Pénurie de personnel en santé : les recettes de Windsor portent leurs fruits

Primes à la signature, primes de rétention et embauches d'étudiants, l'Hôpital régional de Windsor met toutes les chances de son côté pour faire face à la pénurie de personnel.
Photo : CBC/Katerina Georgieva
Alors que la pénurie de personnel de la santé demeure préoccupante à l'échelle provinciale, à l’Hôpital régional de Windsor, la situation semble s’améliorer.
Depuis le début de la pandémie, l’institution a mis en place différentes stratégies pour faire face à son manque de personnel.
En 2021, une campagne ambitieuse assortie de primes à la signature pouvant aller jusqu’à 75 000 $ a notamment été lancée. Au total, plus de 750 000 $ ont été dépensés dans ce programme qui a permis d’embaucher 35 nouvelles infirmières autorisées entre mai 2021 et janvier 2022.
Il faut dire que Windsor est habituée à la concurrence.
Détroit a toujours été un problème. On aimerait que les Canadiens travaillent chez nous, mais on a toujours eu à faire avec
, explique Nicole Krywionek, infirmière et directrice du service des soins intensifs et de cardiologie de l’hôpital.
Mais ce qui fait une différence à l’heure actuelle, c’est l’embauche d’étudiant.e.s en sciences infirmières comme préposés aux soins. Le programme est financé par la province, mais il a été particulièrement efficace à Windsor.
On a 400 externes qui travaillent maintenant
, note Mme Krywionek.
« Ce programme, c’est bénéfique pour le recrutement parce qu’on travaille avec les étudiants au cours de leurs études, et quand ils ont fini leurs études, ils ont déjà des relations avec les infirmières et les employés qui travaillent à l’hôpital. »
D’autres hôpitaux ontariens offrent cette possibilité aux étudiants en sciences infirmières, mais la participation n’est pas toujours aussi élevée.
À titre de comparaison, seulement 133 étudiants avaient été recrutés par le biais du programme d’externes dans le réseau hospitalier Unity Health de Toronto en septembre 2022.
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Une bonne initiative avec des limites
La présidente de l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario, Doris Grinspun, n’est pas étonnée du succès de ce programme.
Je ne suis pas surprise que beaucoup aient été embauchés, car nous voyons aussi cela avec les stages cliniques, pas seulement avec des postes comme ceux-ci qui sont rémunérés
, dit-elle.
Elle souligne toutefois que la véritable épreuve est celle du temps : la réelle mesure du succès sera de savoir si ces personnes restent après avoir été embauchées.
« Si la rémunération et la charge de travail ne s'améliorent pas, cet effort ne sera qu'un soulagement temporaire pour soutenir les infirmières qui sont au travail et ce sera un pont pour elles pour aller encore plus vite ailleurs parce qu'elles auront de l'expérience. »
Autre enjeu : la pérennité de l’initiative.
Selon France Gélinas, députée NPD de Nickel Belt, porte-parole de la santé pour l’opposition, les fonds provinciaux pour développer ce programme d’externes sont ceux versés aux hôpitaux dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.
Si elle salue leur efficacité, elle souligne aussi qu’il ne s’agit pas de fonds permanents.
« Ce programme a super bien marché. On a été capable d’attirer les étudiants et étudiantes dans plusieurs secteurs de la santé. Mais là, ce sont des emplois temporaires. Une fois que les fonds pour la COVID arrête, à ce que je sache, il y a aucun fonds permanent pour continuer cette initiative-là. »
En attendant Windsor, Nicole Krywionek demeure optimiste.
Les emplois vacants, je vois ça comme étant moins et moins. Ça me donne de l’espoir pour le futur
, dit-elle et même si des besoins en personnel sont encore là, elle dit voir la lumière au bout du tunnel.
Le gouvernement provincial n’a pas répondu à nos demandes d’information dans ce dossier.
Avec les informations d'Anne-Marie Trickey