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La « recette » Sudbury : comment une ville minière a réussi à nettoyer son air

En quatre décennies, cette ville du nord de l’Ontario a réussi à faire baisser ses émissions de dioxyde de soufre de plus de 90 %. Comment y est-elle arrivée?

Une rue résidentielle de Sudbury une journée d'automne. En arrière-plan, la cheminée d'une fonderie de nickel.

Sudbury est une ville du nord de l'Ontario qui compte quelque 166 000 habitants.

Photo : Radio-Canada / Maxime Beauchemin

En se baladant à Copper Cliff, il est facile d’oublier qu’on se trouve dans une ville minière. Le ciel est bleu, dégagé, la végétation est abondante et on entend même les oiseaux chanter dans les rues paisibles du quartier. Seul indice du passé minier de Sudbury : l’immense cheminée qui surplombe la ville, sans toutefois rejeter d’émissions.

La mère de David Courtemanche a grandi à Copper Cliff, au pied de cette cheminée surnommée « Superstack ». À l’époque, il était presque impossible d’oublier la présence de l’industrie minière.

Je me rappelle quand je jouais dans la rue avec mes amis et que, soudainement, on sentait le soufre brûler nos narines, se rappelle David, qui est plus tard devenu maire de Sudbury. Il n’y avait pas d’arbres du tout ici, ajoute-t-il. On jouait dans les roches.

David Courtemanche à l'extérieur, par une journée pluvieuse d'automne

David Courtemanche a été maire de Sudbury de 2003 à 2006. Adolescent, il a participé au reverdissement de sa ville en plantant des arbres.

Photo : Radio-Canada / Maxime Beauchemin

Marc Gascon a des souvenirs d’enfance semblables. C’était complètement normal d’avoir un goût de soufre dans la bouche. On mangeait des popsicles et on buvait de l’eau pour essayer de s’en débarrasser, dit-il en souriant.

Quand Marc est revenu à Sudbury après ses études postsecondaires, en 1994, le goût du soufre avait disparu… Et il ne l’a plus jamais ressenti.

Il y a une certaine fierté de voir que beaucoup de monde se sont impliqués pour faire une différence.

Une citation de Marc Gascon, résident de Sudbury et membre du Comité Air Pur Sudbury

Cette transformation a eu lieu en l’espace de quelques décennies. Dans les années 80, la ville émettait 2,5 millions de tonnes de dioxyde de soufre par année. Aujourd’hui, c’est l’une des villes en Ontario avec la meilleure qualité de l’air.

Collaborer au lieu de trouver un coupable

Dans les années 80, la réputation de cancre de Sudbury devient un problème qui dépasse les frontières canadiennes. Le Dr John Gunn, alors en début de carrière, est horrifié d’entendre sa ville être utilisée comme une unité de mesure de la pollution atmosphérique.

J’étais dans des conférences internationales et les autres scientifiques demandaient : "Combien de Sudbury votre pays produit-il?", se souvient le Dr Gunn, en rappelant que Sudbury était à une époque la plus grande source de pollution sulfurique sur la planète.

John Gunn à l'extérieur un jour d'automne

John Gunn est aujourd'hui titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les écosystèmes aquatiques stressés.

Photo : Radio-Canada / Maxime Beauchemin

Au même moment, les États-Unis accusent Sudbury d’être responsable de pluies acides sur son territoire. Face à cette pression de Washington, l’Ontario présente son programme Countdown Acid Rain qui force l’industrie à réduire ses émissions d'environ 60 % en une décennie.

Il fallait un gouvernement compétent qui allait faire appliquer des normes justes, mais fermes pour forcer l’industrie à innover, explique le Dr Gunn.

Pendant que l’industrie s’adapte aux nouvelles normes environnementales, les citoyens de Sudbury mettent aussi la main à la pâte. Accompagnés par des scientifiques comme John Gunn, ils plantent des milliers d’arbres et relâchent des truites dans les lacs autrefois pollués de leur ville.

On n’a pas perdu notre temps à essayer de trouver un coupable.

Une citation de Le Dr John Gunn, professeur à l'École des sciences naturelles de l'Université Laurentienne

Sudbury, Rouyn-Noranda… Même combat?

Pendant que Sudbury se targue d’avoir nettoyé son air, à environ 350 km de là, Rouyn-Noranda est aux prises avec des problèmes de qualité de l’air.

Les deux villes minières comptent toutes les deux des fonderies exploitées par la multinationale Glencore, une fonderie de cuivre au Québec et une fonderie de nickel en Ontario.

Une grande cheminée crache de la fumée au coucher du soleil.

Les vents ont tendance à diriger les fumées des cheminées de la fonderie vers l'Est.

Photo : Getty Images / F-Harmant

Pour l’expert Jean-Charles Cachon, la différence entre Sudbury et Rouyn-Noranda s’explique entre autres par les différentes réglementations provinciales.

Les normes ontariennes font partie des normes canadiennes les plus sévères, dit-il, en précisant néanmoins que chaque site industriel est unique et qu’il est difficile de comparer Sudbury et Rouyn-Noranda.

Dans un courriel, Glencore fait le même constat. L’une est une fonderie de nickel, l’autre de cuivre. Puisque les deux intrants sont fondamentalement différents, il est difficile de dresser davantage de comparaison entre ces deux sites, a indiqué le porte-parole Alexis Segal.

Pour David Courtemanche, l’exemple de Sudbury ne s’applique pas qu’aux villes minières.

Ce qui s’est passé ici montre qu’on peut y arriver, que ce n’est pas utopique de penser qu’on peut encore avoir un impact positif sur le climat avec du leadership collaboratif, conclut-il.

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