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Autobus privés et bilingues : l’idée suscite l’indignation

Des autobus scolaires stationnés en rang attendent la sortie des élèves.

Est-ce que les systèmes d'autobus scolaires pourraient être bilingues? Le gouvernement provincial a étudié la question.

Photo : Getty Images / Edward Shackleford

Au Nouveau-Brunswick, le fait que le gouvernement a demandé des opinions juridiques pour privatiser le système d’autobus scolaires et le rendre bilingue suscite l’indignation.

C’est le début de la fin et c’est très sérieux, ce qui se passe présentement, déclare la députée de Caraquet, Isabelle Thériault.

Radio-Canada a appris que le gouvernement provincial a demandé des avis juridiques pour possiblement implanter un système privé et bilingue dès septembre 2023. Un des avis concernait l’impact sur les contrats de travail et l’autre sur les risques associés à l’idée d’éliminer la dualité linguistique du transport scolaire.

Le gouvernement n’a pas indiqué s’il comptait aller de l’avant ou non avec cette proposition pour le moment.

Mais pour le député du Parti vert Kevin Arseneau, le fait de poser la question est problématique.

Kevin Arseneau.

Le député vert de Kent-Nord, Kevin Arseneau, ne mâche pas ses mots en parlant de l'attitude du gouvernement progressiste-conservateur sur la question des langues officielles. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Juste d’aller chercher ces avis juridiques démontre très bien les intentions. [...] C’est pas les conservateurs qui ont avalé le People’s Alliance, c’est le People’s Alliance et le Cor qui ont avalé les conservateurs, s’exclame-t-il, en faisant référence à l’arrivée de l’ancien chef allianciste Kris Austin chez les progressistes-conservateurs, puis à sa nomination comme ministre, puis au comité de révision de la loi sur les langues officielles.

Il n’hésite pas à qualifier l’attitude du gouvernement de Blaine Higgs envers la question linguistique d’extrémisme.

Nos droits fondamentaux, nos droits d’exister sont attaqués.

Une citation de Kevin Arseneau, député de Kent-Nord

Isabelle Thériault est inquiète de la suite des choses. Elle se demande si la prochaine étape sera l’abolition du Commissariat aux langues officielles ou la fusion des régies de santé.

Isabelle Thériault.

La députée Isabelle Thériault estime que les actions du gouvernement sur la question des langues officielles sont inquiétantes.

Photo : Radio-Canada

Ce gouvernement, depuis quatre ans, ne montre aucun intérêt à nous comprendre ou à nous défendre, de protéger notre langue, nos droits, nos acquis, indique Mme Thériault.

Une trahison, dit la SANB

De son côté, la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick parle de trahison.

C’est un autre acte de trahison. Présentement, la communauté acadienne et francophone se bat pour l’unité de la province, déclare le président de la SANB, Alexandre-Cédric Doucet.

Alexandre Cédric Doucet en entrevue.

Alexandre Cédric Doucet, président de la SANB.

Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle

L’organisme avait déjà prévu une réunion d’urgence avec les autres organismes acadiens et francophones, ainsi que les ministres Daniel Allain et Réjean Savoie la semaine prochaine, dans la foulée de la nomination de Kris Austin au comité du Cabinet sur les langues officielles.

M. Doucet compte aborder la question avec les participants et dit être en train de monter une équipe juridique.

La présidente de l'Association des parents francophones, Chantal Varin, se dit déçue.

On trouve ça aberrant à l'heure actuelle que ce gouvernement se questionne. C'est pas le premier gouvernement qui questionne cela. Me semble qu'on devrait être passés à autre chose. C'est comme si l'histoire se répète [...]. Pour nous, l'autobus est un établissement au même titre que l'école, dit Mme Varin.

Une jeune fille sourit à la caméra.

Clémence Langlois, vice-présidente de la Fédération des jeunes francophones du N.-B.

Photo : Radio-Canada / Frederic Cammarano

Pour certains jeunes, l'école c'est peut-être le seul endroit où ils vont parler français, ajoute la présidente de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick Clémence Langlois.

Simon Ouellette, le représentant aux communications pour le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), croit aussi que le gouvernement fait fausse route.

Mais on pense que c'est une mauvaise idée, tout simplement. On a un système qui fonctionne très bien, la seule chose c'est qu'on manque de bras. On a besoin de plus de chauffeurs, pour ça il faut améliorer les conditions [...] on a besoin de mettre nos autobus sur la route, dans un système qui existe déjà, dit-il.

Une question de sécurité

En entrevue à l’émission La matinale, le doyen de la Faculté de droit de l’Université de Moncton, Serge Rousselle, soutient que la dualité dans le transport scolaire est une question de sécurité linguistique et identitaire.

Mettez dix petits francophones dans un autobus avec un petit anglophone et vous savez très bien quelle langue va être utilisée.

Une citation de Serge Rousselle, doyen de la Faculté de droit de l’Université de Moncton

Dans les milieux anglodominants, il y a peu d’espaces pour vivre en français. [...] Quand il y a un système francophone d’éducation, il faut s’assurer que nos jeunes, du moment qu’ils entrent dans ce système, c’est-à-dire quand ils entrent dans l’autobus, faut leur assurer leur espace vital pour avoir un plein épanouissement dans leur langue, explique Serge Rousselle.

La députée Isabelle Thériault soulève aussi la question de la sécurité physique des enfants. Elle évoque un scénario où un écolier se sentirait malade et ne pourrait pas converser avec un chauffeur unilingue anglophone.

C’est tellement important d’avoir du transport distinct, dit-elle.

Pourquoi la question n’est pas réglée?

Serge Rousselle était ministre de l’Éducation et procureur général quand la question de la dualité du transport scolaire a été évoquée pour la première fois en 2015.

À l’époque, le gouvernement libéral avait demandé que la Cour d’appel se penche sur la question. Après plusieurs tractations, la demande de rappel avait été retirée et la question n’a donc jamais été tranchée.

Avec le recul, Serge Rousselle se demande si c’était la bonne décision.

Serge Rousselle est assis devant des microphones.

Le doyen de la Faculté de droit de l'Université de Moncton, Serge Rousselle, se dit attristé que certains droits des francophones soient remis en question en 2022. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Certains croyaient que c’était nécessaire de faire clarifier ça par la Cour d’appel [...], parce qu’on se disait que ce droit-là, une fois que ça sera confirmé par les tribunaux, ça sera terminé. De plus en plus, quand je vois ce qui se passe, je me dis que c’était vraiment une bonne idée. Au moins, on aurait eu cette clarification-là, pense-t-il.

L’ancien politicien est triste de voir que les droits des francophones sont encore remis en question en 2022.

Je regarde ça et je suis très triste de voir ce qui se passe. Mais je suis fier de voir une telle solidarité depuis longtemps dans la communauté acadienne pour défendre ses droits et ça, ça me donne beaucoup d’espoir.

Avec des informations de Nicolas Steinbach, du Téléjournal Acadie et de l’émission La matinale d’ICI Acadie

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