Chirurgies orthopédiques : un retard qui tarde à être rattrapé en Estrie
L'Estrie figure en tête de liste des régions ayant le temps d'attente le plus élevé avant de pouvoir subir une opération orthopédique.
Photo : Stéphan Ballard
Si le CIUSSS de l'Estrie - CHUS « ouvrait les vannes » et permettait aux chirurgiens orthopédiques d'opérer à plein régime, il faudrait « probablement deux, trois ans » avant de pouvoir ramener la liste d'attente à un niveau acceptable et comparable aux régions qui s'en sortent bien, selon le chirurgien orthopédique et président de l'Association d'orthopédie du Québec, le Dr Jean-François Joncas. « Au rythme actuel, je ne sais pas », avoue-t-il.
Selon le médecin, l'Estrie figure en tête de liste où les patients doivent attendre le plus longtemps avant d'être opérés, avec l'Outaouais et les Laurentides. Per capita, c'est aussi selon lui la région où le nombre de patients en attente d'une intervention chirurgicale est le plus élevé.
Le CHUSà Granby aussi, ils ont un sérieux problème. Dans la région de Cowansville, ils ne s'en tirent pas si mal.
Il n'y a pas assez de salles d'opération, historiquement, explique-t-il. Et là, avec la problématique des ressources humaines, ça vient aggraver la situation.
Le Dr Joncas soutient par ailleurs que ses collègues sont dans le néant quant aux plans de rattrapage des gestionnaires. On ne sait pas quoi dire à nos patients. Des fois, on leur dit d'aller voir dans d'autres régions où ça va mieux.
Des chirurgies souvent jugées non prioritaires
Si les chiffres des listes d'attente ont grimpé pendant la pandémie en raison du délestage, le médecin refuse de jeter entièrement le blâme sur la crise sanitaire. La problématique émane d'avant la COVID-19, mais la COVID-19 a exposé la crise au grand public
, nuance-t-il.
Le problème quand on se compare aux autres spécialités, rajoute-t-il, c'est qu'il y en a que les cas sont plus urgents. Comme les cancers.
« Mais quand c'est quelqu'un qui a un problème de marcher parce qu'il a mal à une hanche ou un genou, ce n'est pas jugé aussi urgent qu'un cas de cancer. C'est notre problème en orthopédie. Mais il va falloir qu'il y est une organisation externe et neutre parce qu'on est constamment mis sur la [glace]. »
Le médecin espère que la situation pourra se rétablir, mais demeure peu optimiste. On ne voit pas de plan à moyen, long terme [sur la façon de] se sortir de cette situation, qui était déjà désastreuse avant l'arrivée de la COVID-19.