Débordement dans les urgences : la cellule de crise de Québec suscite des critiques

Québec solidaire affirme que les heures supplémentaires obligatoires des infirmières sont encore un problème dans les urgences du Québec.
Photo : Daniel Mailloux
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé la création d’une cellule de crise pour les urgences le 26 octobre dernier. Près d’un mois plus tard, plusieurs estiment que les effets de cette initiative tardent à se faire sentir, alors que la situation dans les urgences s’aggrave de jour en jour, et ce, à quelques semaines du temps des Fêtes.
Parmi les critiques de la cellule de crise du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), les députés de Québec solidaire, qui accusent le ministre Dubé d’être déconnecté du réseau
.
Tout ce que j’entends de M. Dubé, il le dit toujours à rebours de ce qu’on entend sur le terrain depuis un bon moment
, a lancé le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal. La cellule de crise, il a monté ça en catastrophe parce qu’il y avait une crise, après il s’est aperçu qu’il manquait de monde là-dessus.
Une question de jours
C’est une question de jours
, a répondu Christian Dubé mercredi matin, en voulant se faire rassurant et en promettant des résultats avant Noël. Ça ne va pas assez vite, mais en même temps, je dois écouter les recommandations
, s’est-il défendu.
« Il faut s’assurer que les recommandations qui sont faites, on peut les implanter correctement. Ces vérifications sont faites en ce moment. »
Il a ajouté avoir demandé mercredi matin s'il était possible de demander aux hôpitaux de libérer des lits sur les étages pour désengorger les urgences, mais ça ne se fait pas en criant "ciseaux"
.
Il y a des choses qui doivent se mettre en place, ça prend un certain temps
, a ajouté sa collègue Sonia Bélanger, ministre déléguée à la Santé et aux Aînés. Mais moi, je suis très satisfaite et on va travailler en particulier pour le soutien à domicile, on est en train de faire ça.
Les heures supplémentaires des infirmières au cœur de la crise
Vincent Marissal craint malgré tout que le ministre Dubé manque la cible avec la cellule de crise. Le député solidaire fait depuis quelques semaines une tournée dans les urgences du Québec et assure que les infirmières qu’il a croisées disent ne pas être écoutées, et elles sont au cœur de la crise
.
Vous mettez le pied dans une salle d’urgence au Québec et la première chose que les gens vont vous dire, c’est le temps supplémentaire obligatoire (TSO). Il faut envoyer plus qu’un vœu pieux qu’on va mettre fin au TSO, ça prend un plan avec un échéancier. Ça veut dire qu’il faut mettre fin aux agences de placement.
La solution, selon Vincent Marissal? Pousser les agences privées vers les quarts défavorables
, ce que le ministre Dubé ne fait pas, soutient-il.
Les infirmières de jour se font constamment "bumper" vers les quarts de soir et de nuit parce que les agences [...] savent que le gestionnaire est dans le trouble et disent : "Oui, oui je vais te donner des infirmières, le nombre que tu veux, mais je vais prendre les chiffres que je veux".
« Ça fait que la fille, ça fait 12 ans qu’elle sue sang et eau à l’urgence, elle s’en va de soir ou de nuit, et tant pis pour sa famille. »
Il n’y a jamais eu autant d’infirmières au Québec, le problème, c’est qu’on les traite mal dans notre système de santé publique
, a ajouté le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. Il n’y aura aucune solution qui va fonctionner en santé au Québec tant qu’on ne prendra pas soin du monde qui travaille dans notre système de santé.
On a aussi hâte que les infirmières de mettre fin [aux heures supplémentaires obligatoires]
, a ajouté le premier ministre François Legault, qui soutient que la situation est pareille dans les autres provinces canadiennes. Tout le monde fait son possible, mais évidemment, il manque d’infirmières et on ne peut pas en former du jour au lendemain.
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