Une formation sur la traite de personnes à l’aéroport de Sault-Sainte-Marie

L'aéroport de Sault-Sainte-Marie est l'un des huit aéroports du pays à suivre cette formation.
Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont-Baron
Les travailleurs de l’aéroport de Sault-Sainte-Marie suivront bientôt une formation pour être en mesure de détecter des signes de la traite de personnes.
Pour cette initiative, l’aéroport s’est associé à l’organisation Not In My City, qui vise à sensibiliser la population à la traite de personnes afin de les encourager à participer à la lutte contre ce crime.
Un rapport du gouvernement fédéral (Nouvelle fenêtre) publié en 2021 démontre une augmentation des cas liés à la traite de personnes rapportés à la police entre 2009 et 2019. Les autorités policières ont recensé 511 cas de traite de personnes en 2019.
L’auteur-compositeur-interprète Paul Brandt, qui est le fondateur de Not In My City, explique que les aéroports sont une plaque tournante de la traite de personnes et qu’il faut donc y concentrer les efforts de sensibilisation.
M. Brandt souligne qu’il y a de nombreux signes que devraient connaître les employés des aéroports ainsi que le public pour être aux aguets et identifier des victimes.
Souvent, ça peut être une personne qui voyage sans documents, parce qu’ils sont contrôlés par quelqu’un d’autre. Ou peut-être qu’ils voyagent sans bagages du tout. Ou il semble y avoir une personne qui est avec eux tout le temps et qui ne les laisse pas répondre aux questions qu’on leur pose
, fait savoir M. Brandt.
Le président-directeur général de l’aéroport de Sault-Sainte-Marie, Terry Bos, dit espérer que la formation sera bénéfique pour les employés de première ligne.
Si nous pouvons faire en sorte que même une seule personne n’ait pas à subir la traite de personnes, ce sera un succès
, affirme-t-il.
D'ailleurs, des affiches sont déjà disponibles à divers endroits de l’aéroport pour informer le public de l’initiative.
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Il faut davantage s’attaquer aux facteurs causaux
Sept autres aéroports canadiens ont déjà souscrit à la formation de l'organisation Not In My City, et avec grand succès, selon Paul Brandt.
Elle ne fait toutefois pas l’unanimité.
Évidemment, mettre fin à la traite de personnes est un objectif louable, mais comment peut-on y arriver? C’est là qu’il y a des divergences d’opinions
, note l’avocate Naomi Sayers, qui habite à Sault-Sainte-Marie et qui travaille de près avec des victimes de violences sexuelles.
Elle craint que le programme ne mène au profilage racial
de voyageuses autochtones, d’autant plus qu’elles sont pressenties plus vulnérables à la traite de personnes par les autorités policières.
Il y a beaucoup de femmes autochtones qui se servent de l’aéroport pour des voyages vers Toronto, qui voyagent seules parce qu’elles vont parfois à la rencontre de membres de leurs familles qui vivent dans une autre ville. Ce sont là des marqueurs qui pourraient faire penser à la traite de personnes, [...] donc elles vont subir de la discrimination. Le programme peut être bon, mais son résultat ne sera peut-être pas celui qu’on cherche
, fait savoir Mme Sayers.
« Il faut davantage s’attaquer aux facteurs causaux de la traite de personnes, comme le travail et le logement précaires ainsi que la pauvreté. »
Avec des informations de CBC News