Ingérence chinoise dans les élections : Trudeau « pas informé », Lametti prudent
Les quelques échanges entre Justin Trudeau et Xi Jinping au sommet du G20 ont été tendus.
Photo : Reuters / Adam Scotti / Cabinet du premier ministre
Le premier ministre Justin Trudeau a assuré, mardi matin, ne pas avoir été mis au courant d’un éventuel financement par la Chine de plusieurs candidats aux élections fédérales, quand son ministre de la Justice, David Lametti, a plutôt tenu à rappeler l’importance de ne pas divulguer certaines informations relevant de la sécurité nationale.
Deux discours et deux lignes de communication complémentaires, donc, pour répondre aux questions des journalistes alors que se tient mardi à Ottawa un comité sur l’ingérence étrangère dans les élections.
Interpellé sur ce qu’il savait à propos des allégations de manœuvres chinoises publiées par la chaîne Global News, M. Trudeau a mis en avant la création d’un comité de hauts fonctionnaires et de dirigeants du renseignement pour s’assurer qu’en 2019 et 2021, il n’y ait pas d’ingérence dans notre processus électoral, et que les élections se déroulent comme il faut
.
Lors des rencontres régulières avec ce comité, aucune information sur le financement des candidats fédéraux par la Chine ne lui a été transmise, a assuré M. Trudeau à son arrivée à une réunion du Conseil des ministres : Par rapport à l’ingérence dans notre système électoral, à l’idée de financer nos candidats des principaux partis, je n’ai jamais eu aucune information là-dessus des services de renseignements qui me tiennent à jour de ces enjeux-là
.
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Ce comité est né dans la foulée des élections de Donald Trump et d’Emmanuel Macron pour éviter que des puissances étrangères influencent le résultat des élections fédérales au Canada, a indiqué le premier ministre. On voulait s’assurer que ça n’arrive pas au Canada
, a-t-il justifié.
« Il y a eu des rapports en 2019 et 2021 qui ont confirmé que l’intégrité des élections n’a pas été compromise. »
Il n’a toutefois pas précisé si ces rapports seront rendus publics quand un journaliste lui a posé la question à la volée alors qu’il quittait la mêlée de presse, préférant clore l’entrevue sur une dénonciation des gens [qui] jouent des jeux qu’on a vus au sud de la frontière
quand ils défendent l'idée que les élections sont illégitimes à cause d'une quelconque interférence étrangère.

Ingérence électorale de la Chine: Justin Trudeau se défend et passe à l'attaque. Mais que savait le premier ministre du stratagème de Pékin? Mes invités, les députés: Luc Berthold (PCC), Alain Therrien (BQ) et Alexandre Boulerice (NPD).
Protéger les sources
Dans sa courte réponse, M. Trudeau a toutefois reconnu un accroissement de l’ingérence étrangère ces dix dernières années dans les affaires canadiennes, et a cité spécifiquement la Chine, la Russie et l’Iran.
On sait que, depuis bien des années, la Chine et d’autres pays font de l’ingérence, a-t-il évoqué. On parle de centrales de police non officielles, de pression par les médias locaux, il y a différentes façons de faire de l’ingérence.
Interpellé dans la foulée sur le même enjeu, le ministre de la Justice David Lametti a justifié l’anonymat des députés visés par l’affaire pour une question de sécurité nationale
.
Nous savons que c'est une question sérieuse, nos services de sécurité la prennent au sérieux, et lorsque vous traitez de questions de sécurité nationale, vous devez agir de manière très prudente
, a fait valoir le ministre de la Justice.
Il a laissé entendre que la confidentialité de certaines informations liées au renseignement prévalait sur le droit à la transparence des citoyens.
Il est évident qu'il y a un besoin de transparence, mais il y a aussi un besoin pour nos services de sécurité de protéger leurs sources, de protéger les méthodes par lesquelles ils collectent les renseignements.
11 candidats visés
Selon le reportage de Global, qui a remis à l'avant-plan la question des tentatives d'ingérence étrangère, des sources anonymes ont affirmé que le premier ministre a été informé en janvier dernier que la Chine avait notamment financé au moins 11 candidats aux élections fédérales de 2019.
Le 14 novembre, les libéraux ont appuyé une résolution présentée par les conservateurs à un comité parlementaire de la Chambre des communes visant à prolonger l'enquête sur l'ingérence étrangère afin de discuter des rapports des médias selon lesquels le Parti communiste chinois a travaillé pour influencer les élections fédérales de 2019.
Les libéraux disent avoir appuyé la motion parce qu'ils croient que le reportage de Global soulève des questions auxquelles les officiels doivent répondre.
La résolution demande que le gouvernement fournisse toutes les notes d'information, mémorandums et documents pertinents
présentés au premier ministre et aux membres du Cabinet à ce sujet dans un délai d'une semaine.
Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes se réunissait à partir de midi, mardi. Le directeur général d'Élections Canada, Stéphane Perrault, comparaît devant les députés.
Avec les informations de La Presse canadienne