Les réservations non honorées au restaurant : « C’est un fléau! »

Le chef exécutif du Méchant Steak à Sherbrooke, Michael Cloutier Boutin, croit que les clients ne sont pas conscients des conséquences de ne pas respecter une réservation.
Photo : Radio-Canada / Yannick Cournoyer
À l'approche de la période des Fêtes, des restaurateurs voudraient pouvoir imposer des frais aux clients qui font une réservation dans leur commerce et qui ne l'honorent pas sans prévenir.
Les restaurateurs souhaiteraient prélever un montant sur la carte de crédit des clients fautifs en guise de dédommagement. On prévoit des cuisiniers en conséquence. On commande de la nourriture en conséquence et on refuse des gens à l'entrée. [...] Ce n'est carrément pas rentable
, explique la gérante du Tapageur, à Sherbrooke, Martine Bérubé. Elle raconte que, récemment, c'est un groupe de 15 personnes qui ne s'est pas présenté après avoir réservé au commerce de la rue King Ouest.

Martine Bérubé est gérante au Tapageur. Elle dénonce les clients qui n'honorent pas leur réservation sans avertir.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
À quelques pas de là, au restaurant Méchant Steak, le chef exécutif Michael Cloutier Boutin vit la même chose. Il croit que les clients ne sont pas conscients des conséquences d'une réservation non honorée. D'ailleurs les gens ne s'excusent généralement pas vraiment. Pour eux, c'est : ''On va être 8 au lieu de 10, on va être 5 au lieu de 12''. Je pense que les gens ne comprennent pas trop tant qu'ils ont la soirée qu'ils veulent, c'est correct.
C'est un fléau!
Les exemples de la sorte qui se multiplient ici, en Estrie, mais aussi ailleurs au Québec, pousse l'Association restauration Québec (ARQ) a faire pression sur le gouvernement pour qu'il rende légal le prélèvement d'un montant sur la carte de crédit des clients lors de leur réservation.
Ça va aider beaucoup et on va pouvoir enfin modifier le comportement du client. À moyen terme, on aura peut-être plus besoin de facturer des frais. Les gens vont avoir appris à annuler leur réservation, du moins à ne pas réserver à quatre établissements, en choisir un, et ne pas avertir les trois autres
, explique le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l'ARQ, Martin Vézina.
La Loi sur la protection du consommateur stipule cependant que la voie à emprunter pour un restaurateur lésé n’est pas de prélever un montant sur une carte de crédit, mais plutôt d’utiliser les tribunaux.
Tant les restaurateurs que les clients rencontrés au centre-ville de Sherbrooke semblent être en faveur de la demande de l'ARQ. Le chef Michael Cloutier Boutin émet toutefois un bémol. C'est de voir jusqu'où les gens sont prêts à payer. Est-ce que ça va refroidir certains clients à réserver?
se questionne-t-il.
Le cabinet du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, analyse la requête des restaurateurs. En attendant, le ministre invite les citoyens à être plus vigilants et à prendre le temps d'annuler leur réservation.
Avec les informations de Thomas Deshaies