Avec la reprise de Kherson, Zelensky veut croire au « début de la fin de la guerre »

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé lundi aux médias à Kherson.
Photo : Associated Press / Bernat Armangue
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit envisager « le début de la fin de la guerre » après la reprise de Kherson, une ville d'importance majeure dans le sud de l'Ukraine où il a effectué lundi une visite surprise et dont les infrastructures cruciales ont été, selon lui, détruites par la Russie.
Au même moment, à l'issue d'un entretien en Indonésie avec son homologue américain Joe Biden à la veille d'un sommet du G20 boudé par Vladimir Poutine, le président chinois Xi Jinping, crédité jusqu'à présent d'un soutien tacite à la Russie, s'est dit très préoccupé
par le conflit en Ukraine.
Pour Volodymyr Zelensky, la prise de Kherson marque le début de la fin de la guerre
. La reprise des territoires occupés par la Russie est un chemin long et difficile
, le prix
à payer étant élevé
, mais il est impossible de tuer l'Ukraine
.
Dans son adresse quotidienne sur Internet, le président ukrainien a ensuite affirmé lundi soir qu'avant de quitter la ville les forces russes avaient détruit toutes les infrastructures cruciales
de Kherson. Absolument toutes les installations importantes de la ville et de la région sont minées.

Des habitants se rassemblent lors d'une visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kherson, dans le sud de l'Ukraine, le lundi 14 novembre 2022. Écoutez le récit de Lise Villeneuve.
Photo : Associated Press / Bernat Armangue
Le Kremlin a de son côté continué d'affirmer que la ville ukrainienne, officiellement annexée en septembre au même titre que la région éponyme, appartenait à la Russie, bien que ses troupes aient dû l'abandonner.
Le président américain Joe Biden a, lui, salué une victoire importante
, et même si, selon lui, l'évolution du conflit va ralentir à cause de l'hiver
, il s'est dit confiant dans le fait que la Russie ne va pas occuper
l'Ukraine, à l'issue de sa rencontre avec Xi Jinping en Indonésie.
Les deux hommes se sont accordés sur leur opposition
à tout recours à l'arme nucléaire en Ukraine, selon la Maison-Blanche. La Chine a toujours été du côté de la paix et continuera à encourager les pourparlers de paix
, a déclaré le dirigeant chinois.
Le patron de la CIA américaine William Burns rencontrait lundi de son côté son homologue russe Sergueï Narychkine à Ankara, en Turquie, où il l'a mis en garde contre toute attaque nucléaire.
À Kherson, main sur le coeur comme les autres responsables civils et militaires présents, Volodymyr Zelensky a chanté l'hymne national au moment du lever du drapeau ukrainien devant le bâtiment de l'administration régionale.
Selon des photos publiées sur Telegram, le dirigeant ukrainien s'est également promené en tenue militaire dans les rues de la ville, entouré de gardes du corps lourdement armés, sans toutefois porter lui-même de casque ni de gilet pare-balles.
De nombreux habitants, certains drapés dans les couleurs ukrainiennes, étaient massés sur son passage.
Gloire à l'Ukraine!
lui ont crié des habitants depuis le balcon d'un immeuble. Gloire aux héros!
ont répondu conformément à la tradition le chef de l'État et ceux qui l'accompagnaient, selon une vidéo abondamment relayée sur les réseaux sociaux.
Des mois difficiles à venir
Les forces russes ont été contraintes de se retirer la semaine dernière de Kherson après huit mois d'occupation, laissant le champ libre aux soldats ukrainiens pour entrer vendredi dans la ville.
Interrogé sur ce déplacement du président ukrainien à Kherson, le Kremlin a de son côté continué d'affirmer que la ville appartenait à la Russie.
Nous ne commenterons pas, vous savez bien que c'est le territoire de la Fédération de Russie
, a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Kherson avait été la première grande ville et le seul centre régional à tomber après l'invasion russe déclenchée fin février. Le retrait forcé des troupes de Moscou face à la pression de la contre-offensive ukrainienne a constitué un camouflet pour le président russe Vladimir Poutine, qui a ordonné la mobilisation de 300 000 réservistes en septembre.
Les mois à venir seront difficiles
pour l'Ukraine, a toutefois averti le secrétaire général de l'OTAN , Jens Stoltenberg lundi.
« Nous ne devons pas commettre l'erreur de sous-estimer la Russie [...] l'objectif de Poutine est de laisser l'Ukraine froide et sombre cet hiver. »
L'armée russe, en difficulté sur le terrain, a mené ces dernières semaines plusieurs vagues de frappes massives de missiles et de drones kamikazes sur les infrastructures civiles ukrainiennes, notamment sur les réseaux énergétiques.
Elle a affirmé lundi avoir conquis une localité de l'est de l'Ukraine, Pavlivka, un rare succès revendiqué par Moscou après des semaines de revers et de retraites.
Lundi, le service de renseignement ukrainien a annoncé avoir arrêté à Kherson un militaire russe déguisé en civil
, alors que les craintes sont fortes que des soldats de Moscou soient toujours présents dans la ville.

C'était ce matin à Kherson, dans le sud de l'Ukraine. Trois jours après la libération de la ville, le président Volodymyr Zelensky était sur sa grande place, au centre-ville, pour la levée officielle du drapeau ukrainien. Une visite surprise pour célébrer la reprise de cette ville stratégique, après neuf mois d'occupation et une contre-offensive qui se jouait depuis l’été. Tamara Alteresco est avec nous pour parler de ce revirement majeur et de ce que cela signifie pour la suite.
Interrogés par l'AFP
, des habitants de Kherson ont raconté les mois d'occupation russe et pour certains, leurs actes de résistance pour aider la contre-offensive ukrainienne.À New York, l'Assemblée générale des Nations unies a par ailleurs adopté lundi une résolution, non contraignante, en faveur d'un mécanisme de réparation par la Russie des destructions humaines et matérielles causées par son invasion de l'Ukraine.
Contrairement au Conseil de sécurité, où la Russie a un droit de veto, Moscou ne pouvait pas bloquer cette résolution portée par l'Ukraine, le Canada, les Pays-Bas et le Guatemala, et adoptée avec 94 voix, moins que les 143 recueillies pour condamner les annexions illégales
de la Russie le 12 octobre.