Un rapport bienveillant au toucher dans les thérapies corporelles

Miko offre des soins à Sola Benoit Robillard en respectant ses limites.
Photo : Radio-Canada / Jennifer Boudreau
Développer l'inclusivité dans les thérapies corporelles, c'est le défi que s'est donné le thérapeute en Shiatsu Cat Miko Lebel. C'est pourquoi il a créé un guide consacré aux thérapeutes qui doivent toucher les gens dans le cadre de leur travail, par exemple en massothérapie ou en acupuncture, pour les aider à être plus inclusifs ou inclusives envers les personnes issues de la diversité.
L'inclusivité, c'est le cheval de bataille de Miko, une personne trans non binaire qui vit à Trois-Pistoles. Selon Miko, le corps est un espace de vulnérabilité et de contact profond. Avoir accès à des thérapies corporelles qui permettent un contact sécuritaire, ça change tout, selon le thérapeute, et ça permet de mieux aider la personne dans son cheminement personnel.
Les thérapeutes souhaitent améliorer l'accessibilité et l'inclusivité dans leur pratique, remarque Miko. Donc, que ce soit l'ostéopathie, l'acupuncture, la massothérapie... n'importe qui qui s'intéresse au corps comme approche thérapeutique
peut utiliser le guide, explique-t-il.

Miko est une personne trans non binaire qui travaille comme thérapeute à Trois-Pistoles.
Photo : Radio-Canada / Jennifer Boudreau
Avec ce guide, Miko souhaite aussi améliorer l'accessibilité de ses soins, que ce soit de façon physique ou financière.
Le guide permet également de mieux s'outiller en ce qui concerne l'inclusivité des personnes issues de la diversité, par exemple des communautés LGBTQ+, les personnes en situation de handicap ou les personnes neurodivergentes.
Une approche appréciée
Se sentir accueillie, vue et considérée comme elle est : c’est ce qui fait que Sola Benoit Robillard se sent bien en recevant des soins.
Si je suis perçue comme la personne que je suis, avant, pendant, après le soin. Si on utilise le bon pronom, pour moi, c'est essentiel dans un soin.
Pour le ou la thérapeute, le fait de me donner cet espace-là, où je peux mettre mes limites et être accueillie, ça va faire très certainement en sorte que je vais revenir
, ajoute Sola Benoit Robillard.
Selon elle, le concept d’inclusivité dans les soins corporels ne relève pas d’une simple tendance ou d’une mode. Ce n'est pas juste un buzz word, c'est aussi quelque chose qui est fondamentalement humain et nécessaire, auquel on devrait tous tendre.

Se sentir accueillie, vue et considérée comme elle est : c’est ce qui fait que Sola Benoit Robillard se sent bien lors en recevant des soins.
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
Intégrer l’inclusivité dans sa pratique
Afin que l'inclusivité soit au cœur des soins, une stratégie complexe mais primordiale doit être mise en place, selon Miko.
De façon générale, de te faire demander tes pronoms, avoir un questionnaire de santé qui va justement ne pas mettre ton état de santé dans une case particulière
peut aider à ancrer l'inclusivité au cœur de sa pratique, précise-t-il.
Le guide aborde plusieurs concepts, notamment la responsabilité qui incombe aux thérapeutes face à leurs patients, les rapports d'oppression, les microagressions, le consentement dans les soins et les façons de développer une approche sensible aux traumas.
Miko a d'ailleurs trouvé des trucs avec sa clientèle afin de respecter les limites de chaque personne.
Je travaille avec un mot de sécurité que je détermine avec la personne. Pour moi, c'est important que le mot détermine une limite, donc ça peut être "pause", "trop", "stop", "assez"… La personne choisit. C'est une reprise de pouvoir pour la personne.
Il s’agit d’un outil parmi plusieurs qui peuvent être utilisés pour appliquer le consentement, par exemple en demandant à chaque personne s’il y a des endroits où elle n’aime pas être touchée.
Un complément au cursus scolaire
C'est pour combler un vide que Miko a décidé de créer ce guide. Selon lui, les outils qui s'y trouvent permettent de combler des angles morts du cursus scolaire de plusieurs formations en thérapies corporelles.
Le massothérapeute Flor abonde en ce sens. Tout récemment arrivé à Trois-Pistoles, cette personne non binaire croit que le guide lui permettra d'offrir un maximum de soins à un maximum de personnes dans Les Basques.
On n'est pas assez outillé à l'école pour faire face à certaines situations, pour s'adapter aux personnes issues de la diversité. Je pense que j'ai très hâte de lire le livre
, raconte Flor.

Le guide aborde plusieurs concepts, dont les rapports de pouvoir, les microagressions, la notion de consentement et le trauma.
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
Le regroupement d'identité de genre et diversité sexuelle dans l'Est-du-Québec de l'Université du Québec à Rimouski, communément appelé le regroupement ID-Est, croit en la nécessité de ce guide.
Selon le regroupement, les gens ont envie d'être plus inclusifs dans leur pratique, mais ne savent pas toujours comment s'y prendre.
C'est pourquoi il est important de normaliser la pratique inclusive, ajoute ID-Est, afin d’insuffler un changement dans la société, et la rendre plus inclusive.
Le lancement officiel du guide aura lieu le 3 décembre aux Bains Publics à Rimouski et à Montréal le 8 décembre à la librairie L'Euguélionne. Il sera disponible en version papier et numérique. Pour être plus accessible, il sera offert à différents prix : prix accessibilité, prix régulier et prix solidaire, selon la capacité de payer du public.
D’après le reportage de Jennifer Boudreau