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Une adolescente souffrant d’autisme séparée de son chien d’assistance

Katiana sourit assise dans un parc à côté du chien Sammy.

Katiana Portillo Singh, 14 ans, est autiste non verbale. Ses parents disent qu'après avoir obtenu son chien d'assistance Sammy en 2018, elle a été capable, pour la première fois, de faire des excursions d'une journée avec sa famille.

Photo : Photo fournie par Ricardo Portillo

Radio-Canada

Des parents torontois font part de leur désarroi plusieurs mois après que le chien d'assistance de leur fille qui souffre d'autisme lui eut été retiré sous prétexte que l'animal était devenu obèse et qu'il n'était plus en assez bonne santé pour travailler.

Sammy, un bouvier bernois, faisait partie de la famille Portillo Singh depuis quatre ans. Il avait été confié à Katiana, une adolescente de 14 ans atteinte de trouble du spectre autistique. L'animal a changé sa vie, assure sa mère, Sasha Singh.

Le meilleur thérapeute a de la fourrure et quatre pattes, dit-elle. L'avoir nous a donné une vie normale. On a enfin pu faire des choses en famille.

Mais en mars dernier, la vie de Katiana a été bouleversée lorsque National Service Dogs (NSD), l'organisme spécialisé qui a dressé Sammy, a emmené ce dernier sans préavis, en disant que l'obésité développée par le chien pendant la pandémie ne lui permettait pas de continuer à jouer son rôle.

La famille conteste cette décision, et met de l'avant les difficultés qu'éprouverait Katiana depuis son départ soudain. Mme Singh dit que sa fille a désormais des accès de violence lorsqu'elle sort et passe de longs moments face au mur, en se balançant d'avant en arrière.

Les photos des membres de la famille et du chien dans un objet figurant un arbre généalogique.
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Le chien Sammy faisait partie de la famille Portillo-Singh, comme le montre cet arbre généalogique accroché au mur de leur maison.

Photo : Photo fournie par Ricardo Portillo

Obtenir un chien d'assistance en Ontario nécessite une note du médecin. Les listes d'attente peuvent s'étendre sur des années et le dressage des animaux coûte des milliers de dollars. La famille dit avoir attendu quatre ans pour avoir Sammy.

Peu avant que Sammy ne soit emmené, il a réussi son test d'accès public, qui démontre qu'un chien est capable de remplir ses fonctions d'animal d'assistance, haut la main, dit la famille.

Pourtant, les Portillo-Singh assurent avoir reçu une lettre de NSD après le test disant que Sammy était seulement certifié à titre provisoire, parce que le chien était en surpoids.

Nous leur avons expliqué qu'au cours des deux dernières années, sa vie professionnelle avait souffert à cause de la COVID. Nous ne pouvions pas sortir les enfants et il a pris un peu de poids, reprend Sasha Singh.

Après un échange de courriels, la famille affirme que NSD voulait rendre une visite au domicile afin de discuter d'un régime alimentaire et d'un plan d'exercice pour le chien, mais à la place, il a été emmené. Le père de Katiana, Ricardo Portillo, dit avoir été pris au dépourvu.

« La veille, je leur ai parlé et ils nous ont promis que le chien n'allait pas être emmené, qu'ils allaient travailler sur un plan pour le remettre sur les rails. Quand ils sont arrivés ici, deux minutes après le début de la conversation, ils ont dit qu'ils l'emmenaient. »

— Une citation de  Ricardo Portillo, père de Katiana

L'organisme a laissé un morceau de papier avec des ressources en santé mentale, ajoute M. Portillo, tandis que ses deux filles, qui sont toutes deux atteintes d'autisme, pleuraient à chaudes larmes.

La famille renvoie par ailleurs à une note d'un vétérinaire de Mississauga faisant référence à une visite qui aurait eu lieu quelques jours seulement avant le retrait de Sammy. La note indique qu'il était en bonne santé et heureux.

Nous avons examiné l'historique du poids et avons trouvé que le poids hivernal de 49,7 kg était acceptable et avons suggéré un poids plus idéal de 46 kg à 47 kg, est-il écrit dans la note.

Retirer un chien est un dernier recours, selon l'organisme

Dans une déclaration écrite, NSD indique que Sammy a été vu par plus d'un vétérinaire.

D'autres vétérinaires ont traité le chien pour des problèmes orthopédiques liés à son obésité, indique l'organisme.

Nos pensées vont à la famille et aux enfants alors qu'ils traversent cette transition difficile. Heureusement, le chien d'assistance en question a commencé le long parcours pour retrouver un poids sain dans le cadre d'un régime d'exercices quotidiens et d'une nutrition adéquate, le soulageant des problèmes d'orthopédie exacerbés par son obésité.

La déclaration indique également qu'il y a eu seulement quelques cas au cours des 26 ans d'histoire de l'organisme où les familles n'ont pas été en mesure de s'occuper correctement de leur chien d'assistance et que la décision de retirer définitivement l'animal intervient en dernier recours.

Laura Kirby-McIntosh, ancienne présidente de la Coalition ontarienne de l'autisme, trouve l'histoire de cette famille choquante et dit n'avoir jamais entendu parler d'un cas similaire auparavant.

Laura Kirby-McIntosh devant un micro.
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Laura Kirby-McIntosh, ex-présidente de la Coalition ontarienne de l'autisme, insiste sur le lien unique qui se développe entre les chiens d'assistance et les enfants autistes.

Photo : Photo soumise par Laura Kirby-McIntosh

À première vue, cela semble vraiment, vraiment triste, considère-t-elle.

Les chiens d'assistance sont élevés et formés pour se tourner vers l'enfant afin que le lien soit incroyablement étroit.

Il existe une communication tacite entre le chien et l'enfant, car le chien est une créature sans jugement, continue-t-elle, notant que le chien fournit à la fois de la sécurité et un soutien émotionnel.

Bien que Laura Kirby-McIntosh reconnaisse qu'elle ne connaît pas tous les détails de cette affaire, elle dit avoir de l'empathie pour la famille et surtout pour l'enfant.

« La seule chose à laquelle je pourrais comparer [cette situation] serait de retirer un fauteuil roulant à une personne ayant un handicap physique. Ces chiens donnent aux enfants autistes plus de liberté et d'indépendance. »

— Une citation de  Laura Kirby-McIntosh, ex-présidente de la Coalition ontarienne pour l'autisme

Pour tenter de récupérer Sammy, les Portillo-Singh disent avoir fait de multiples propositions à National Service Dogs, dont une offre d'achat du chien, sans succès. Désormais, la famille considère déposer une plainte pour atteinte aux droits de la personne.

Avec les informations de Talia Ricci de CBC

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