Eric Stubbs veut rebâtir les ponts avec les différentes communautés

Eric Stubbs dit être bien accueilli par les différentes communautés d'Ottawa, et ce, même si certaines d'entre elles sont en désaccord avec des décisions déjà prises par le Service de police d'Ottawa.
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
S’exprimant pour la première fois depuis l’annonce en grande pompe de sa nomination, le chef de police d’Ottawa, Eric Stubbs, souhaite renouer les liens avec les communautés ethnoculturelles. Il est conscient que la confiance doit être rebâtie.
Pour gagner la confiance, la clé est de communiquer. On ne gagne pas la confiance d’autrui après une rencontre ou après un mois. Elle se gagne avec des actions. Tu dois écouter les autres. Pour moi, le travail de policier est très gratifiant quand tu réussis à gagner cette confiance
, explique celui qui est entré en poste il y a quelques jours.
Eric Stubbs est toujours affairé à se familiariser avec l’importante quantité de dossiers devant lui. Mais il est bien conscient que le lien de confiance entre la police d’Ottawa et les groupes ethnoculturels est brisé, tel que l’a établi une étude.
Un rapport, publié dans la dernière année, a également révélé que le Service de police d’Ottawa (SPO) utilise davantage la force à l’endroit des minorités visibles.
J’ai commencé à rencontrer des gens. Je constate qu’ils sont bien accueillants, très positifs et qu’ils veulent travailler avec la police, et ce, même s’ils n’ont pas toujours été d’accord avec ce que nous avons fait ou ce que nous n’avons pas fait
, répond celui qui a passé près de 30 ans au sein de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Il a d’ailleurs été questionné jeudi sur un important dossier qui a retenu l’attention au cours de sa carrière : la gestion du maintien de l’ordre dans le conflit opposant la communauté wet’suwet’en à Coastal GasLink, en Colombie-Britannique. Le dossier s’est échelonné sur quelques années, mais a retenu beaucoup d’attention à travers le pays, au début de l’année 2020.
En entrevue à CBC , le grand chef de l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, Stewart Phillip, a mentionné que l’embauche d’Eric Stubbs était, selon lui, un mauvais choix
pour la police d’Ottawa.
M. Stubbs a tenu à se défendre, mettant de l’avant l’ensemble de son parcours. Ça, c’est un dossier en particulier. Pour l’ensemble de ma carrière, j’ai très bien travaillé avec les communautés autochtones. J’ai géré plusieurs dossiers, et c’est ce que je vais amener ici.
Les priorités d'Eric Stubbs
Outre rebâtir les ponts avec les communautés ethnoculturelles, Eric Stubbs a déjà ciblé quelques priorités sur lesquelles travailler.
Comme bien des industries dans notre société, nous manquons de personnel. Nous venons d’accueillir 10 nouvelles recrues, 9 enquêteurs d’expérience et moi-même. Nous sommes encore en formation
, dit le nouveau chef, précisant au passage que le corps policier est très dynamique quant au recrutement.
M. Stubbs a également constaté dans l’ensemble du pays que les cas de santé mentale continuent d’occuper énormément les corps policiers. Le chef se dit très ouvert et souhaiter travailler avec les intervenants du milieu communautaire pour le bien de tous.
Plus nous travaillons avec eux, plus nous avons du temps pour répondre à la population. Les policiers ne sont pas des experts pour répondre à cela. Les intervenants du milieu communautaire peuvent mieux travailler et guider ces cas-là.
Ainsi, Eric Stubbs veut faire en sorte que son corps policier focalise plutôt ses énergies sur les nombreuses enquêtes à mener.
Il y a une hausse de crimes entourant la cryptomonnaie, les cybercrimes, la violence armée et la drogue. Tout ça fait en sorte que les policiers et les enquêteurs ont plus de travail. On doit les soutenir.
Les cours de français dès vendredi
Lors de sa nomination, le 21 octobre dernier, Eric Stubbs s’était majoritairement exprimé en anglais, tout en prenant soin de dire quelques mots en français. Il s’était toutefois engagé à s’améliorer.
Jeudi, le nouveau chef de police a voulu prouver son intention de passer rapidement de la parole aux actes : dès demain, il commencera ses premiers cours de français.
En toute confiance, il a d’ailleurs convié les journalistes à le retrouver dans six mois pour que ceux-ci puissent constater son amélioration.
Avec les informations de Nafi Alibert et de Frédéric Pepin