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L’itinérance chez les jeunes exacerbée par la crise du logement à Ottawa et Gatineau

Un jeune sans-abri.

La crise du logement abordable semble accentuer l'itinérance chez les jeunes.

Photo : iStock

Radio-Canada

Au cours de la dernière année, les jeunes adultes sont frappés de plein fouet par la crise du logement qui secoue la région de la capitale fédérale. Le phénomène exacerbe du même coup l’itinérance chez les plus fragiles d’entre eux. Face à la situation, des organismes d’Ottawa et de Gatineau tirent la sonnette d’alarme.

Marieanne, une Ottavienne de 24 ans, vit en situation d'itinérance depuis quatre ans. Elle trouve parfois du répit chez des amis. Sinon, elle partage ses nuits entre des refuges et des logements communautaires au coût d’une centaine de dollars par mois.

« Je suis chanceuse si je peux payer mon loyer trois mois de suite tellement c’est cher. »

— Une citation de  Marieanne, 24 ans, en situation d'itinérance depuis quatre ans à Ottawa

Elle raconte avoir fait face à l’homophobie à la maison, dès le jour où elle a décidé d’assumer son orientation sexuelle. Ceci a eu comme conséquence d’affecter sa santé mentale et de l'inciter à quitter son foyer.

Selon la jeune femme, son cas est loin d’être isolé. Des jeunes quittent leur nid familial dans un souci d’affirmation de soi. Seulement, la flambée des prix du logement les condamne parfois à une vie d’itinérance.

Une personne dort dehors derrière des poubelles.

La flambée des prix du logement pousse parfois des personnes à l'itinérance.

Photo : Radio-Canada / Stu Mills

Marieanne bénéficie régulièrement de l’aide d'organismes comme celui d'Opération rentrer au foyer, qui se décrit sur son site Internet comme étant un centre d’emploi, d’éducation et de soutien pour les jeunes de 16 ans et plus sans-abri et à risque.

Au cœur de la ville d'Ottawa, Opération rentrer au foyer offre des services instantanés comme des douches, des salles de repos et différentes formes d’aide en santé mentale.

Or, depuis plusieurs mois, l’organisme, à l’instar de plusieurs refuges pour jeunes dans la capitale fédérale, fonctionne à plein régime, selon son directeur général, John Heckbert.

John Heckbert, dehors, devant les locaux de son organisme.

John Heckbert, directeur général d'Opération rentrer au foyer

Photo : Radio-Canada / Stu Mills

La clientèle de l’organisme est passée de 525 jeunes en 2021, à plus de 700 en 2022.

C’est un problème [l’itinérance des jeunes] grandissant à Ottawa, poursuit M. Heckbert.

La crise du logement abordable est telle qu'elle semble accentuer l'itinérance chez les jeunes. La clientèle augmente et les situations d'urgence sont plus fréquentes. Des enjeux qui poussent des organismes d'Ottawa et de Gatineau à tirer la sonette d'alarme.

Légèrement différente à Gatineau, mais alarmant

De l'autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau, peu de chiffres sont cumulés en ce qui a trait au nombre de jeunes en situation d'itinérance. Toutefois, plusieurs organismes remarquent une hausse du nombre de cas urgents en ce sens.

Tous les jeunes de 18 ans et moins, si on les retrouve à la rue, c’est parce qu’ils sont soit en fugue d’un milieu d’accueil, soit du domicile. Donc, techniquement, on ne devrait pas avoir des jeunes en situation d’itinérance, explique Jeneviève Caron, directrice adjointe à la direction Santé mentale et dépendance au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais.

Jeneviève Caron.

Jeneviève Caron, directrice adjointe à la direction de la santé mentale et dépendance du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais

Photo : Radio-Canada

Mme Caron admet néanmoins que plusieurs cas d’itinérance chez les jeunes lui ont été rapportés au CISSS de l'Outaouais depuis l’été.

Il faut rappeler à nos partenaires que, si jamais ils voient des mineurs qui sont en situation de manque de logement ou s’ils n’ont pas d’endroit où rester, c’est important d’appeler la Direction de la protection de la jeunesse , dit le CISSS de l'Outaouais.

Une tente en hiver dans une forêt.

Depuis plusieurs mois, de jeunes adultes sont frappés de plein fouet par la crise du logement qui secoue la capitale fédérale.

Photo : Radio-Canada / Stu Mills

Valérie Boudreau est la directrice des services cliniques chez Vallée Jeunesse Outaouais, un organisme qui vient en aide aux jeunes en difficulté dans la région. Contrairement à M. Heckbert, Mme Boudreau ne constate pas une augmentation particulièrement significative du nombre de jeunes qui sollicitent de l’aide.

La nuance, dit-elle, se situe plutôt dans le type de demandes. Dorénavant, l’organisme est plus souvent sollicité pour des situations urgentes en lien avec le manque de logement, comme lorsqu’un jeune les contacte, car il est sans domicile.

Valérie Boudreau.

Valérie Boudreau, directrice des services cliniques chez Vallée Jeunesse Outaouais

Photo : Radio-Canada

« Avant, on ne se faisait pas appeler pour des urgences. Ça arrivait peut-être deux, trois fois par année. Là, c'est quatre à cinq fois par semaine. »

— Une citation de  Valérie Boudreau, directrice des services cliniques, Vallée Jeunesse Outaouais

Vallée Jeunesse Outaouais, qui est un établissement de transition pour les jeunes de 16 à 21 ans en situation d'itinérance, n'est pas adapté pour répondre à de telles urgences.

Ce qui fait qu'on les réfère souvent vers des ressources qui, malheureusement, accueillent aussi beaucoup d'adultes toxicomanes qui ont des vulnérabilités, poursuit Mme Boudreau.

Un autre changement est que la durée du séjour pour la majorité des jeunes est plus longue, ajoute la directrice des services cliniques.

Ils séjournaient avec nous jusqu’à six mois [maximum]. Parfois, exceptionnellement, en fonction de leur parcours, on pouvait étendre [la durée du séjour] un tout petit peu. Mais là, la moitié de notre clientèle reste plus de six mois. Et ça, on l’attribue à la crise du logement, car, même si on cherche, il n’en y a pas, témoigne-t-elle.

Mme Boudreau note tout de même du positif dans la situation actuelle. Et pour cause, son organisme remarque une baisse importante du nombre d’incidents violents impliquant des jeunes, en raison de l’effort soutenu des organismes durant la pandémie.

Avec les informations de Stu Mills de CBC News et de Patrick Foucault

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