à l’Université d’Ottawa (archives)

Photo : Capture d'écran/Zoom

D'après le professeur de journalisme à l’Université d’Ottawa, Marc-François Bernier, cette décision est antidémocratique, particulièrement en raison du programme de journalisme numérique qui est donné à l'Université.

Cet événement-là m'inspire de la crainte. C’est sous-évaluer la liberté de la presse. Il me semble que c’est une question de principe. Une question de cohérence d’accorder la prépondérance à la liberté de presse, la liberté d’expression dans un pays comme le Canada, s'exclame-t-il.

Selon M. Bernier, l’Université d’Ottawa aurait eu plus à gagner en faisant preuve de fermeté vis-à-vis de l’ambassadeur.

Ce n’est pas l’Université qui aurait eu le mauvais rôle si la conférence avait été annulée. C’est l’ambassadeur de la Chine. En ce moment, le mauvais rôle, c’est encore l’Université d’Ottawa qui a plié sous la menace ou sous la pression d’une vue ou d’une conception totalitaire et autoritaire de la liberté d’expression, a-t-il fait valoir.

De son côté, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Michaël Nguyen, a également dénoncé la décision.

C'est une pente glissante, très dangereuse, et je pèse mes mots quand je dis qu'il faut qu'au Canada nous puissions respecter les règles d'usage canadiennes par rapport au journalisme, a-t-il commenté.

Michaël Nguyen.

Michaël Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (Archives)

Photo : Radio-Canada

Dans une déclaration écrite du département des relations avec les médias, l'Université d'Ottawa a souligné que sa conférence risquait d’être annulée si les caméras avaient été admises et a rappelé que les journalistes y ont eu accès. Elle s’est d'ailleurs engagée à faire les choses autrement la prochaine fois.

Afin d’assurer que cette situation regrettable ne se reproduise plus, l’Université tâchera à l’avenir d’être plus claire avec ses conférenciers avant la tenue des événements sur la présence possible des médias électroniques, a indiqué par écrit Jesse Robichaud, porte-parole de l’Université d'Ottawa.

Avec les informations de Louis Blouin

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