En échange de leur temps, deux étudiants vivent dans un foyer de soins pour 500 $ par mois

La cuisine est une des nombreuses activités de bénévolat auxquelles s'adonne Michael Marshall avec les résidents.
Photo : Radio-Canada / Julie Landry
La résidence pour personnes âgées The Vineyards, à Kelowna, inspirée d’un modèle multigénérationnel scandinave, accueille deux étudiants depuis le mois de septembre. En échange de 10 heures de bénévolat par semaine, ils peuvent vivre dans un dortoir au sous-sol de la résidence pour une fraction du prix moyen des loyers réclamés dans cette ville de l'intérieur de la Colombie-Britannique.
Il y a un an, si quelqu’un avait dit à Michael Marshall, un Saskatchewanais âgé de 25 ans, qu’il allait habiter dans un foyer pour personnes atteintes de démence, il aurait été le premier surpris. L’étudiant de deuxième année en physique à l'Université de la Colombie-Britannique n’avait jamais pris soin de personnes âgées et n’en côtoyait même pas, tout comme son colocataire, Paul.
La situation est géniale jusqu’à maintenant, même si, quand on s'est installé, au début, c’était très stressant
, admet l’ancien travailleur de la construction qui vivait en même temps un changement de province. L’aide apportée par les employés du centre a toutefois facilité sa transition.
Aujourd’hui, Michael est apprécié des résidents pour qui il organise des activités. Il arpente le bâtiment à la recherche de personnes pour participer à son activité du jour comme s’il l'avait fait toute sa vie.
À écouter: Le reportage de Julie Landry à Phare Ouest
Dix heures de bénévolat, ce n’est rien
En raison de son loyer si faible - il ne paye que 500 $ par mois -, Michael Marshall n’a pas besoin de travailler pendant ses études. Dix heures, ce peut sembler beaucoup dans une semaine, mais on économise 30 heures de travail par semaine et on a encore du temps
, se réjouit l’étudiant. Et il a hâte de faire sa journée d’activités, chaque mardi.
« On a une journée bien remplie, et c’est chouette de prendre une journée de repos de nos études. On passe du temps avec les résidents, on se relaxe le soir et, le mercredi, c’est la reprise des cours. »
Ce que Michael aime surtout, c’est entendre les histoires que lui racontent ses nouveaux amis. Ces personnes ont vécu beaucoup de choses intéressantes
, explique-t-il.
Des résidents ravis
Deux résidentes, Marjorie et Laurie, sont visiblement deux amies qui aiment rire ensemble. Aujourd’hui, elles participent à l’activité de cuisine avec Michael. C’est la recette de gâteau à l’avoine de ma grand-mère
, explique Laurie. Michael doit préparer les proportions, aider à mesurer et à suivre la recette. Laurie dit qu’elle a beaucoup cuisiné pour ses enfants, mais qu’elle n’y arrive plus.
Elles aiment les activités proposées par Michael et Paul, surtout le bingo et le jeu de quilles dans les couloirs de la résidence. Ils sont vraiment gentils, ils s’occupent bien de nous. Ils sont terre à terre
, ajoute Laurie.
Ces liens créés entre les étudiants et les résidents sont ce qui réjouit le plus la gérante du marketing et des relations avec la communauté de la résidence The Vineyards, Jenelle Hynes. Selon elle, lorsque les résidents voient ces jeunes prendre le temps de les aider et de les écouter, cela aide à détruire les préjugés que certaines personnes plus âgées pourraient avoir envers les jeunes générations.
À lire aussi :
Un modèle à recréer, s’il y a de l’espace
Ce modèle unique en Colombie-Britannique connaît tant de succès que la résidence The Vineyards se prépare à accueillir un étudiant de plus, peut-être même plus.
Toutefois, Jenelle Hynes n'est pas sûre que tous les foyers de soins de longue durée puissent adopter le même modèle, car il faut avoir des chambres disponibles : Il y a tel manque d’espace pour les soins aux personnes âgées qu’il ne faudrait pas retirer ces chambres pour accueillir des étudiants.
Mais s’il y avait un moyen d’inclure un tel logement pour étudiant, alors Jenelle Hynes estime que ce serait une très bonne initiative. Selon elle, le vent de jeunesse qu’apportent les étudiants est bénéfique. Les jeunes apprennent à comprendre ce que c’est que de vieillir et à se sentir à l’aise autour de personnes âgées.
Cela ne convient peut-être pas à tout le monde
, admet Michael Marshall, mais si une telle occasion venait à se présenter, il encourage les étudiants à la saisir.