Exercice militaire dans les anciennes mines de Thetford
Le Groupe principal à l’entraînement 3 (GPE 3) est le plus important exercice de l’année pour les réservistes de l'Est-du-Québec.
Reportage de Philippe Grenier.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
« Des forces hostiles ont pris possession des mines et notre force militaire vient les libérer », telle est la mission de la fin de semaine énoncée par le lieutenant-colonel André Morin. Une mission acceptée par plus de 460 réservistes des Forces armées canadiennes (FAC) réunis dans la région de Thetford Mines pour cet exercice militaire.
Dans le poste de commandement à Saint-Joseph-de-Coleraine, un vieux bâtiment minier abandonné, les réservistes s’activent. D’un côté, on s’occupe des télécommunications, de l’autre de la stratégie sur le terrain. Des techniciens médicaux sont aussi sur place.
C’est le centre nerveux des opérations, toute l’information transite par ici, les décisions se prennent ici
, lance le major Robin Piché.
« Le fait de s'entraîner à l’extérieur de la base de Valcartier dans un environnement inconnu amène une valeur ajoutée à notre entraînement. »
Devant une carte topographique du site des mines, baguette à la main, la major explique les difficultés d’un site comme celui des anciennes mines de la région. Le relief est accidenté et friable à cause des résidus miniers, les montagnes de sédiments vont poser des défis au niveau des communications et de la mobilité du personnel.
Sur le terrain, le paysage rappelle certaines scènes du film de Stanley Kubrick Full Metal Jacket. Bâtiments désaffectés, murs troués, vitres brisées, machinerie abandonnée, tunnel. Les réservistes tentent d’avancer en contournant ces reliques du passé pour se rendre à la première mine.
Il y a un défi de coordination, les gens doivent travailler en groupe de dix et par la suite amalgamer ces sections en groupe de trente. Il faut développer de bons réflexes, note le lieutenant-colonel André Morin qui parle aussi de la température sous zéro et la neige comme défis supplémentaires.
On s’entraîne annuellement pour être capables d’intervenir advenant toute éventualité que ce soit au niveau d’une opération de combat ou d’intervenir à la maison, dans les CHSLD et les cliniques de vaccination.
« On maintient un niveau d’entraînement qui nous permettra d’être prêts à tout moment de l’année. »
Avec les balles à blanc qui fusent de toutes parts, la fiction dépasse presque la réalité. C’est la guerre dans la tête des réservistes qui appliquent le plan à la lettre.
Et le travail n’est pas terminé. Les réservistes continuent leur avancée supervisée par des militaires expérimentés pour voir au bon déroulement de l'exercice. Au loin, on peut apercevoir l’objectif, la mine Bravo Charlie 2, une mine en béton à flanc de montagne digne du repaire d’un vilain dans un film de James Bond.
Dans l’armée, on a un dicton, le plan est bon jusqu'à la ligne de départ, après, c’est notre travail de gérer pour faire arriver les choses
, lance le lieutenant-colonel André Morin. La résistance est forte, mais finalement, les réservistes prennent possession de la mine. Mission accomplie.
Des réservistes motivés
Les réservistes sur le terrain viennent d’un peu partout dans l’Est-du-Québec. Ils ont pour la plupart un emploi civil dans un autre domaine ou sont étudiants. Le lieutenant-colonel André Morin rapporte qu'un réserviste reste enrôlé dans les FAC
pour une durée moyenne de quatre ans.En 2019, Guillaume Lachapelle voyait depuis quelques années les réservistes aider la population entre autres lors des inondations. Il n’en fallait pas plus pour cet enseignant en littérature au Cégep de Sherbrooke : il s'est lancé dans l’aventure.
Ce qui me pousse à contribuer, c’est la notion du citoyen-soldat. J’ai donc un travail civil, mais je me garde en forme, alerte, entraîné, formé par l’armée
, explique celui qui avait déjà de l’expérience dans la marine.
« On est des citoyens, mais on veut contribuer, un peu comme un pompier volontaire. Lorsque vient le temps d’intervenir, il est prêt. »
Le soldat Sébastien Fiset, 22 ans, est étudiant en biologie à l’Université Bishops. Le défi était physique et mental, et les heures étaient bien alignées avec mes études
, explique ce dernier.
Ce que j’aime, c’est être avec tous mes amis
, confie Sébastien Fiset, parlant de l'esprit de camaraderie qui règne.
Une visite au manège militaire l’a inspiré. Il compte poursuivre sa formation dans les FAC
après ses études pour devenir un officier dans les réserves.Déjà, les réservistes pensent à leur prochaine mission.