L’ancien maire de Surrey Doug McCallum non coupable de méfait

Dans sa décision, le juge Harris dit que les preuves médicales et physiques démontrent que Debi Johnstone a bel et bien roulé sur le pied de Doug McCallum avec sa voiture.

Il a également déclaré que les erreurs faites par l’ancien maire au moment de déposer plainte étaient vraisemblablement dues à une mémoire vacillante provoquée par un état de choc.

Dans sa décision, le juge Harris explique que Doug McCallum n’avait pas de motif pour se venger d’une adversaire politique irritante en inventant une affaire afin qu’elle soit l’objet d’une enquête pour un délit qu’elle n’avait pas commis.

« Il est de mon avis que ses déclarations [de Doug McCallum] reflètent sa perception de l’incident et ne suffisent pas à démontrer qu’il y a eu méfait, ajoute le juge. Pour ces raisons, je déclare M. McCallum non coupable », conclut-il.

À sa sortie du procès, Doug McCallum s’est déclaré très satisfait du résultat du procès. Il a ensuite lu une courte déclaration, remerciant sa famille en ajoutant : « Habitants de Surrey, je vous aime. » Il a refusé de répondre aux questions.

Un incident issu d’une opposition d’idées

L'incident au coeur de l'accusation s'est produit le 4 septembre 2021. À l'époque, comme c'est toujours le cas aujourd'hui, les résidents de Surrey étaient profondément divisés sur le choix de la force policière qui devrait être responsable de leur municipalité.

Doug McCallum a été élu à la mairie de Surrey en 2018 à l'issue d'une campagne au cours de laquelle il avait promis la transition vers un service de police municipal, plutôt que de continuer de faire appel aux services de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Cette transition était bien entamée en 2021, mais des groupes de résidents de la municipalité s'y opposaient toujours avec ardeur. Maire à l'époque, Doug McCallum se trouvait dans le stationnement d'une épicerie quand il a été interpellé par une résidente militant pour le maintien de la GRC à Surrey.

Cette dernière, Debi Johnstone, était au volant de sa Mustang décapotable au moment de l'altercation. Au cours des deux semaines de procès, elle a témoigné avoir crié : Démissionnez, McCallum!, quand elle l'a vu dans le stationnement.

Debi Johnstone et Doug McCallum s'entendent sur le déroulement de l'incident jusqu'ici, mais pas sur ce qui a suivi.

Debi Johnstone a témoigné qu'elle avait crié au maire qu'il devait démissionner et qu'elle l'avait insulté, mais elle nie lui avoir roulé sur le pied.

Photo : Radio-Canada / Ben Nelms

Elle dit être repartie sans heurter le politicien de 78 ans avec sa voiture. De son côté, il affirme qu'elle lui a roulé sur le pied gauche.

À un buisson de la vérité

La vidéo de surveillance de l'épicerie montrant l'interaction ne permet pas de faire la part des choses, car un buisson cache la roue de la voiture et le pied de Doug McCallum.

Le procureur spécial nommé dans cette affaire, Richard Fowler, affirme que les déclarations qu'a faites Doug McCallum à la police et dans son appel au 911 allaient clairement à l'encontre de ce que présente la vidéo de surveillance.

Le septuagénaire a affirmé à plusieurs reprises que Debi Johnstone l'avait coincée contre sa voiture. Il a aussi laissé entendre qu'elle était repartie en trombe, ce qui est infirmé par la vidéo de surveillance.

Les avocats de l'ancien maire ont affirmé que le choc et les problèmes de mémoire sont en cause, mais le procureur de la Couronne, Richard Fowler, a souligné que l'ancien maire du Surrey était un homme qui ne manquait pas de réalisations et que ses mots n'étaient pas de simples exagérations faites de manière insouciante.

Une photo du pied gauche de Doug McCallum soumise comme preuve dans le cadre du procès. La défense a noté qu'il n'était pas anormal qu'il n'y ait pas de fracture présente quand un pied est écrasé par la roue d'une voiture.

Photo : Cour provinciale de la Colombie-Britannique

Deux semaines d'audiences

L'accusé n'a pas témoigné. En plus du témoignage de Debi Johnstone, la cour a entendu ceux de l'enquêteur en chef de la GRC au dossier et de plusieurs experts de la défense.

La Couronne a affirmé que, même si la roue arrière du véhicule de Debi Johnstone était passé sur le pied de Doug McCallum, la preuve démontre qu'il a intentionnellement exploité ce qui était essentiellement un accident en affirmant qu'il s'agissait d'autre chose.

Durant les arguments finaux de l'équipe de la défense, l'avocat Eric Gottardi a soutenu que le pied de son client avait bel et bien été écrasé par la roue de la voiture de Mme Johnstone et qu'il avait droit de porter plainte. Il n'avait pas l'intention de faire perdre du temps aux policiers ou de faire taire une adversaire, a-t-il dit à la cour.

Il a simplement signalé un comportement très inquiétant de la part de Mme Johnstone, arrivant à la suite à une longue liste de comportements inquiétants de la part de cette dernière, a-t-il ajouté.

Aux élections du mois d’octobre dernier, Doug McCallum a été défait lors de la course à la mairie de Surrey par Brenda Locke qui se présentait en affirmant qu’elle mettrait fin à la transition vers une police municipale.

Avec les informations de Jason Proctor